Issu d’un milieu défavorisé, dans une famille de cinq enfants, Cyril a intégré les plus grandes écoles françaises. Elève moyen au collège, il s’est révélé en première et terminale. Après une classe préparatoire, il a rejoint l’institut Mines-Télécom Business School (IMT-BS), avant de poursuivre ses études au CELSA et à Sciences Po. Pour Thotis, Cyril revient sur son ascension et donne de précieux conseils !

 

Par Thibaud Arnoult
Temps de lecture : 6 min

ThotisCyril, au collège, puis au lycée, quel élève étais-tu ?

Au collège j’étais un élève très moyen. J’étais dans un petit collège de province dans le sud de la France, je manquais malheureusement beaucoup d’accompagnement et je n’ai pas eu un seul ami avant la 4ème (rires). Au lycée, les choses ont changé. J’étais dans une classe avec une majorité d’élèves aspirants « S », une filière qui était – et qui est sûrement encore – considérée comme la voie royale, à tort selon moi, car les autres filières sont aussi excellentes. J’avais ensuite opté pour ES, ce qui m’a extrêmement réussi, puisque je suis resté premier de la classe entre la première et la terminale. Ce que j’aimais en ES, c’était d’être pluridisciplinaire et de faire de l’économie, une matière que j’adore. J’étais incollable, à tel point que j’ai eu 20 en épreuve de SES du bac. Je me suis donc beaucoup amusé et je me suis fait de supers amis que j’ai encore auprès de moi aujourd’hui !

 

Lorsque vos parents touchent seulement le RSA, vos perspectives d’avenir risquent d’être bien différentes des enfants chez qui les parents ont un travail et une situation stables.

 

Un message aux lycéens qui liront cet article ? Croire en leurs rêves de réussite ?

Je pense qu’il est important de bien travailler, même si vous sentez que la filière dans laquelle vous êtes n’est pas parfaite pour vous. Mais il ne faut pas sous-estimer ses notes au lycée qui seront scrutées en études supérieures, certaines fois même jusqu’en master et en entretien d’embauche avec le baccalauréat. Mais que vous fassiez ES, S, L et n’importe quelle autre filière, l’important est de vous appliquer et d’avoir les meilleurs résultats pour bien commencer vos études supérieures, et ce, même si vous ne savez pas quoi faire plus tard. C’est même encore plus important lorsque vous n’avez une idée bien claire de ce que vous souhaitez faire comme licence ou comme master. Le système des études supérieures peut être bête et méchant, alors mieux vaut s’appuyer à minima sur de bonnes notes pour accompagner vos rêves et vos ambitions. Et ce n’est pas parce que vous n’avez pas de rêve professionnel spécifique que cela veut dire que vous n’êtes pas ambitieux.

Et si vous avez du mal à avoir de bonnes notes, engagez-vous dans des associations, créez un blog, multipliez les initiatives extra-scolaires : ce sont de formidables expériences à valoriser sur votre CV, surtout quand vous souhaitez entrer à Sciences Po par exemple où la part belle est donnée à la fibre entrepreneuriale et aux prises d’initiatives.

 

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Ne venant pas d’un milieu favorisé, quel conseil donnes-tu à ceux qui pensent que la reproduction sociale est inhérente à la réussite dans le supérieur ?

En effet, ma mère ne travaillait pas et mon père vivait de quelques petits boulots. Nous sommes cinq enfants et lorsque vos parents touchent seulement le RSA, vos perspectives d’avenir risquent d’être bien différentes des enfants chez qui les parents ont un travail et une situation stables. Mais mon père a toujours tout fait pour que je développe ma curiosité et mon envie d’apprendre. Et peu importe que vous sentiez un gap entre vous et les autres élèves de milieux plus favorisés, il faut compter sur cette curiosité et ce goût pour la connaissance, car c’est dans le savoir que nous sommes égaux. Mes parents n’ont jamais douté de moi et de ma capacité à faire de grandes études. Mon père, qui nous a quittés malheureusement en 2019, m’avait toujours rêvé en ministre ou en économiste. C’est pourquoi il a été très fier de me voir en école de commerce, à la Sorbonne et à Sciences Po. Il m’a toujours encouragé et ça m’a toujours permis d’aller plus loin, car je voulais le rendre fier et lui montrer que j’étais heureux d’en être arrivé là…

 

Mais même si l’amour de mes parents m’a permis de faire de belles études, je le dois avant tout à mon travail et à mon envie de progresser, qu’importe les schémas de reproduction sociale. Vient cependant un moment où ce schéma peut vous frustrer lorsque vous êtes en classe avec des élèves de familles plus favorisées et que vous devez chaque soir et chaque week-end travailler dans un restaurant pour payer votre loyer. Mais il ne faut pas laisser les mauvais sentiments vous emporter, ça ne sert à rien. Il faut être fier de soi et se dire que votre parcours n’en sera que méritant. Le travail paie, c’est certain, mais il faut avant tout croire en soi, qu’importe les épreuves, c’est la recette de la réussite.

 

Pourquoi avoir fait le choix de la classe préparatoire ? Comment as-tu vécu la classe préparatoire ? Ce que tu en retiens ?

La classe prépa est l’une des meilleures formations qui soit pour commencer ses études, et peu importe qu’elle soit parisienne ou provinciale. J’avais choisi une classe prépa HEC option économie à Troyes, en Champagne, alors que j’étais un pur produit du sud de la France. Je voulais partir loin pour vivre ma propre vie et étudier à fond. Quelques problèmes de santé m’ont cependant empêché de poursuivre l’entièreté de ma prépa, j’ai littéralement passé les concours d’écoles de commerce tout seul à vrai dire en deuxième année. Et heureusement je m’en suis très bien sorti ! L’esprit prépa vous « apprend à apprendre » et à bouillonner de savoirs. C’est à la fois épanouissant et profondément fatiguant. Mais le jeu en vaut la chandelle, vraiment. Et qu’importe que vous soyez le dernier de classe ou que vous enchaîniez les 7 sur 20, il ne faut pas du tout perdre confiance en soi, les prépas fonctionnent comme ça. Au concours, tout est bien différent (et les notes bien meilleures), et une fois en école de commerce, vous vous rendrez compte que la prépa vous a vraiment servi. Elle risque même de vous manquer !

 

Tu as ensuite fait le choix d’intégrer IMT-BS, pourquoi ? Quelle a été ta spécialisation ?  Ce que tu as aimé dans cette école ?

J’ai choisi l’Institut Mines-Télécom Business School pour plusieurs raisons. La première, c’est que l’école bénéficiait d’un double-visage manager-ingénieur. Ses cours étaient très techniques (probabilités, programmation, système d’information, etc.) et restaient bien sûr ancrés dans le programme des écoles de commerce (finance, marketing, RH, etc.). J’avais été pris à SKEMA et à beaucoup d’autres écoles, mais je voulais une école différente, qui apportait une plus-value et qui, surtout, était dans l’ère des nouvelles technologies. De plus, l’école était gratuite pour les boursiers. Moi qui viens d’un milieu défavorisé, j’ai d’ailleurs eu l’énorme aubaine de n’avoir jamais payé mes études : que cela soit de la prépa, en passant par l’IMT-BS, le CELSA ou encore Sciences Po.

Cette école m’a permis de faire deux ans de master entièrement en anglais dédiés au marketing international et à la stratégie d’entreprise, avec d’excellents cours en finance, en économie et en entrepreneuriat. J’ai beaucoup apprécié cette école. Elle est également parfaite pour celles et ceux qui souhaitent se spécialiser dans les nouvelles technologies et les « matières dures » comme la data, les systèmes d’informations et même les systèmes d’informations appliqués à la finance. Une majorité d’élèves finissent consultants au sein de grands groupes et de grands cabinets, et n’ont rien à envier aux autres écoles.

 

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Pourquoi avoir fait le choix d’intégrer le CELSA ? En quoi le CELSA a-t-il été un plus ?

En école de commerce, le marketing et la stratégie ont toujours été deux matières que j’adorais. Je voulais approfondir ces sujets, alors j’ai rejoint le Master de Marketing & Branding du CELSA qui m’a permis d’aller au fond des problématiques de marques, d’apporter une approche sociologique voire anthropologique à mes connaissances business. Cette école vous apprend à penser comme un chercheur, peu importe votre spécialisation. Et c’est quelque chose que j’ai particulièrement apprécié, moi qui voulais faire un doctorat en gestion. Les professeurs sont tous passionnés et très souvent chercheurs dans leurs matières. L’école est à taille humaine et familiale, tout en restant ancrée dans l’histoire de la Sorbonne. C’est, par ailleurs, une école reconnue dans un éventail très large de domaines : que vous fassiez des ressources humaines, du marketing, de la communication, de la politique. Et pour cause, j’ai pu voir que les Celsiens faisaient preuve de capacités d’analyse et de réflexion tout à fait incroyables en invoquant les enseignements des sciences sociales.

Lors de ce Master, j’ai eu la chance d’effectuer mon stage de fin d’étude comme Chief of Staff de la PDG de General Electric France. Pour rappel, un Chief of Staff, qu’on peut traduire par chef de cabinet, est chargé d’accompagner un dirigeant sur un très large éventail de missions : stratégie, affaires publiques, communication, financement, etc. Mon parcours en école de commerce adossé à mon master du CELSA m’a ainsi permis d’être aussi à l’aise dans les missions visant à assurer la communication de la PDG et ses prises de parole, que dans la production de rapports économiques, d’études de marchés, de projets d’investissement et de notes de cabinet sur des sujets techniques et pointus (énergie du futur, secteur pétrolier, intelligence artificielle, etc.).

 

Ensuite, tu as choisi Sciences Po, pourquoi ? Quand on regarde ton parcours, peut-on parler d’une ascension académique ?

Je ne me permettrais pas de parler d’ascension, car cela supposerait que Sciences Po serait « au-dessus » de l’IMT-BS et du CELSA. L’IMT-BS, comme je l’ai dit, est une école excellente si l’on veut travailler dans les nouvelles technologies. Le CELSA, de son côté, est davantage reconnu comme un sésame en communication et en marketing. Sciences Po est une école tout à fait particulière, puisqu’on peut littéralement faire un peu ce que l’on veut quand on sort, qu’importe sa spécialité.

J’y ai d’ailleurs fait un Master pluridisciplinaire au sein de la nouvelle Ecole du Management et de l’Innovation et j’ai pu bénéficier de cours auxquels je n’aurais jamais pu participer ailleurs : cours d’économie des médias avec Nicolas de Tavernost (PDG d’M6), cours de stratégie d’entreprise avec le PDG de Pinterest France, cours de sondage et d’opinion avec des pointures de BVA et d’Ipsos, cours d’histoire des liens entre politique et Dieu par un professeur reconnu dans le domaine, cours de ressources humaines avec la DRH de Konbini, et la liste est extrêmement longue. J’avais peur à vrai dire que ce Master soit une redite du Master que j’avais effectué en école de commerce, mais pas du tout, car bien que ces deux Masters fussent axés sur le management, Sciences Po m’a permis d’ouvrir davantage mon esprit à l’esprit critique, au débat, de me former à la rhétorique et à la pluridisciplinarité. On vous apprend à traiter de n’importe quel sujet en un temps record et aller au fond des choses, cela peut être éreintant mais c’est avant tout passionnant.

 

Grâce à ce Master, je finalise aujourd’hui mon apprentissage à Euronext, le groupe boursier leader en Europe qui détient par ailleurs la Bourse de Paris, que j’effectue auprès de la Directrice de la Communication du groupe – une ancienne de Sciences Po. Cette alternance m’a permis jusqu’ici d’être au cœur du système financier européen, d’aiguiser mes connaissances sur le financement des entreprises et sur l’ensemble du système lui-même (M&A, private equity, régulation, etc.). J’y ai pu avoir de belles responsabilités, une très belle confiance de la part de ma Directrice que j’apprécie énormément et que je remercie pour sa bienveillance, ainsi qu’une formation complète pour me préparer aux enjeux stratégiques d’une entreprise. Ça a été une expérience incroyable auprès de collaborateurs géniaux. Cinq ans auparavant je n’aurais jamais pensé m’épanouir dans le milieu de la finance et de la stratégie, souvent associé à un monde froid et austère, mais je n’y vois là que le résultat d’une curiosité intellectuelle fructueuse et du goût du challenge. C’est pour cela qu’à la suite de cet apprentissage en septembre, j’aimerais intégrer un cabinet de conseil en stratégie, en management ou en innovation, et mettre à profit cette pluridisciplinarité qui m’a toujours épanoui et réussi.

 

Aujourd’hui tu as un « triple diplôme », mais quels sont tes domaines de compétences ?

Si j’ai développé une compétence qui sera utile dans n’importe quel métier selon moi, ce sont mes capacités rédactionnelles. J’aime profondément écrire, que cela soit pour écrire des histoires (j’ai été finaliste du concours de nouvelles de Sciences Po), que pour rédiger des rapports, des livres blancs ou des articles de presse. Je fête d’ailleurs ce mois-ci ma 4ème année d’autoentrepreneur en tant que plume indépendante : j’ai ainsi travaillé pour des grands groupes (Total, EDF, Mazars, etc.) et des leaders d’opinion sur des projets protéiformes et passionnants. Je suis certain que ce sera là toujours une compétence appréciée des recruteurs.

Deuxième point, je dirais que c’est ma capacité d’analyse et de problématisation. A travers mes stages et mes formations, j’ai pu justement affûter ces capacités et réussir à lever les bonnes questions, à mettre en avant les bonnes données pour répondre à ces questions, ainsi qu’à synthétiser les situations les plus complexes. Ce sont là des compétences qui me réussissent le plus je pense, car ce sont justement des exercices que j’apprécie.

Enfin, je dirais également que j’ai pu apprendre à être innovant. J’aime trouver les idées, les appliquer, être créatif, lancer de nouveaux projets. C’est une fibre entrepreneuriale que j’ai toujours secrètement développée au fil de mes expériences.

 

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Concernant tes stages, et ton projet professionnel, peux-tu nous en dire plus ?

J’ai effectué de nombreux stages, que cela soit en cabinet d’affaires publiques, de communication, en grandes et petites entreprises. J’ai, à mon avis, développé un triptyque axé autour du marketing, du business et des affaires publiques. J’ai eu l’opportunité de travailler directement pour des Directions (Corporate, Communication, Marketing, Affaires Publiques, etc.) et j’ai toujours profondément apprécié ce contact, tout en restant opérationnel et flexible. J’ai aujourd’hui développé de nombreuses compétences qui seraient parfaites pour travailler en tant que consultant en cabinet de conseil en management, en stratégie ou sein de pôles d’innovation d’entreprise. Je veux pouvoir mettre à profit ces compétences et cette multidisciplinarité, car j’aime travailler avec des secteurs variés, avec des grandes et petites organisations sur des enjeux protéiformes : financement, marketing, RH, IT, innovation…

 

Quels sont tes grands projets, désormais ? Un dernier mot ?

Mon projet est de trouver mon premier emploi dès lors que mon apprentissage se terminera en septembre. Comme je l’ai dit, je vise avant tout à intégrer un cabinet de conseil, mais je ne suis pas un carriériste invétéré, je veux avant tout aller là où je m’épanouirai afin de donner le meilleur de moi-même.

C’est d’ailleurs là le mot et le meilleur conseil que je pourrais donner aux jeunes lecteurs, que vous soyez en lycée ou en études supérieures : il faut s’épanouir dans chacune de vos expériences professionnelles et extra-scolaires, dans chacune de vos formations. Prenez le meilleur de celles-ci, car ce n’est que comme cela que vous forgerez au mieux vos forces, vos compétences et vos ambitions.

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