Missions de la Commission Vie étudiante de la Conférence des grandes écoles (CGE), nouvelles problématiques liées à la vie étudiante au sein des Grandes écoles, état des lieux de la santé mentale des étudiants post-pandémie… Pour Thotis, Hélène Surrel, directrice de Sciences Po Lyon et vice-présidente de la Commission Vie étudiante de la CGE revient notamment sur le rôle de ladite Commission. 

Par Valentine Dunyach

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Il y a quelques mois, Hélène Surrel a pris ses fonctions de vice-présidente de la Commission Vie étudiante de la CGE. Sa nomination s’inscrit dans une certaine continuité, concernant la CGE ; son prédécesseur étant lui aussi issu du réseau ScPo (Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille).  

Elle confie avoir accepté d’assurer ce poste pour plusieurs raisons. Tout d’abord, en raison d’un important attrait personnel concernant les questions relatives à la vie étudiante, elle décrit : “Si l’on exerce le métier d’enseignant-chercheur et de chef d’établissement, c’est avant tout pour les étudiants et les étudiantes. Ainsi, dans ma pratique de cheffe d’établissement, il y a un fort intérêt personnel.” et complète son propos : “Cela tient aussi à la qualité de l’action de la CGE – qu’il faut saluer – en termes de formations, de production de différents livrables par les membres des groupes de travail.” 

Si elle devait résumer les missions fondamentales de la Commission Vie étudiante, Hélène Surrel le ferait ainsi : « La Commission Vie étudiante de la CGE permet avant tout de susciter une réflexion, via les divers groupes de travail. Elle permet également de former l’ensemble des référents et référentes  sur des sujets sociétaux autour de la vie étudiante. » 

Directrice de Sciences Po Lyon depuis 2021, Hélène Surrel a conscience des bienfaits de la prise en charge des problématiques liées à la vie étudiante au sein des établissements du supérieur. Membre d’un réseau de 7 Instituts (ne comprenant pas Sciences Po Paris, Grenoble et Bordeaux), Sciences Po Lyon est ainsi appréhendé à la fois comme établissement membre d’un réseau et comme structure à part entière. 

En matière de Vie étudiante, Hélène Surrel se remémore l’exemple du #SciencesPorc, mouvement survenu il y a quelques années au sein des instituts d’études politiques et caractéristique de la lutte contre les VSS (Violences Sexistes et Sexuelles) : « Avec ce mouvement #SciencesPorc, certains adhérents de la CGE ont pu se saisir dans leurs propres établissements des mêmes problématiques traitant de la question des VSS, très ancrée dans le réel, en prenant exemple sur les réponses du réseau ScPo. »

Hélène Surrel, première femme nommée directrice de Sciences Po Lyon 

 Professeure de droit public et spécialiste de la Convention européenne des Droits de l’Homme (plus globalement, de la protection des droits humains au niveau européen), Hélène Surrel a exercé des missions diverses à Sciences Po Lyon ; à la fois pédagogiques et administratives, avant d’en devenir directrice en juillet 2021. Avec cette nomination, elle devient ainsi la première femme élue à la tête de Sciences Po Lyon, établissement fondé en 1948. Une donnée qu’elle juge pertinent de relever. Elle confie : 

« Être la première femme à la tête d’un établissement comme Sciences Po Lyon est quelque chose d’important pour moi. La place des femmes dans l’enseignement supérieur mérite encore d’être améliorée. Il y a encore assez peu de femmes à la tête des établissements d’enseignement supérieur et, plus particulièrement, dans le public. Je pense que des actions ont été menées dans le sens d’une féminisation de ces postes. Néanmoins, je crois que l’on en revient encore à la problématique extrêmement banale de la conciliation entre la vie familiale et la construction d’une carrière d’enseignant-chercheur », déplore-t-elle. 

Entre autres vice-présidente Finances de la « ComUE » Lyon Saint-Étienne et membre de la commission Enseignement supérieur du CESER (Région AURA), Hélène Surrel a ainsi été récemment nommée au poste de vice-présidente de la Commission Vie étudiante de la Conférence des Grandes Écoles. 

La Commission Vie étudiante de la CGE bénéficie d’une approche « pragmatique et opérationnelle »

La structure de la Conférence des grandes écoles réunit pas moins de 245 établissements présentant chacun des spécificités différentes ; à la fois en termes de taille et de nature. En effet, comme le souligne Hélène Surrel : « Les problématiques d’une école d’ingénieurs sont différentes de celles d’une école de management ou de celles d’un IEP ». À ses yeux, la bonne coopération entre établissements est rendue possible grâce à la CGE et au dialogue qu’elle permet d’instaurer. Même si le poids des écoles d’ingénieurs est particulièrement marqué au sein de la Conférence des grandes écoles (CGE), les écoles d’autres spécialités peuvent elles aussi avoir une influence en matière de vie étudiante. 

« La Conférence des grandes écoles permet aux établissements d’échanger, d’innover, et d’améliorer un certain nombre de pratiques par l’exemple. Je crois que c’est intéressant de pouvoir appréhender des thématiques transversales à ces établissements – telles que la Vie étudiante. Cette diversité est véritablement une richesse, car certaines écoles sont plus avancées que d’autres en la matière ; elles peuvent montrer l’exemple aux autres », décrit-elle.

Elle poursuit, décrivant le caractère pragmatique et opérationnel de cette commission : « La Commission Vie étudiante est une structure importante, bénéficiant d’une approche à la fois pragmatique et opérationnelle ». En d’autres termes, l’intervention des différents acteurs au sein de la Commission fait montre d’efficacité. Comme le traduit Hélène Surrel lors de notre entretien, l’engagement d’une réflexion et la proposition de solutions concrètes sont facilités par des réunions de discussions axées sur les groupes de travail.  

Les représentations étudiantes provenant de trois types d’établissements présents au sein de la CGE sont elles aussi respectées : « En réunissant les référents vie étudiante et vie associative, VSS (Violences Sexistes et Sexuelles) des différents établissements, il est plus simple d’engager une réflexion et de proposer des solutions concrètes », glisse-t-elle. Cette pluralité des regards sur les sujets de Vie étudiante se traduit à travers des actions visibles : 

« Grâce aux groupes de travail, la CGE part de l’expérience des référents VSS, vie associative, vie étudiante de toutes les écoles de la CGE ; un élément distinctif, en comparaison avec d’autres structures similaires de l’enseignement supérieur. Tous les acteurs des établissements sont en effet mobilisés – des chefs d’établissement en passant par les étudiants aux référents vie étudiante. Les livres blancs et productions tangibles deviennent des outils de travail quotidiens pour les différents référents dans les écoles », détaille-t-elle.  

En lien avec cet article, retrouve l’épisode de DG sur Écoute avec Laurent Champaney, sur ThotisTalks !

La Commission de la Vie étudiante de la CGE : des sujets traités en prise avec la société

Hélène Surrel a rapidement accepté la fonction de vice-présidente de la Commission de la Vie étudiante de la CGE, au regard de la renommée et de la qualité opérationnelle de la CGE. Son intérêt pour les étudiants comme pour les sujets de vie étudiante et le caractère évolutif de ces problématiques sont autant de raisons pour lesquelles elle a accepté de rejoindre cette Commission. 

La question des dérives sectaires, la lutte contre les VSS… sont autant de sujets qui n’étaient pas pris en charge au sein des Grandes écoles il y a quelques années et sont aujourd’hui devenus incontournables. Ces actions liées à la vie étudiante sont particulièrement incarnées par les étudiants. Étant une matière évolutive, la vie étudiante nous conduit à être interpellés ; les étudiants nous font beaucoup progresser en la matière. 

Elle souligne : « Le dialogue avec les étudiants permet aussi d’identifier de nouveaux besoins en matière de vie étudiante, mais aussi de nouvelles solutions auxquelles nous n’aurions pas forcément pensé. Concernant les étudiants de Sciences Po Lyon, les interpellations de la direction sont parfois plus vives qu’ailleurs », plaisante-t-elle. Et d’ajouter : « Je crois que nous avons des étudiants qui ont beaucoup de talent et beaucoup d’idées. Leurs interpellations nous font réellement avancer, lorsqu’elles sont pertinentes. Cela ne signifie pour autant pas que je suis d’accord avec toutes leurs revendications. »

 

En lien avec cet article : notre page dédiée aux écoles de management

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VSS, addictions… Des problématiques amplifiées par le passage du lycée aux études supérieures et par la pandémie 

« Les sujets que nous traitons au sein de la Commission Vie étudiante de la CGE sont des problématiques sociétales majeures. Le passage du lycée à l’enseignement supérieur se traduit pour certains étudiants par le fait d’être éloignés de leur famille et par l’apprentissage de l’autonomie. La découverte d’une vie étudiante riche et festive peut aussi amplifier les questions d’addiction, de conduite alcoolisée ou encore des VSS (violences sexistes et sexuelles). » 

Si la question des addictions, du harcèlement, des VSS ou de la radicalisation ne sont pas uniquement le fait direct de l’enseignement supérieur, elle se traduit souvent lors du passage de l’âge adolescent à celui de l’âge adulte, impliquant les établissements du supérieur, comme l’explique Hélène Surrel. Ses étudiants étant directement confrontés à ces problématiques, la CGE coopère de façon fluide avec différents acteurs externes tels que l’Observatoire des VSS dans l’Enseignement supérieur ou la MILDECA (Mission interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites addictives): « Le rôle de la CGE en la matière est de s’emparer de ces questions et mettre en place des dispositifs de prévention ou même, dans certains cas, des sanctions. » 

Selon elle, une évolution assez nette est constatée concernant certains sujets de vie étudiante, amplifiés après la pandémie liée au Covid-19 : « Certains étudiants se trouvent aujourd’hui, plus qu’auparavant, dans des situations de grande solitude, voire de détresse psychologique. D’autres ne parviennent pas à supporter financièrement le coût de la vie et s’alimentent mal ou trop peu. » Et de préciser : « Bien évidemment, cette question ne relève pas uniquement des écoles. »

L’engagement dans la pratique sportive, une caractéristique des écoles de la CGE 

Plusieurs études récentes permettent de constater une augmentation de la sédentarité et de l’inactivité physique des jeunes. Si cela est relativement courant entre le lycée et les études supérieures, la CGE met en place des actions pour freiner ce phénomène. Ainsi, l’encouragement de la pratique physique et sportive est l’un des engagements phare de la Commission Vie étudiante de la CGE. Il se traduit par des actions menées à la fois sur le court et le long terme. La CGE a par exemple récemment édité un guide Référents Sports afin d’inciter les Grandes écoles à structurer le développement de la pratique physique et sportive au sein de leurs établissements.  La Commission Vie étudiante a également incité les écoles membres à participer à la Semaine  Olympiques et Paralympiques portée par Paris 2024.

« Je pense que la pratique physique et sportive est une caractéristique forte des écoles membres de la CGE. D’ailleurs, des crédits ECTS sont associés à cette pratique sportive, lui donnant un caractère obligatoire. Cette pratique répond à une problématique globale de la santé et du bien-être de nos étudiants. Par ailleurs, en encourageant la pratique physique et sportive, nous favorisons la santé physique et mentale mais aussi la réussite académique, même si certains étudiants considèrent cela comme paradoxalIl faudrait que l’ensemble des écoles membres de la CGE sanctuarisent des créneaux dédiés à la pratique physique et sportive, comme cela est fait dans le secondaire et le primaire. Nous avons encore du chemin à faire là-dessus, mais nous comptons fortement sur l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques pour promouvoir cette nécessité pour nos étudiantes et étudiants », explique Hélène Surrel. 

Elle poursuit : « Je pense qu’il y a une responsabilité des écoles à favoriser la pratique physique et sportive. Les BDS (Bureaux des Sports) organisent de nombreux tournois et font vraiment partie du quotidien de la vie des étudiants au sein des écoles. Nous les encourageons via des subventions, permettant de favoriser la pratique sportive. De plus, les écoles de la CGE accueillent des étudiants ayant le statut de sportifs de haut niveau (SHN) et se doivent ainsi de leur proposer des aménagements et du matériel adéquats, pour leur pratique. Nous sommes bien entendu fiers de la double implication scolaire et sportive de ces étudiants ; un certain nombre d’entre eux participeront d’ailleurs aux JOP de Paris cette année Nos écoles savent mettre en place les aménagements nécessaires pour que n’importe quel étudiant ou étudiante puisse avoir un double-projet (sportif et académique) », relève la vice-présidente de la Commission. 

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La CGE, une voix politique de poids concernant les sujets liés à l’enseignement supérieur et la vie étudiante des jeunes

Les actions de la CGE bénéficient d’une portée majeure sur les travaux en cours, au niveau national, dans le secteur de l’enseignement supérieur. La CGE entreprend une action de long terme ; à savoir, prendre part aux dispositifs sociétaux au niveau national. Cette conférence porte en effet une voix puissante et politique, auprès d’acteurs tels que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, au même titre que France Universités. 

La reconnaissance et la valorisation de l’engagement étudiant au sein de la CGE

Il y a quelques semaines se tenait le séminaire sur la reconnaissance et la valorisation de l’engagement étudiant organisé par  la DGESIP en partenariat avec la CGE et les autres conférences d’établissements d’enseignement supérieur. Fortement impliquée sur ce sujet, la CGE porte un plaidoyer… Hélène Surrel rappelle l’importance du volet engagement au sein de la CGE :

« Tous nos étudiants sont engagés au sein des écoles membres de la CGE, et ce, de différentes façons. La CGE incite les Grandes écoles à reconnaître l’engagement étudiant, outre le fait que ce soit une obligation légale. Leur engagement au sein d’une école (associatif, sportif, artistique), mais aussi à l’extérieur de l’école (bénévolat, associations), est reconnu sur différents aspects. Ces activités professionnalisantes, permettent aux étudiants d’enrichir leur formation en développant des compétences techniques, opérationnelles et de savoir-.  Grâce à ces structures inhérentes à la vie étudiante, les étudiants améliorent leur employabilité et facilite leur insertion professionnelle. La vie étudiante est un marqueur fort des Grandes écoles, car nous avons des étudiants engagés. »

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Crédit : Conférence des grandes écoles