Parcoursup, la plateforme d’admission dans l’enseignement supérieur, est souvent pointée du doigt comme étant responsable de tous les maux de notre système éducatif. La question de sa suppression revient fréquemment dans le débat public mais cette proposition simpliste élude des problèmes plus structurels.

Par Clément Moussy et Thibaud Arnoult, co-fondateurs de Thotis.

Faut-il supprimer Parcoursup ? Un débat qui cache de plus grands enjeux

Parcoursup reste imparfait malgré des améliorations au fil des années permettant une information plus lisible et intuitive de l’offre de formations. Des problèmes de fond persistent, notamment la pertinence du classement des candidats. Classer, accepter ou refuser de manière équitable des élèves ayant des spécialités différentes, dans des lycées où le niveau varie est illusoire. 

Cependant, il est injuste de faire de Parcoursup le bouc émissaire de tous les problèmes de l’enseignement supérieur. Une plateforme sera toujours nécessaire pour mettre en relation les 900 000 jeunes qui s’orientent chaque année avec les 24 000 formations post-bac. Les véritables enjeux se situent ailleurs et méritent une attention plus particulière.

  1. La faible considération pour l’orientation et les inégalités de territoire

L’un des problèmes majeurs réside dans la question de l’orientation. Les jeunes peinent à se projeter dans l’avenir et manquent d’un accompagnement personnalisé. L’information sur les filières et les métiers est souvent poussiéreuse, approximative, voire caricaturale. Ces biais dans l’accès à l’information sont d’autant plus dommageables qu’ils favorisent l’autocensure et la reproduction sociale. 

Les inégalités territoriales jouent également un rôle crucial : dans les zones rurales ou moins favorisées, l’accès à une information sur l’orientation de qualité et exhaustive est souvent limité, renforçant les disparités entre les étudiants. Seuls les parents les plus aisés peuvent offrir à leurs enfants des coachs privés ou des séances d’orientation coûteuses. De plus, tous les jeunes n’ont pas la chance de bénéficier d’un réseau familial ou amical capable de leur fournir une connaissance fine des métiers et des parcours professionnels. 

Thotis s’efforce de combler ce fossé en offrant un accompagnement gratuit permettant aux jeunes de mieux comprendre les différentes formations et de faire des choix éclairés. À travers des témoignages d’étudiants et des immersions dans les écoles, nous créons des contenus modernes sur Youtube, Instagram, Tiktok et sur notre site thotismedia.com.

Cependant, nous reconnaissons que notre action, malgré son impact concret auprès des jeunes, ne peut pas être le seul remède. Il est essentiel de réintroduire des professionnels de l’orientation dans les lycées, en déchargeant le professeur principal et/ou le CPE de cette responsabilité. Organiser des rendez-vous personnalisés et créer des synergies entre les missions locales, les centres d’information et toutes les autres initiatives de terrain est crucial. Cette complémentarité entre les médias d’orientation tels que Thotis, les professionnels de terrain et les journées portes ouvertes est indispensable pour assurer une orientation optimale des jeunes, quel que soit leur profil.

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Parcoursup 2024 : tout savoir, tout comprendre

  1. La complexité de l’offre de formation

Le paysage des formations de l’enseignement supérieur français est trop complexe. Il existe un nombre excessif de formations (CUPGE, CPGE, CPES, Bachelor, BBA, BUT, Licence, Double Licence, PGE, CMI, PASS, LAS, Mastère, Master, etc.), ainsi qu’une multitude de titres, de sigles et de labels (Titre RNCP, Visa, Grade, Qualiopi, DNL…) qui demeurent incompréhensibles pour les jeunes. Les étudiants et leurs familles se retrouvent souvent perdus face à cette jungle d’acronymes et de certifications, rendant le choix d’une formation d’autant plus anxiogène.

Cette complexité nuit non seulement à la lisibilité de l’offre de formation, mais aussi à la qualité de l’orientation. Il est nécessaire de simplifier cette offre en distinguant clairement deux parcours :

– un cycle professionnalisant de trois ans, avec des enseignements pratiques, des stages et la possibilité de l’alternance ;

– un cycle généraliste, plus hybride et plus théorique débouchant sur une poursuite d’études. La professionnalisation débutera seulement en Master pour ce cycle.

Cette simplification rendrait le choix des candidats plus clair et l’évaluation des formations plus transparente. Une uniformisation des noms sera nécessaire (quel que soit le statut de l’établissement), en mettant l’accent sur la qualité de l’enseignement, des infrastructures et de l’insertion professionnelle, reléguant le modèle de l’établissement au second plan (privé VS. public). Cette uniformisation devra nécessairement être conjuguée à un cahier de charges commun pour les établissements concernant des critères de qualité communs, précis et contrôlés par une autorité étatique. 

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  1. Une uniformisation des frais de scolarité

L’injustice des frais de scolarité dans l’enseignement supérieur est évidente pour les jeunes. L’État prend en charge les frais de scolarité dans les établissements publics, tandis que d’autres étudiants doivent s’endetter lourdement pour financer leurs études dans certaines écoles privées. Le cas des étudiants en kinésithérapie (Instituts de formation en masso-kinésithérapie) en est un bel exemple : selon l’affectation et l’établissement sur le territoire, les frais de scolarité peuvent varier de la quasi-gratuité à plus de 10 000 euros par an. 

Il est donc urgent de mettre en place un système de progressivité des frais selon le revenu des parents, appliqué uniformément à tous les établissements contractant avec l’État. Cette progressivité des frais existe déjà dans certains établissements, comme à l’Université Paris Dauphine-PSL, Sciences Po ou l’école de commerce ESSCA. Même idée pour les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, avec un financement partagé entre l’OPCO, l’entreprise (reste à charge) et l’étudiant (en fonction des ressources familiales), qui rendrait le système plus équitable et permettrait sa durabilité.

 

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  1. Le cas de l’université

L’université française doit en finir avec l’hypocrisie des « formations non sélectives » pour les licences. En réalité, ces formations effectuent bel et bien une sélection, créant des files d’attente et des classements fondés sur des critères hétérogènes. Les étudiants sont évalués selon des paramètres souvent arbitraires, comparant des parcours scolaires et des établissements aux niveaux disparates.

Pour y remédier, il est nécessaire d’accorder des moyens supplémentaires aux universités afin d’accueillir tous les candidats en première année de licence, avec un système de majeures et de mineures. La sélection se ferait à l’issue de la première année, permettant aux étudiants non admis de se réorienter ou de poursuivre vers une filière professionnalisante si nécessaire. Cela offrirait à chaque étudiant une chance équitable de réussir et de trouver sa voie, sans être pénalisé dès la sortie du lycée.

En somme, Parcoursup n’est donc pas le problème central de notre système éducatif, mais plutôt le miroir de dysfonctionnements plus profonds. Réformer ces aspects essentiels permettrait de construire un enseignement supérieur plus juste et plus accessible pour tous. 

Par Clément Moussy et Thibaud Arnoult, co-fondateurs de Thotis.

Crédit : site Parcoursup