Objectif de parité dans les formations proposées par l’école, diversification des profils recrutés, évolution académique et pédagogique des programmes en fonction des grandes transitions… À l’occasion d’une conférence de presse tenue à Paris le 11 juin, l’EPF a dévoilé sa feuille de route et ses objectifs, horizon 2028. Par Valentine Dunyach
Dans la continuité des efforts déjà engagés par l’école, l’EPF consolide ses atouts pour l’avenir. Ainsi, l’école d’ingénieurs souhaite former des acteurs engagés dans les transitions écologique et environnementale, révéler des profils multidisciplinaires et élargir le vivier d’apprenants. Cela comprend notamment le recrutement soutenu de nouveaux effectifs, dont les femmes et les étudiants internationaux. En lien avec cet article : la CDEFI présente les enjeux des écoles d’ingénieurs en 2024 :
Nouveau label, attractivité… La CDEFI présente les grands enjeux des écoles d’ingénieurs en 2024
“L’EPF réinvestit sa mission d’origine ; à savoir, former des femmes ingénieures”, déclare en préambule Emmanuel Duflos, Directeur général de l’EPF et Président de la CDEFI. L’EPF a vu le jour en 1925. École ouverte, engagée et responsable, l’EPF est aussi la première école polytechnique féminine au monde. Parmi les objectifs fixés dans ce nouveau plan stratégique à horizon 2028, l’EPF souhaite renouer avec sa mission originelle, à savoir, former des femmes ingénieures. Dans cette optique, l’EPF vise la parité femmes-hommes en termes de diplômés, d’ici 2028. L’EPF forme aujourd’hui 35 % de femmes ingénieures. L’école a pour ambition de faire évoluer cet effectif à 50 %, d’ici 4 ans. Pour attirer davantage de jeunes femmes dans ses formations, l’EPF, ayant pour projet de développer l’entrepreneuriat féminin, ouvrira un incubateur spécifique destiné aux étudiantes. Par ailleurs, l’école travaille à la création d’une voie d’admission spécifique pour les femmes.
Montpellier, Saint-Nazaire, Troyes, Paris-Cachan… Avec ses multiples implantations à travers l’hexagone, l’EPF a déjà fait montre de son ouverture sociale et territoriale. En accord avec ses valeurs d’ouverture, l’EPF se fixe l’objectif de diversifier encore davantage son vivier de recrutement et attirer plus de candidats. L’école d’ingénieurs se questionne ainsi sur l’accès à ses formations pour des candidats issus de filières diverses telles la prépa BCPST ou les candidats AST (titulaires de licences universitaires scientifiques ou Humanités et Droit). L’EPF envisage également le recrutement d’étudiants issus de bacs STI2D et de profils qui n’auraient pas suivi la spécialité Mathématiques au lycée. Si ces nouveautés sont mises en place, Emmanuel Duflos reconnaît la nécessité de mettre à jour la pédagogie actuelle et d’adapter le contenu des programmes. Afin d’attirer davantage de candidats ces prochaines années, l’EPF affiche par ailleurs la volonté d’augmenter la proportion de boursiers dans ses rangs ; un défi, pour l’école privée. Continent africain, Inde, Chine, Sri-Lanka, Vietnam… L’EPF mise aussi sur le recrutement à l’étranger, hommes et femmes confondus, dès la première année du cursus ingénieur.
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Afin de répondre aux besoins en formation d’ingénieurs au niveau national, l’EPF prévoit de remodeler ses programmes en profondeur, en les adaptant davantage aux grandes transitions -environnementales, technologiques et sociales-. L’ensemble des programmes de l’école d’ingénieurs devrait être positivement impacté par ce positionnement. Cette refonte des formations passera notamment par l’intégration de l’Intelligence Artificielle et de la Big Data dans plusieurs cours et contenus. La question environnementale sera également davantage infusée dans les différents modules du cycle ingénieur. Lors de cette récente conférence de presse, Emmanuel Duflos a par ailleurs annoncé l’ouverture de trois nouveaux cursus d’ingénieurs en apprentissage : – Deux nouvelles spécialisations seront dispensées sur le campus de Saint-Nazaire : « Systèmes d’information et génie électronique » et « Systèmes d’information et logistique industrielle décarbonée » ; – La troisième spécialisation du cursus d’ingénieur -« Systèmes d’information et génie énergétique des bâtiments » – sera ouverte sur le campus de Troyes. Aussi, l’EPF compte valoriser et faire vivre son large réseau alumni et mettre l’accent sur l’expérience étudiante, pour garantir aux élèves ingénieurs une expérience d’études mémorable.
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L’EPF axe donc son plan stratégique sur la refonte de ses programmes, se basant sur un nouveau socle pédagogique. Face à la complexité des problèmes technologiques, l’EPF souhaite faire évoluer son référentiel des compétences, au sein des programmes. Cette évolution des programmes mettra ainsi l’accent sur l’expérience étudiante et sur la qualité de l’apprentissage. Emmanuel Duflos traduit cette ambition ainsi : « L’idée est d’aller contre ce cliché de l’ingénieur qui doit uniquement faire des mathématiques et des sciences. Nous devons être capables de proposer une pédagogie adaptée aux nouveaux enjeux. ». L’EPF valorisera ainsi l’étudiant par compétences et l’éduquera éthiquement dans l’utilisation des IA. Les élèves-ingénieurs seront ainsi évalués non plus uniquement sur des connaissances académiques mais sur des compétences interdisciplinaires et du raisonnement. À ce propos, l’EPF a déjà réfléchi à la création de nouveaux parcours hybrides, reflétant une conjonction hybride entre la recherche et l’académique, tel que la création d’un parcours “ingénieur-docteur”. L’EPF produit une recherche fondamentale de pointe articulée autour d’enjeux sociétaux et adossée à des laboratoires d’excellence. L’un des objectifs de l’EPF est de développer des approches interdisciplinaires, à la fois sur les questions de santé et d’ingénierie. L’école vise, d’ici 2028, le développement de 15 chaires actives de type ANR. D’ici 4 ans, l’EPF envisage ainsi de faire évoluer les relations et la communication entre les élèves ingénieurs et les activités de recherche : “Accélérer l’innovation par la création de recherche est l’un de nos objectifs. Cela passe notamment par un encouragement à l’entrepreneuriat en interne.”, note le directeur général de l’EPF. L’EPF mise sur une nouvelle pédagogie d’enseignement plus responsabilisante et plus “horizontale”, comme le souligne Emmanuel Duflos. De ce fait, les cours ne se feront plus seulement en amphi. Les enseignants ayant vocation à responsabiliser les élèves-ingénieurs au fil de leur apprentissage.
L’EPF souhaite par ailleurs mettre à profit son statut de Fondation à destination d’autres écoles d’ingénieurs. Emmanuel Duflos rappelle en effet que l’EPF est avant tout une Fondation d’utilité publique : “L’EPF est la seule école d’ingénieurs à appartenir à une Fondation et à ne pas avoir créé sa formation. Ce statut nous engage et nous oblige. Aussi, l’EPF a un énorme potentiel de déploiement par son appartenance à la Fondation EPF.”, précise-t-il. Il ajoute“Ce statut confère aussi une garantie pour l’ensemble des étudiants qui viennent étudier chez nous.”. Il anticipe l’évolution de ce statut : “On pressent qu’on ne pourra pas rester dans ce statut pour notre développement. L’idée est que cette Fondation EPF bénéficierait à l’ensemble de l’écosystème -à d’autres écoles en adéquation avec nos valeurs-., à travers du mécénat et des partenariats”, conclue-t-il.
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