Le mercredi 5 juin, Thotis était en direct de la grande finale du concours national de vulgarisation scientifique « Ma thèse en 180 secondes », édition 2024, organisée au sein du prestigieux Opéra de Nice. Nous avons, pour l’occasion, rencontré deux doctorants avant le concours et recueilli le témoignage de la grande gagnante, Wendy Le Mouëllic. Retour sur un spectacle de science et d’éloquence unique, co-organisé par France Universités et le CNRS. Par Valentine Dunyach
La grande finale du concours national « Ma Thèse en 180 secondes » 2024 s’est déroulée au sein du prestigieux Opéra de Nice, ce mercredi 5 juin 2024. Co-organisé par France Universités et le CNRS en partenariat avec le soutien de l’Université Côte d’Azur, cet événement avait ainsi pour objectif de mettre à l’honneur les doctorants français et leurs sujets de thèse. Véritable spectacle, l’événement réunissait 16 finalistes issus d’universités de toute la France. En l’espace de 180 secondes seulement -ou 3 minutes ‘chrono’-, les doctorants ont ainsi relevé le défi de présenter sur scène, en français et de façon vulgarisée, claire et concise, l’objet de leur recherche. L’objectif ultime de cet exercice étant pour les doctorants de convaincre un auditoire diversifié, avec éloquence, et de rendre le résumé de leur travail attractif. Afin de promouvoir la recherche pour le plus grand nombre, la soirée était retransmise en direct sur YouTube. Animée par le journaliste Daniel Fiévet et commentée sur Twitch par le game designer FibreTigre, l’événement est d’ailleurs arrivé en tête des visionnages de la soirée sur Twitch. Inspiré du concours « Three minute thesis » – (3MT), conçu à l’Université du Queensland en Australie, le concept de ce concours a été repris en 2012 au Québec par l’Acfas -Association francophone pour le savoir-, qui a étendu ce projet à l’ensemble de la francophonie. Depuis la première édition en 2018, le concours national version française a vu défiler une centaine de candidats.
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Wendy Le Mouëllic, représentante de l’Université de Toulouse, a remporté le premier prix du jury de la finale nationale 2024 de « MT180 », incluant une récompense de 3 000 euros. Elle présentait ce soir-là son sujet de thèse, dont l’intitulé était : « Caractérisation des voies d’acquisition du soufre et de la biosynthèse de cystéine de Mycobacterium tuberculosis pendant l’infection ». La doctorante de 27 ans s’est ainsi démarquée, avec éloquence et humour, auprès du jury composé de chercheurs, journalistes, représentants de France Universités et du CNRS. Surprise à l’annonce du résultat, elle récupère son prix et plaisante sur scène, déclarant : « Je n’avais préparé que 3 minutes de de discours pour le concours… » Thotis a recueilli sa réaction, à l’issue du verdict : « Je me suis intéressée au concours grâce à une doctorante de mon centre de recherche qui avait été finaliste lors de l’édition précédente ; cela m’a inspiré. » Si Wendy confie n’avoir jamais pratiqué le théâtre, elle explique maîtriser l’exercice de la prise de parole en public, grâce à différentes expériences : « Au sein de l’Université de Toulouse, nous sommes encouragés à pratiquer la vulgarisation scientifique au travers d’ateliers, qui ont beaucoup de succès auprès des chercheurs. D’ailleurs, nous sommes rodés à l’exercice, pour tout type de projets -La Nuit des Chercheurs, Le Science Comedy Show (…) et pas seulement pour participer à des concours d’éloquence. ». Elle ajoute : « Pour ma part, j’ai déjà eu l’habitude de m’adresser à des classes de licences, en tant qu’enseignante. ». Qualifiée pour la grande finale internationale, Wendy Le Mouëllic représentera donc la France le 21 novembre prochain, à Abidjan. Remettant le premier prix du jury aux côtés du président de France Universités, Alain Schuhl, Directeur Général Délégué à la Science du CNRS, a salué l’excellent niveau des 16 finalistes de ce concours. Il a également tenu à rappeler l’importance de communiquer davantage les travaux de recherche dans leur ensemble : “Les voix éloquentes de ces doctorants sont précieuses et permettent de valoriser une large diversité de sujets de recherche.” Il a également notifié la difficulté de l’exercice, qui ne correspond pas à tous les chercheurs ou apprentis-chercheurs : “Tous les doctorants-chercheurs brillants ne sont pas aussi doués pour évoquer les sujets techniques sur lesquels ils travaillent. Il est pourtant tout aussi important de les mettre en lumière.”
Il complète : « Pour le CNRS, il est capital de mettre la recherche fondamentale au service de la société. Cette mission se concrétise notamment par des actions comme « Ma thèse en 180 secondes » qui contribue à faire connaitre des travaux de recherche au-delà de la communauté scientifique ». « La médiation scientifique est en effet primordiale pour freiner l’émergence de vérités alternatives et sensibiliser les nouvelles générations à l’intérêt des métiers scientifiques. ».
Au-delà du prix du jury, sésame permettant l’accès à la finale internationale qui se tiendra le 21 novembre prochain à Abidjan, 4 autres prix ont ainsi été remis à l’issue de cette finale. Les 2e et 3e prix du jury, ainsi que le prix du public et celui des lycées, ont été décernés à : – Le Deuxième prix du jury : Mélyne Baudin Marie (Nantes Université), pour sa thèse « Synthèses d’Inhibiteurs Enzymatiques Multivalents de Sialidases pour le traitement des Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) ». – Le Troisième prix du jury : Elie Kadoche (Institut Polytechnique de Paris), pour sa thèse « Développement d’algorithmes de contrôle basés sur de l’apprentissage par renforcement multi-agents pour l’optimisation de parcs éoliens à grande échelle ». – Le Prix du public : Aïcha Loïal (Université des Antilles), pour sa thèse « Compréhension de la plasticité comportementale des populations d’Aedes aegypti pour améliorer la surveillance et la lutte antivectorielle ». – Le Prix des lycées : Seyta Ley-Ngardigal (Université de Bordeaux), pour sa thèse « Mécanismes moléculaires de la toxicité d’une surcharge glycémique sur la peau ».
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À l’occasion de cette sixième édition du concours doctoral « Ma thèse en 180 secondes », Thotis a échangé avec deux finalistes, avant leur entrée en scène. Entre le filage, l’orchestre et la préparation personnelle, le stress pré-représentation était palpable chez certains candidats. Si Noëlla Grossi et Elie Kadoche nous confiaient être fin prêts à défendre leur ‘pitch’ de projet de thèse vulgarisé au public, ils ont aussi partagé la raison de leur inscription à ce concours. Originaire d’Île-de-France, Noëlla fait sa thèse à l’Université d’Évry Paris-Saclay, au sein de l’Institut des cellules Souches pour le Traitement et l’Etude des maladies Monogéniques. Noëlla travaille sur une maladie rare -une myopathie des ceintures-, atteignant les muscles rattachés aux ceintures ; à savoir les épaules et le bassin. Cette maladie génétique ne se déclare pourtant pas dès la naissance. Les premiers symptômes apparaissent en effet autour de l’âge de 18 ans. Son hypothèse est la suivante : il existe un phénomène de compensation dans l’organisme, avant l’apparition des premiers symptômes.
« Ce choix de thèse était évident pour moi, étant moi-même atteinte de cette maladie. En revanche, pouvoir travailler là-dessus était une vraie chance, car très peu de chercheurs ont l’opportunité d’effectuer des recherches sur ce sujet en France. Mon directeur de thèse a construit mon projet de thèse à mes côtés. », confie la doctorante. Elle poursuit : « Dans le cadre de MT180, ma plus grande difficulté était de me mettre à nue devant tout le monde. Dans le cadre de ma thèse, j’ai davantage ma casquette de chercheuse et moins celle de patiente. Pour MT180, j’ai vraiment souhaité être sincère et dévoiler vraiment la personne que je suis. Pour moi, c’était un défi de parler sur scène, à travers mon propre texte. Je me suis rendue compte de la technicité de l’exercice. Je me suis aussi prise de passion pour la prise de parole en public ! ».
Elie Kadoche, doctorant à l’Institut Polytechnique de Paris, confiant avant son passage sur la scène de l’Opéra de Nice, a également partagé la raison de son inscription au concours à Thotis. Il réalise actuellement une thèse CIFRE de l’Institut Polytechnique de Paris, portant sur « Le Développement d’algorithmes de contrôle basés sur de l’apprentissage par renforcement multi-agents pour l’optimisation de parcs éoliens à grande échelle ».
Il partage : « MT180 est une super aventure qui nous permet de travailler sur d’autres compétences. On est tous ici pour une raison ; pour moi, il s’agit de partager mon sujet scientifique au grand public. Et c’est l’occasion parfaite pour le faire. La technologie formidable sur laquelle je travaille, qui a notamment battu l’homme au jeu de Go, m’a bouleversé. J’étais à l’association de comédie musicale et donc familier de la prise de parole en public, exercice que j’adore. Au fil de cette formidable aventure, je me suis également fait des amis formidables ! ».
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À travers des sujets de recherches pluridisciplinaires : sciences exactes, sciences humaines et sociales, l’une des ambitions de ce concours est de faire connaître l’étendu de la recherche en France. Avant le lancement officiel de la finale de MT180, nous avons échangé avec Guillaume Gellé, président de France Universités « Ma Thèse en 180 secondes » 2024. Nous l’avons questionné sur la genèse de ce concours et l’intérêt de le présenter au grand public :
« Né pour la première fois en Australie, ce concours a rapidement rencontré un engouement auprès de nos doctorantes et de nos doctorants. Nous avions besoin de faire connaître les travaux de nos doctorants, qui sont à l’origine d’une grande partie des travaux de recherche en France. Ce concours permet avant tout de mettre en lumière des sujets de recherche divers, investis par les doctorants français. », détaille Guillaume Gellé, président de France Universités.
« Ce soir, les finalistes, brillants, venus de France métropolitaine et d’Outre-Mer font partie des meilleurs de leurs disciplines respectives. Cet exercice d’éloquence possède aussi des vertus pédagogiques pour eux, car ils seront amenés par la suite à enseigner et transmettre leurs résultats de recherche.», explique le président de France Universités. « Dans la période post-covid, un fossé s’est creusé entre les chercheurs et le grand public. La démarche scientifique n’est pas infaillible et les chercheurs peuvent parfois commettre des erreurs, même s’ils suivent une démarche scientifique. Enfin, il est important de faire comprendre aux acteurs économiques les qualités uniques que possèdent les doctorants. » Et de conclure : « Les doctorants ont des compétences que les autres grands diplômés n’ont pas. Pensez à recruter des doctorants, vous ne le regretterez pas ! ».
« Ma thèse en 180 secondes » édition 2024 à Nice : retour sur une finale exceptionnelle
Wendy Le Mouëllic est la grande gagnante de l’édition 2024 du concours MT180 !
4 autres prix décernés à l’occasion de la finale de MT180 grande finale
Thotis est venu à la rencontre des finalistes, avant leur passage sur scène
Une mise en lumière de la diversité des sujets de recherche investis par les doctorants français
« Pensez à recruter des doctorants, vous ne le regretterez pas ! »