La Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) a tenu, mercredi 15 octobre 2025, sa conférence de presse annuelle, présidée par Emmanuel Duflos, directeur général de l’EPF et président de la CDEFI. Au cœur des échanges : l’attractivité des écoles d’ingénieurs, les leviers pour la renforcer, l’ouverture internationale, la question de la féminisation ou encore l’intégration pédagogique de l’IA. Emmanuel Duflos a ainsi présenté les grandes priorités de la CDEFI et dévoilé un nouvel outil d’orientation destiné aux lycéens et à leurs familles : “Deviens Ingé”, un site pensé pour guider les jeunes vers les écoles d’ingénieurs françaises.
Par Valentine Dunyach
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La CDEFI alerte sur la soutenabilité du modèle des écoles d’ingénieurs
Lors de sa conférence de presse annuelle, la CDEFI a dressé un constat alarmant, bien que connu : la France manque d’ingénieurs, tant au niveau Bac +3 que Bac +5 : “Les budgets ne sont pas extensible”, a rappelé Emmanuel Duflos, son président, évoquant la question de la soutenabilité du modèle actuel.
“La situation des établissements n’est pas différente des années passées. Elle se dégrade petit à petit”, constate Emmanuel Duflos. En cause : le développement de nouvelles missions sans compensation financière suffisante.
L’objectif affiché par la CDEFI, d’ici deux ans, est de consolider le modèle complet des écoles d’ingénieurs et de les replacer au cœur des priorités nationales. Fondé sur l’excellence académique, mais aussi sur une ouverture à la société, ce modèle doit s’inscrire dans uneréalité économique et aux enjeux de transition écologique et de souveraineté.
Parmi les priorités fixées par la Conférence : la stabilisation des budgets des écoles, le renforcement de leur attractivité en France comme à l’international, la reconnaissance de leur rôle dans l’orientation des jeunes, la sécurisation de l’apprentissage au niveau national et une politique internationale plus ambitieuse. Dix-huit axes stratégiques ont été dégagés en ce sens à l’issue des séminaires menés par la CDEFI.
Dans ce contexte, la diversification des financements apparaît comme une piste à explorer. Dans un contexte d’instabilité politique et d’incertitudes budgétaires, les écoles d’ingénieurs subissent des pressions financières qui limitent leur capacité à investir, souligne le président de la CDEFI. Emmanuel Duflos appelle à un engagement fort de l’État face à la crise démographique, rappelant que les réponses attendues dépendent d’un ministre pleinement
en fonction.
Renforcer l’accompagnement aux étudiants et l’ouverture sociale
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Mobilité internationale : un enjeu de souveraineté académique
Pour la CDEFI, la mobilité étudiante internationale doit être considérée comme un levier d’influence et non comme un enjeu migratoire. “Ce sujet n’est pas un sujet d’immigration, mais un sujet de souveraineté et de poids politique dans le monde”, insiste Emmanuel Duflos, président de la Conférence.
L’ambition est claire : faire de la France “une puissance académique ouverte sur le monde” et replacer l’ingénierie française comme référence internationale. D’ici 2026, la CDEFI souhaite faciliter les procédures de visa, renforcer la communication à l’étranger via les réseaux
diplomatiques et mobiliser les alumni pour mieux faire rayonner les écoles d’ingénieurs françaises. Elle entend également peser au niveau européen, notamment dans le cadre du programme Erasmus+ et accompagner la création d’un diplôme européen pour défendre le modèle français au sein de l’espace académique européen.
Concernant le processus de “fuite des cerveaux” évoqué dans l’actualité récente, le directeur de l’INSA Strasbourg nuance : “Cela a toujours existé. En développant l’appétence pour l’international, il est logique que certains débutent leur carrière à l’étranger. L’essentiel est
d’attirer en retour des étudiants internationaux en France.”
Les doubles diplômes, qui permettent deux années d’études en France et deux ans chez un partenaire étranger, participent par d’ailleurs à cet équilibre entre mobilité sortante et entrante.
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Orientation : susciter l’intérêt des jeunes pour l’ingénierie dès le lycée
Afin d’attirer davantage de jeunes vers les filières scientifiques et les écoles d’ingénieurs, la CDEFI multiplie les initiatives. Lutter contre les stéréotypes de genre, améliorer le bien-être étudiant et l’accès au logement, renforcer l’ouverture sociale et la mixité, développer les dispositifs d’accompagnement et de prévention des violences sexuelles et sexistes figurent parmi les priorités.
La fédération insiste aussi sur la sensibilisation précoce : expliquer aux lycéens et lycéennes ce qu’est un ingénieur, dans toute sa diversité, clarifier l’offre de formation et montrer la diversité des métiers et secteurs accessibles. L’objectif : dépasser les idées reçues et rendre l’ingénierie plus attractive et compréhensible dès le plus jeune âge.
Soutenir les chercheurs et l’innovation
L’accent est également porté sur la recherche et l’innovation, avec des initiatives pour valoriser les métiers de la recherche, renforcer les partenariats avec les entreprises et soutenir la formation des doctorants et l’entrepreneuriat, notamment via le programme STARTHÈSE.
“Deviens Ingé” : la CDEFI lance sa propre plateforme d’orientation pour les futurs ingénieurs
cette plateforme permet de mieux comprendre l’ensemble des formations d’ingénieurs en France. Le site propose un panorama complet des parcours possibles, avec des informations détaillées sur les diplômes, les labels et les visas nécessaires, ainsi que des vidéos explicatives et des rubriques pour appréhender l’environnement des écoles d’ingénieurs. Une carte interactive permet également de repérer les établissements selon des critères géographiques.
Ouvrir les carrières d’ingénieurs à tous ceux qui le souhaitent
En conclusion, la CDEFI rappelle que “l’ingénierie est un horizon ouvert à tous, sans distinction de genre ni de milieu social. La CDEFI travaille à ouvrir ces carrières là à tous ceux qui le souhaitent.”.
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