L’Observatoire des Nouvelles Expériences du Travail (NEXT) d’Obea, en partenariat avec Audencia, grande école de management, organisait ce jeudi 6 mars une table ronde exceptionnelle, dans le cadre de la sortie de l’ouvrage collectif Explorer la flexibilité des nouveaux modes d’organisation du travail, en présence des coordinateurs du livre Sébastien Tran, Directeur Général d’Audencia et Akim Berkani, Responsable de développement chez Obea.
Par Valentine Dunyach
Sébastien Tran (Audencia), Akim Berkani (Obea) et deux DRH débattent autour du thème de la flexibilité au travail
Cette conférence, organisée dans les locaux d’Obea à Paris, a été l’occasion pour Akim Berkani, PhD et Responsable de développement chez Obea, ainsi que Sébastien Tran, PhD et Directeur Général d’Audencia, de présenter leur ouvrage collectif, né d’une ambition commune : “couvrir la partie immergée de l’iceberg autour de la flexibilité au travail”. Pour ce faire, ils ont rassemblé un panel d’experts, de psychologues, d’enseignants-chercheurs, d’acteurs du monde de l’entreprise, ainsi que des responsables des ressources humaines, enrichissant le tout de témoignages, de données et de statistiques.
Emmanuel Lebuchoux, DRH d’Armatis, et Corine Margot, DRH du Groupe Le Duff, ont ensuite été invités à débattre dans une table ronde autour du thème “Flexibilité, engagement et performance : quels équilibres pour les organisations de demain ?”. L’occasion pour eux de partager leurs retours d’expérience et bonnes pratiques pour réussir à allier flexibilité et engagement, tout en visant une performance durable.
Au fil des échanges, ils sont revenus sur des questions d’actualité : comment maximiser la performance dans un environnement flexible ? Quels leviers d’engagement sont les plus adaptés aux nouvelles formes de travail ? Comment manager efficacement à distance ? Autant d’interrogations et de défis auxquels sont confrontées les organisations pour naviguer dans un monde du travail en pleine transformation.
La flexibilité au travail : une définition encore floue
La flexibilité au travail est un concept difficile à cerner. Elle englobe des éléments tels que le télétravail (qui s’est véritablement développé pendant la période du Covid avant un retour en arrière), l’aménagement du temps de travail, les méthodes de management et RH adaptées, ainsi que l’utilisation des outils de travail.
La flexibilité est aujourd’hui un enjeu central tant pour les entreprises que pour les collaborateurs. Pourtant, elle demeure mal comprise au sein des Directions des Ressources Humaines, et ses définitions diffèrent d’une organisation à l’autre.
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Les missions de la fiche de poste déterminantes dans le choix d’un emploi
L’ouvrage Explorer la flexibilité des nouveaux modes d’organisation du travail, conçu pour les managers, DRH et académiques, offre une analyse approfondie de la flexibilité dans le monde du travail, autour de trois axes principaux, indique Sébastien Tran, directeur général d’Audencia : la flexibilité, nouvelle norme des organisations, le défi des compétences et des évolutions culturelles et la mise en œuvre de la flexibilité dans les organisations.
Grâce à une enquête menée autour de ce sujet, auprès d’un panel de jeunes diplômés de grandes écoles françaises, Sébastien Tran, Directeur général d’Audencia, tire certaines conclusions. Pour lui, un chiffre ressort spécifiquement de cette étude : dans le choix d’un travail, les missions de la fiche de poste se trouvent déterminantes pour 77 % des répondants. Un élément intéressant et facteur d’engagement, lorsque l’on sait que seuls 15 % des jeunes ayant fait le choix d’une fiche de poste les satisfaisant ont changé de travail rapidement, sur une moyenne de 38% chez les jeunes diplômés.
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Retenir les talents et créer de l’engagement auprès des profils de jeunes diplômés : un défi
Sébastien Tran, directeur général d’Audencia, résume les objectifs, selon lui, d’un bon management : “Notre objectif est de concilier la flexibilité des collaborateurs avec des attentes différenciées avec l’engagement.”
Réorganisation du temps de travail, télétravail… Les leviers d’engagement pour retenir les talents
La DRH du groupe LeDuff explique qu’elle teste, au sein de son entreprise, depuis un mois, les résultats de la semaine optionnelle de 4 jours, contre une diminution des RTT : “On a réfléchi à l’organisation du temps de travail”.
Les premières conclusions de cette tentative sont les suivantes : les cadres ne peuvent absorber cette réorganisation du temps de travail. Pour des populations avec des métiers relativement stables et plus réguliers, elle constate que : “ce système fonctionne plutôt bien.”
Le bien-être au travail : des infrastructures permettent de bien vivre sa semaine de travail.
“L’engagement, c’est aussi l’adhésion à la culture de l’entreprise, le sens, les moyens, se sentir exister dans un grand groupe. Nous avons des engagements d’entreprise clefs comme la RSE”, expliquent les deux DRH.
“Chez Armatis, nous constatons par ailleurs que les jeunes ont aussi envie d’accompagner la montée en compétences dans le quotidien, notamment avec des sujets comme l’IA.”
Les accords d’entreprise et l’égalité autour du télétravail : un sujet très français ?
Comme l’a souligné Corine Margot, la perception du télétravail en France reste marquée par des idées reçues : « J’ai souvent entendu dire que le télétravail ressemblait à des vacances ; j’ai passé plusieurs années à contredire cette idée », explique-t-elle. Une croyance qui, selon elle, perdure encore aujourd’hui.
Pour Emmanuel Lebuchoux, DRH d’Armatis, le constat est clair : « Ceux qui ont été longtemps en télétravail ont du mal à revenir au bureau. » Il note également que l’argument des jours de télétravail offerts est devenu un véritable levier pour attirer des profils en quête de compléments de salaire.
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Des approches qui varient selon les cultures
Les pratiques varient selon les pays. Par exemple, au Canada, aux États-Unis, au Portugal ou en Allemagne, « le télétravail se gère souvent directement entre le manager et le salarié, sans nécessairement d’accords collectifs », précise Corine Margot. “En France, la situation est bien différente, où des règles plus formalisées existent autour de cette pratique et si ce n’est pas le cas, cela peut créer des rivalités entre les salariés.”
Comment manager en télétravail ?
La clé du succès, selon Emmanuel Lebuchoux, réside dans la formation des managers : « Former le management de proximité est essentiel pour définir ce qui est acceptable dans un emploi du temps flexible. » Il insiste sur le fait que l’attention portée aux collaborateurs, particulièrement ceux qui en avaient besoin, a eu un impact positif sur leur engagement et leur motivation.
Bien que confrontés à des enjeux différents en raison de leurs secteurs respectifs, les deux DRH présents sur scène se sont accordés sur l’importance d’adapter le télétravail en fonction des attentes de chaque salarié, lorsque cela est possible, au cas par cas.
La flexibilité, ce n’est pas seulement le télétravail
« La question de l’équité dans la flexibilité est cruciale », soutient Emmanuel Lebuchoux. Il précise que « les entreprises ne recherchent pas toutes le même type de flexibilité ». L’enjeu est donc de piloter efficacement la donnée et de répondre aux attentes des collaborateurs clés. Enfin, la flexibilité ne se limite pas au télétravail : “faire varier les missions d’un collaborateur fait également partie des attentes modernes en matière de flexibilité au travail.”, ajoute Sébastien Tran.
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Les grands défis du milieu des Ressources Humaines
En conclusion, la flexibilité au travail est un enjeu clé pour les entreprises et les collaborateurs dans un monde en constante évolution. Chaque organisation doit l’adapter en fonction de ses spécificités, car il n’existe pas de solution universelle. Bien gérée, la flexibilité peut être un levier pour attirer et retenir les talents, mais elle doit être équilibrée avec l’équité, l’engagement et la performance. Le défi réside dans la capacité des entreprises à concilier ces nouveaux modes de travail avec leur culture et les attentes des collaborateurs, afin de maintenir une performance durable à long terme.
Crédit : Valentine Dunyach