Les 400 nouveaux étudiants de la Grande École d’HEC Paris ont vécu leur pré-rentrée en altitude, à Chamonix, du 20 au 23 août. Quatre jours hors du commun pour ces futurs leaders, qui ont entamé leur parcours académique de manière peu conventionnelle. Davantage qu’une simple introduction à la vie étudiante, ces quatre jours de séminaire en haute montagne ont marqué d’une pierre blanche leur rencontre et le début du Parcours Engagement. Par Valentine Dunyach
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Depuis 2020, à l’initiative de la Chaire Joly Family in Purposeful Leadership, les 400 étudiants de L3 du Programme Grande École d’HEC Paris entament leur année par un séminaire de pré-rentrée à Chamonix, au pied du Mont-Blanc. Ce cadre exceptionnel, loin des amphithéâtres traditionnels, marque également le lancement du Parcours Engagement, fil rouge de leur formation. Après deux années exigeantes en classe préparatoire, ces étudiants venus de toute la France bénéficient d’un temps privilégié pour se rencontrer et créer les premiers liens d’une cohorte soudée, dans une atmosphère plus humaine et informelle que celle habituellement proposée dans les grandes écoles. Pendant quatre jours, cette immersion collective les confronte à eux-mêmes, aux autres, et à l’environnement. Au programme : randonnées à l’aube, nuits en refuge, initiation à l’escalade et exercices de confiance en cordée, exploration des glaciers avec une sensibilisation au dérèglement climatique, ainsi qu’un atelier de secourisme pour expérimenter la solidarité. Accompagnés par une équipe de professionnels -guides de haute montagne, glaciologues, secouristes, professeurs d’alpinisme- les étudiants ont pu pleinement s’immerger dans l’univers exigeant de la haute montagne grâce à leur expertise. Retour sur cette expérience hors du commun, riche d’enseignements : un temps fort de dépassement de soi, d’expérimentation du leadership et de la prise de décision collective, mais aussi une véritable prise de conscience et un engagement commun, bien au-delà du cadre académique.
En lien avec cet article : retrouvez notre page dédiée à HEC Paris : « On rencontre les êtres humains avant de rencontrer les étudiants », confie Juliette, l’une des étudiantes présente. Anne Michaut, Doyenne associée des programmes pre-experience, revient sur le sens de cette immersion : « Ce séminaire de pré-rentrée est d’abord une chance unique pour eux de se retrouver entre eux, dans un cadre très différent de celui qu’ils vont fréquenter le reste de l’année. C’est volontaire de notre part : les sortir du campus permet de créer des liens autrement, en tant que groupe. » Elle précise également que, bien que le séminaire soit obligatoire, des aménagements sont possibles selon les capacités physiques de chacun : « Tout le monde ne peut pas faire des marches importantes en haute montagne ni pratiquer l’escalade, mais nous tenons à ce que tous les étudiants puissent participer à leur manière. »
Anne Michaut souligne l’importance pour tous les étudiants de vivre cette expérience, qui s’inscrit pleinement dans leur parcours pédagogique. “Il est important qu’ils aient tous cette expérience, déjà parce qu’elle fait partie d’un parcours pédagogique, puis parce que ça permet d’aborder des valeurs clefs à HEC Paris.” Le séminaire en montagne leur permet en effet de confronter très concrètement les enjeux environnementaux : “Le séminaire a une dimension environnementale très concrète avec une prise en compte physique et très inscrite dans la réalité des enjeux climatiques ; ils observent la dégradation des glaciers, aux côtés d’une glaciologue.” Cette confrontation directe à la réalité du changement climatique provoque une prise de conscience profonde, qui dépasse le seul effort physique : “Cela a un impact dans leur émotion au-delà de l’aspect physique.” Au-delà de l’approche environnementale, ce séminaire développe également une réflexion sur le leadership, fondée sur la connaissance de soi et la dynamique de groupe. « Ce séminaire a aussi un axe de leadership en prenant en compte la connaissance de soi et du groupe et de travail au sein d’un groupe. Car en montagne, nous ne sommes pas seuls. » Secourisme, escalade, randonnée… À travers ces activités en haute montagne, les étudiants établissent un parallèle entre la rigueur du milieu alpin et les exigences du monde de l’entreprise. Ils expérimentent ce que signifie prendre une décision dans un environnement incertain et potentiellement risqué, à l’image des choix qu’un leader peut être amené à faire dans une grande organisation. Pendant trois jours, ils ont été immergés en altitude, dormant dans des refuges de haute montagne -une première pour beaucoup d’entre eux. Ces conditions inédites favorisent l’apprentissage du travail en équipe, de la communication et de la gestion du stress. Les compétences développées durant ce séminaire -réactivité, coopération, capacité à décider collectivement- sont autant d’atouts qu’ils mobiliseront dans leur vie professionnelle future. Ce séminaire est aussi l’occasion de les sensibiliser aux enjeux environnementaux, et notamment aux effets du changement climatique. Et quoi de plus parlant que d’observer, sur le terrain, les transformations visibles de la vallée de Chamonix et de ses glaciers ?
Pour Anne Michaut : “Certains étudiants se sentent soumis à une pression financière concernant le choix de postes en sortie d’école ; notamment au regard du remboursement de prêt étudiant ou de simplement gagner sa vie professionnelle. Néanmoins on voit que depuis 20 ans, leurs sujets d’intérêt et d’engagement ont beaucoup évolué. Ce sont devenus des sujets d’intérêt général et qui touchent la plupart de la promo. Ce qui relevait autrefois de la sensibilisation n’en est plus aujourd’hui. De plus en plus de professeurs sont aussi spécialisés dans ces domaines.” Au pied du Mont-Blanc, les étudiants vivent un moment hors du temps, propice à la réflexion sur leur rôle de futurs leaders et à l’immersion dans les grands enjeux de notre époque, au premier rang desquels figure la transition climatique. Un engagement que revendique pleinement HEC Paris. Lors de ChangeNow 2025 au Grand Palais, Eloïc Peyrache, son directeur général, rappelait que les grandes business schools européennes ont un rôle clé à jouer dans la recherche de solutions concrètes, en collaboration étroite avec les acteurs économiques. Pour lui, il est essentiel de transmettre aux étudiants une compréhension à la fois rigoureuse, chiffrée et pluridisciplinaire des enjeux : « Bien que nous soyons une business school, il est essentiel d’aborder la question climatique sous un angle scientifique, et pas uniquement économique. » Cet engagement se traduit aussi dans la recherche : Fernando Diaz Lopez, executive director du Climate and Earth Centre au sein du Sustainability & Organizations Institute (S&O), est notamment membre actif du GIEC, soulignant l’implication directe de l’institution dans les travaux scientifiques internationaux.
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Romain Briat, Directeur exécutif du Centre Purpose à HEC Paris -un centre dédié aux enjeux de sens au travail, de leadership et de gouvernance- revient sur les différentes étapes du Parcours Engagement, proposé en première année du Programme Grande École. Il explique que ce dispositif constitue le premier bloc d’expérience du Parcours Engagement, qui s’étend sur toute l’année de L3 et s’inscrit pleinement dans la pédagogie par l’expérience chère à l’école. Ce parcours est obligatoire pour l’ensemble des étudiants et repose sur une logique de mise en action, de prise de recul et de relecture des expériences vécues. Le Parcours Engagement se compose de trois blocs d’expérience distincts. Enfin, le troisième bloc correspond à un stage de terrain, au sein d’une entreprise, où les étudiants sont intégrés à une équipe. Ce dernier temps permet, selon Romain Briat, de « cristalliser une problématique, de nourrir une réflexion originale et mature », à partir des expériences accumulées tout au long de l’année. Les étudiants sont ainsi invités à faire le bilan de ce qu’ils ont aimé, moins aimé, ou ce qui les a perturbés. L’objectif est de les amener à se questionner sur leurs aspirations profondes, sur le sens de leur parcours et sur la manière dont ils souhaitent se positionner dans un monde économique complexe. « Ce parcours exigeant, à la fois intellectuellement et humainement, vise à les confronter à la complexité du réel et des organisations. Il doit leur permettre de construire une forme de colonne vertébrale, un socle personnel qui dépasse les seules compétences techniques ou académiques », affirme-t-il.
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Romain Briat souligne que ces demi-journées d’activités sont pensées comme des temps d’immersion et de réflexion pour les étudiants. L’objectif est de les amener à s’interroger sur des notions fondamentales, en lien direct avec les expériences vécues sur le terrain. À travers l’escalade, par exemple, les étudiants sont confrontés à des thématiques telles que l’entraide, la coopération, l’attention à l’autre, ou encore la communication au sein d’une cordée. « La question de l’assurance solidaire entre les personnes est centrale », précise-t-il, en évoquant le lien de confiance qui se tisse naturellement lorsqu’on est suspendu à la même corde. Selon lui, ces activités ne sont pas de simples défis sportifs : elles visent à faire émerger des prises de conscience : « Ce qu’ils vivent ici, ce sont autant d’expériences qui viennent semer des graines de réflexion, pour eux-mêmes, dans leur parcours personnel et collectif », explique-t-il. La moindre activité et la moindre rencontre nourrissent ainsi la réflexion des étudiants, invités à la curiosité et l’attention. Ainsi à Chamonix, au contact de la beauté menacée, d’un récit de secours et de sacrifice, de leur propre vie de groupe, d’un geste d’entraide avec un camarade escaladant la paroi, d’un sportif se questionnant sur le sens de la performance ou du renoncement, ils pourront s’interroger : au service de quoi et de qui veux-je me mettre, employer mes talents, orienter mes efforts et mes choix ? Quelle personne, quel collègue, quel manager, ai-je envie d’être ? À quelle économie, à quelle société ai-je envie de contribuer ? Au-delà (ou en-deçà) de la technique, se poser la question du sens et de la finalité de l’action.
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Le premier, actuellement en cours à Chamonix, s’inscrit dans un cadre collectif et symbolique fort, visant à initier une réflexion sur la posture, la prise de décision et les relations humaines.
Le deuxième bloc prend la forme d’un engagement citoyen d’environ 30 heures, réalisé au service de personnes en situation de vulnérabilité.L’apprentissage expérientiel, pilier de la pédagogie HEC
