Le 6 novembre 2024, une conférence de presse s’est tenue au Philantro-Lab pour annoncer le lancement de « Faire Face », une association cofondée par Gabriel Attal, ex-Premier ministre et député de la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine. Cette initiative a pour objectif de mener une lutte systémique contre le harcèlement scolaire, un phénomène affectant chaque année plus d’un million d’élèves en France.

Par Léa Cotte

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Des chiffres alarmants, des témoignages poignants

La conférence a débuté par la présentation des résultats d’une enquête menée par l’IFOP, s’appuyant sur un panel de 1 001 personnes interrogées, comprenant des jeunes scolarisés au collège et au lycée, ainsi que leurs parents. 

Les résultats de cette étude sont particulièrement alarmants. Pour preuve, selon l’enquête de l’IFOP, 16 % des collégiens et lycéens français ont été victimes d’au moins une forme de violence physique, verbale ou psychologique, chaque jour pendant minimum un mois. 

Grâce aux questions adressées par l’enquête, les réponses des participants ont permis de mettre en lumière de façon détaillée les profils des élèves harcelés, les formes prises par le harcèlement, ainsi que les lieux propices au harcèlement : en classe, dans les cours de récréation, mais également en ligne.

Cette étude a aussi exposé la manière dont les victimes réagissent au harcèlement : bien que 84 % des jeunes victimes aient parlé de leur souffrance, près d’un tiers d’entre eux n’ont osé s’exprimer qu’après plusieurs années. En revanche, 51 % des élèves harceleurs n’ont jamais été punis par leur établissement.

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Des solutions innovantes et une mobilisation collective

Parmi les témoignages qui ont ponctué la conférence, celui de Béatrice Le Blay, cofondatrice de l’association, a particulièrement marqué les esprits. Elle a perdu son fils Nicolas en septembre 2023, après qu’il ait été victime de harcèlement scolaire. Elle a témoigné du manque de soutien du corps éducatif et du rectorat. Aujourd’hui, elle se bat aux côtés de Gabriel Attal pour que d’autres enfants ne subissent pas le même sort. « Nous devons changer l’attitude des adultes et des institutions face au harcèlement. Trop de souffrances sont ignorées », a-t-elle affirmé.

Gabriel Attal, dans son discours de clôture, a détaillé les objectifs de « Faire Face ». Le ministre a mis en avant la nécessité d’une action systémique contre le harcèlement, soulignant que l’un des leviers principaux de l’association serait la formation des personnels éducatifs et des bénévoles, pour une intervention rapide et efficace. Le ministre a également évoqué des solutions concrètes, comme le lancement d’un questionnaire annuel pour mieux détecter les situations de harcèlement, ou encore la mise en place de personnels spécialement formés dans chaque académie pour traiter les cas de harcèlement.

Malene Rydahl, professeur à Sciences Po a souligné lors de sa prise de parole les  bénéfices des cours d’empathie pratiqués au Danemark. Selon elle, ces enseignements, qui transmettent aux enfants l’art du vivre ensemble, l’acceptation de la différence et une communication fluide, ont permis au pays de maintenir un taux de bien-être scolaire de 92 %. En France, des expérimentations dans plusieurs écoles parisiennes ont montré que l’introduction de l’empathie dans les programmes scolaires permet de réduire les actes de harcèlement et d’améliorer le bien-être des élèves.

L’engagement des jeunes victimes : des parcours inspirants

À l’occasion de cet événement, plusieurs jeunes témoins ont partagé leur expérience. Miel Abitbol, qui a été victime de harcèlement, a créé une application mobile nommée Link, pour aider les jeunes à maintenir un lien de confiance avec leurs adultes référents. Cette application permet aux jeunes de partager leurs humeurs, pensées et photos avec leurs proches, créant ainsi des opportunités de dialogue et de soutien pour prévenir l’isolement. Zoé Claustre, autre victime du harcèlement, a choisi de s’engager à travers la musique, en écrivant des chansons qu’elle partage pour sensibiliser le public à ce fléau.

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Des partenariats pour renforcer la lutte contre le cyberharcèlement

La conférence a également abordé le sujet du cyberharcèlement, de plus en plus présent dans la vie des jeunes. La journaliste Ophélie Meunier a animé une table ronde durant laquelle, un partenariat entre Meta et e-Enfance a été annoncé, visant à faciliter la prise de parole concernant le harcèlement. Un bouton « Safe » apparaît par exemple directement sur Instagram lorsqu’une personne veut signaler un contenu. Laurent Solly, vice-président de Meta France, a évoqué plusieurs mesures de sécurité qui seront mises en place sur les réseaux sociaux, telles que des comptes “adolescents” :  privés, avec un contrôle parental, une limitation de l’usage la nuit…

Gabriel Attal a réaffirmé que le harcèlement scolaire était “un problème systémique” qui nécessitait une réponse globale. L’association « Faire Face » s’engage ainsi à agir à tous les niveaux : prévention, sensibilisation, accompagnement des victimes et formation des professionnels.