Emmanuel Duflos, président de la CDEFI et directeur de l’EPF Engineering school, présentait il y a quelques jours, à l’occasion d’une conférence de presse, les grands sujets liés aux écoles d’ingénieurs en 2024. Parmi les grands sujets à l’ordre du jour : le nouveau label de l’enseignement supérieur privé, le budget alloué aux écoles d’ingénieurs, la recherche, l’attractivité internationale et la féminisation dans les métiers d’ingénieurs. Par Valentine Dunyach
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Lors d’une conférence de presse tenue le 7 mars 2024, la CDEFI a détaillé les contours du label qualité qu’elle souhaiterait voir éclore. Prévu par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, il aura pour objectif de réguler toutes les formations sans reconnaissance de grade ni de visa. Face au développement de structures diversifiées privées non reconnues dans le monde de l’enseignement supérieur (+60 % de structures privées ces dernières années selon la CDEFI), les écoles d’ingénieurs souhaitent partager d’une même voix leur ambition, pour le nouveau label qualité de l’ESR. Pour Dominique Baillargeat, Directrice générale de 3iL Ingénieurs, directrice générale du Groupe 3iL et Vice-présidente de la CDEFI : « La lisibilité des formations devient compliquée pour les familles. Il faut clarifier les appellations auprès des étudiants et de leurs familles ». Elle dénonce par ailleurs « un manque de communication dans le secondaire ». En effet, selon elle, l’une des difficultés inhérentes au sujet de l’orientation réside dans le fait qu’un grand nombre de prescripteurs -à savoir les professeurs en lycées- ne maîtrisent pas ou peu le sujet et induisent, malgré eux, la survie de ce système. La CDEFI, inquiète de voir apparaître de plus en plus de nouvelles écoles privées lucratives causant du tort aux familles, tend à clarifier ses attentes auprès du ministère en matière de label pour l’ESR. Dominique Baillargeat rappelle que les diplômes et les titres reconnus et valorisés par la CDEFI se divisent en deux catégories : « Les visas et les grades sont synonymes de qualité, car basés sur l’évaluation académique et la recherche. Ils garantissent l’accès à un diplôme reconnu par l’État. Ils ont notamment été évalués et reconnus par le HCERES et CTI, les deux seules agences accréditées. », souligne-t-elle. Pour ce nouveau label, la CDEFI invite également le ministère à distinguer les titres RNCP certifiés par France Compétences aux autres titres, non certifiés par le ministère du travail. Dominique Baillargeat différencie également que les titres et diplômes, certifications qualitatives, ne correspondent pas aux mêmes types de métiers. Elle synthétise la pensée de la CDEFI : « Oui le label est une bonne chose. Il faut clarifier toutes ces appellations. Aujourd’hui, la multiplication des appellations complexifie la signification et la compréhension par les familles. » Aux yeux de la CDEFI, le nouveau label du MESR devra reconnaître les formations labellisées : – Par leur présence sur Parcoursup ; en indiquant le grade visé ; – En garantissant la viabilité des écoles, une éthique de la qualité de la formation et de son environnement – notamment à travers la présence de locaux véritables ; – Ces formations labellisées doivent pouvoir accueillir des boursiers CROUS et avoir une politique sociale associée ; – Accueillir les étudiants internationaux, via les campus France.
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Alors que le budget des écoles d’ingénieurs était avorté de 900 millions d’euros en février dernier, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche leur demandait d’économiser 588 millions d’euros d’économies, soir 2 % du budget total. La CDEFI indique « des réserves de précaution seront notamment annulées ». La CDEFI souligne par ailleurs que les moyens stagnent, sans profit ni perte ; les moyens étant maintenus pour la recherche et les projets immobiliers reportés, en partie. Selon Cécile Delolme, Directrice générale de l’ENTPE et Vice-présidente de la CDEFI, ces efforts n’auront pas la même incidence sur tous les établissements et certaines écoles se trouveront plus en difficulté. Parmi les solutions trouvées par les établissements, on relève la création de chaires, la hausse d’appels à projets ou encore une diversification des solutions.
La CDEFI alertait il y a peu le grand public sur la baisse d’attractivité du doctorat en école d’ingénieurs. « Un doctorat ingénieur n’est pas un ‘super-ingénieur’, il développe des compétences différentes de celles développées par un ingénieur », explique Laure Morel, Vice-présidente de la CDEFI et directrice de l’ENSGSI. Elle a ainsi profité de cette prise de parole pour rappeler les distinctions existant entre un doctorat et un diplôme d’ingénieurs.
« Nous voulons affirmer que le doctorat apporte des compétences différentes d’un diplôme d’ingénieurs. Nous avons des difficultés à promouvoir les compétences acquises par les professeurs doctorants », détaille Laure Morel.
S’adapter à des circonstances encore inconnues, développer une culture de l’analyse et du rebond avec les résultats négatifs, la recherche de matières de façon approfondie, gagner en maturité professionnelle, disposer de la faculté exceptionnelle à mobiliser les acteurs les plus pertinents… Cette mise à jour permettra, selon elle, de valoriser les objectifs du doctorat en école d’ingénieurs et d’éviter les confusions des recruteurs français comme internationaux. La CDEFI demande ainsi une évaluation doctorale, pour un diplôme participant à la souveraineté nationale en matière de recherche ; même si elle convient que « disposer d’une fiche générique RNCP pour le doctorat ingénieur ne semble pas adapté ».
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« La recherche en écoles d’ingénieurs dispose d’une reconnaissance faible, voire absente de la part du ministère », constate Emmanuel Duflos. Il ajoute : « Les écoles sont de plus en plus exclues des grandes questions et vues comme des « agences de moyens, qui peuvent simplement piloter la recherche ». Afin de porter l’accent sur la recherche en 2024, la CDEFI a annoncé la création d’un conseil stratégique de la recherche en janvier dernier, présidé par Jacques Fayolle. Cette structure aura un rôle politique et participera à améliorer la prise en compte de la recherche dans l’écosystème de l’Enseignement supérieur et de la recherche. La CDEFI annonce également la création d’une commission formation recherche et innovation. Elle aura vocation à faire du partage d’information sur la recherche en écoles d’ingénieurs, par le biais de groupes de travaux thématiques. Les membres de cette structure agira en proximité avec les différents acteurs pour faire reconnaitre cette activité de recherche. Emmanuel Duflos rappelle l’influence de la recherche sur les questions d’innovation : « Les écoles d’ingénieurs sont au coeur de la recherche académique. Elles ont un rôle clef dans les questions de transfert de technologie et d’innovation et sont pleinement impliquées dans les recherches d’ingénierie système. », détaille Emmanuel Duflos.
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Comme elle l’avait déjà signifié, la CDEFI rappelle son positionnement concernant la loi immigration votée par le sénat : « cette loi ralentit fortement l’attractivité des étudiants internationaux », partage Emmanuel Duflos. Déçues dans un premier temps, les écoles d’ingénieurs ont été soulagées lors des déclarations destinées aux étudiants internationaux. Elle demande publiquement deux mesures concrètes en matière de formation, à savoir : l’autonomie des écoles d’ingénieurs pour l’accueil des internationaux et la mise en place de quotas par pays d’étudiants et de chercheurs. Constatant les déséquilibres en termes d’attractivité internationale entre certains établissements du supérieur (business schools, universités françaises) et les écoles d’ingénieurs en France, la CDEFI souhaite réagir et renforcer à la fois le statut d’ingénieur français et celui d’ingénieur européen. Emmanuel Duflos, président de la CDEFI, rappelle sa positon au sujet du recrutement des élèves-ingénieurs : « ma position reste la même ; aller chercher les étudiants où qu’ils soient. S’ils ne viennent pas chez nous, ils iront ailleurs. ». Par ailleurs, le président de la CDEFI évoque la persistance des clichés de genre, dans l’orientation des filles en écoles d’ingénieurs. Pour preuve, de nombreuses étudiantes s’auto-censurent avant même de choisir une option scientifique au lycée. Afin de faire évoluer l’attractivité pour les étudiants et chercheurs internationaux, le président de la CDEFI s’intéresse aux alliances possibles en Europe. Définir ce qu’est un ingénieur à la française et remettre au centre l’excellence française en matière de formation d’ingénieurs permettrait également, selon lui, de se positionner différemment au niveau européen. Par ailleurs, ils annonce être favorable à un diplôme d’ingénieur européen ; incluant la facilitation de mobilité en tant qu’étudiant et en tant que professionnel, dans le bassin européen. Néanmoins, la CDEFI reconnaît certains freins à son attractivité internationale. En effet, la plupart des grandes écoles d’ingénieurs françaises répondent à des contraintes et exigences aux REO (exigences de référencement niveau B2 en Français). Or, si davantage de formations devaient s’ouvrir à l’international, les étudiants ne devraient pas seulement disposer d’un bon niveau en anglais, mais aussi en français.
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