En octobre 2021, le Groupe INSA a publié le premier tome de son Livre blanc intitulé « Diversités et ouerture sociale », un manuel dressant un état des lieux de la diversité au sein des écoles du Groupe INSA, dans l’objectif de proposer ensuite des actions concrètes pour remédier aux problèmes constatés. Cette année, le tome 2 fait suite à ce projet pionner en son genre.
Par Laura
L’INSA et l’Institut Gaston Berger
Le Groupe INSA (Instituts Nationaux des Sciences Appliquées) est un groupe recensant 7 écoles d’ingénieurs publiques en France, rassemblant un total de 22 000 étudiants, dont 18,9% d’étudiants internationaux et 30,4% d’étudiants boursiers. Think Tank commun au Groupe INSA, l’Institut Gaston Berger a pour objectif de mobiliser acteurs internes et externes pour établir une approche objective de la diversité dans les écoles membres de l’INSA, de proposer des solutions concrètes et de diffuser les résultats des recherches et les solutions à tous les établissements de l’enseignement supérieur. L’initiative du Livre blanc est menée par Gabriel Brassart, chef du projet au sein de l’Institut Gaston Berger.
« Le modèle INSA est à l’aise dans sa façon de cultiver une certaine excellence académique », rappelle Bertrand Raquet, Président du Groupe INSA et Directeur de l’INSA Toulouse. « Nous développons les sciences, les technologies, les sciences humaines et sociales au service d’enjeux sociétaux (…) et notre façon de mobiliser notre potentiel scientifique pour servir les grandes transitions, ce qui s’enclenche aussi par une révision de nos modèles et nos maquettes de formation. Tout cela est fidèle au père fondateur, Gaston Berger, par cette exigence de ne pas faire une école comme les autres – ce qui était déjà la promesse initiale -, de mettre en place un enseignement d’excellence exigeant, avec une véritable ouverture sociale. »
Pour en savoir plus sur le Groupe INSA : le site officiel
Pour adresser la question de la fracture sociale et de l’inclusion, et pour faire en sorte que les étudiants de l’école soient une représentation de la société, le Groupe INSA n’hésite pas à mettre en avant les points qui demandent encore à être améliorés : alors que le nombre d’étudiants en situation de handicap et accompagnés au sein des INSA (3,2%) est largement au-dessus de la moyenne (on estime que le taux de la population étudiante en situation de handicap se situe autour de 1,7%), la présence féminine « n’est pas encore suffisante, mais déjà extrêmement honorable », avec environ 35% d’étudiantes sur tous les établissements INSA confondus. De plus, le recrutement d’étudiants post-bac a baissé de 40% à 38%, probablement à cause de la réforme du baccalauréat.
De plus, le Groupe INSA a constaté ces dernières années une hausse des étudiants issus de milieux familiaux favorisés ou très favorisés : « ce n’est pas supportable pour les directeurs des INSA car ce n’est pas la promesse initiale », déclare Bertrand Raquet.
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Le Groupe INSA s’engage pour la diversité et l’ouverture sociale
Le tome 2 du Livre blanc de l’INSA
« La rédaction de ce tome 2 était collaborative, elle a mobilisé plus de 180 personnes : personnels, étudiants, personnalités extérieures », explique Gabriel Brassart, chef de projet du Livre blanc.
Alors que le tome 1 faisait l’état des lieux, le tome 2 entend passer du constat à l’action. Le Chapitre 1 rappelle le cadre général du projet, le Chapitre 2 évoque des propositions d’actions à mener dès le collège et le lycée auprès d’élèves issus de milieux sociaux défavorisés, en particulier dans les établissements de REP ou REP+. Parmi les actions proposées, un renforcement des dispositifs de tutorat pour contribuer à la réussite scolaire, l’organisation d’activités scientifiques ou favorisant l’ouverture culturelle, une aide à l’orientation et à la préparation d’une entrée dans les études supérieures, ou encore une implication des familles dans les activités d’ouverture. Ces propositions ont pour objectif de « lutter contre les inégalités d’accès à la formation d’ingénieur, et d’inciter les classes moyennes ou en-dessous à candidater », selon Gabriel Brassart.
Le Chapitre 3 concerne le recrutement dans les écoles du Groupe INSA, qui doit être rénové pour ne pas s’enliser dans les tendances chiffrées évoquées plus haut. Pour cela, il faut repenser les modèles de recrutement en prenant compte des réformes récentes, comme la réforme du baccalauréat ou encore la réforme des DUT/BUT, et se focaliser sur les élèves issus de filières générales et technologiques.
Le Chapitre 4 concerne l’étape qui suit le recrutement, c’est-à-dire l’accompagnement des étudiants admis au sein des INSA. Constatant des inégalités de réussite parmi les étudiants de 1e année selon l’origine sociale des étudiants, le groupe a décidé de renforcer l’accompagnement des étudiants en situation d’échec. Pour ce faire, le Groupe INSA souhaite garantir des conditions matérielles et de vie équitables, avec le développement d’aides financières, de possibilités de logement et de la diffusion d’information, mais aussi la sensibilisation et la formation des personnels et des étudiants sur les questions de biais et de préjugés. Enfin, le Chapitre 5 élargit le dispositif à l’échelle nationale, en proposant un « dispositif national INSA » dont tous les établissements ainsi que le modèle pédagogique au niveau national pourraient bénéficier.
Les études d’ingénieur dans une école du Groupe INSA : notre article
Le Groupe INSA pionnier de la diversité sociale
« Les jeunes et les familles peuvent s’auto-censurer pour des raisons économiques », souligne Carole Plossu, Directrice de l’Institut Gaston Berger. Ce constat, l’un des signaux d’alarmes ayant mené au projet du Livre blanc, met en avant la nécessité d’accompagner les étudiants issus de milieux défavorisés par l’accès à l’information avant toute chose : si les étudiants et leurs familles sont informés le plus tôt possible que les origines sociales ne sont pas un frein à la réussite, et que de nombreux dispositifs d’accompagnement existent, la diversité dans les établissements de l’enseignement supérieur pourra connaître une nette amélioration.
« La méritocratie ne marche pas », met en garde Romuald Boné, Vice Président Transformation sociale du Groupe INSA et Directeur de l’INSA Strasbourg. « Évidemment, il y existe des réussites basées sur le mérite : ça peut fonctionner individuellement, mais quand on regarde les statistiques globales, ça ne marche pas. Notre logique est donc de proposer des solutions qui passent d’une logique d’équité collective, comme les cordées de la réussite qui sont liées à des zones ciblées, à une logique d’équité individuelle : on passe d’une logique de territoire à une logique d’individu. »
En faisant de ce projet non pas un ensemble d’actions limité aux écoles du Groupe INSA mais un Livre blanc public, le groupe met à disposition de tous les résultats de sa recherche et espère entraîner avec lui d’autres écoles qui seraient sensibles à ces sujets.
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