Les étudiants de l’association NEORATEUR ont organisé en décembre une conférence-débat autour des enjeux climatiques avec Jean-Marc Jancovici, l’un des experts les plus reconnus sur le sujet. Retour sur la conférence « Crise climatique & énergétique, peut-on respecter l’accord de Paris sans tout réinventer ? »
Par Laura
Jean-Marc Jancovici, invité de NEORATEUR
NEORATEUR est l’association d’art oratoire et d’éloquence de l’école de commerce NEOMA, qui organise régulièrement des ateliers de prise de parole, mais aussi des débats et des conférences par et pour les étudiants de l’école. Cette fois, la conférence-débat, qui s’est tenue sur le campus de Reims, était ouverte à tous les publics et accueillait comme invité d’honneur l’ingénieur Jean-Marc Jancovici : co-fondateur de Carbone4, cabinet de conseil spécialiste de la stratégie bas carbone et de l’adaptation au changement climatique, et président du Think Tank « the Shift Project », il a accepté de prendre la parole au sujet de la crise climatique et énergétique.
Avant son intervention, plusieurs acteurs ont pris la parole, notamment Téo Perrin, président de l’association NEORATEUR et étudiant du programme Grande École de NEOMA, Pascal Choquet, directeur du campus de Reims de NEOMA, et Cédric Chevalier, Président de l’Agence d’Urbanisme et de développement de la région de Reims, qui a contribué à rendre la conférence possible. Pascal Choquet a en particulier souligné le rôle clé de l’enseignement supérieur dans la transition écologique et énergétique, dans la préparation même des jeunes à celle-ci : « La tâche est immense, et l’urgence indiscutable », a-t-il déclaré.
Lors de sa prise de parole, Jean-Marc Jancovici a tout d’abord fait un retour en arrière dans le temps, insistant sur le fait que plus loin on regardait dans le passé, plus loin on pouvait aller dans l’avenir. En reliant l’augmentation du PIB dans le monde à l’augmentation de la production et ainsi l’augmentation de la consommation de ressources, il a démontré que la crise climatique et énergétique était incontestablement d’origine humaine.
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La commercialisation de l’énergie, nourriture des machines
Provocateur, Jean-Marc Jancovici a rappelé au public que c’est la consommation en masse de l’énergie, sans l’économiser, qui a permis de faire fonctionner les machines, et donc qui a permis à une immense partie de la population d’avoir le temps d’accéder à des études longues et avoir un travail de bureau. Selon lui, une majorité des emplois aujourd’hui pourraient être assurés par des machines que l’on pourrait commander par la voix, à la seule condition qu’une telle technologie soit mise en place. « L’énergie, c’est la nourriture qui permet aux machines de fonctionner », explique-t-il. « Les machines nous permettent aujourd’hui de démultiplier la puissance de nos propres organismes par des multiples qui étaient inimaginables pour le Français ordinaire d’il y a quelques siècles. » Selon lui, parler de productivité ne prend souvent pas en compte les prothèses mécaniques que sont les machines qui se cachent derrière l’illusion de productivité humaine de nos jours.
Avec la consommation d’énergies qui ne cesse d’augmenter, tout comme la multiplication de toujours plus de types d’énergie utilisés, il devient urgent de ralentir la cadence, à défaut de tout arrêter, pour empêcher le pire scénario imaginable. Selon Jean-Marc Jancovici, il est possible d’amortir le choc, à condition de renoncer à certaines habitudes contemporaines, selon une hiérarchie des renoncements qu’il faudrait dresser. Il sera en effet impossible de tout garder : la notion de choix nécessaire était au cœur de son discours concernant l’avenir.
Peut-on respecter l’accord de Paris sans tout réinventer ?
L’accord de Paris prévoit de contenir (plutôt que de renverser, car en si peu de temps ce serait impossible) l’augmentation de la température moyenne de la planète en-dessous de 2°C. Selon Jean-Marc Jancovici, « Si on veut respecter les 2°C, il faut que les émissions planétaires baissent de 5% par an à partir de maintenant, tous les ans, de telle sorte qu’elles soient divisées par au moins 3 d’ici à 2050 (…) Divisé par 3, c’est une baisse de 5% par an : c’est la baisse qu’on a eu en 2020, l’année du Covid (…) Il faudrait alors 1 Covid supplémentaire par an, en plus. »
Malgré un bilan pessimiste sur la situation actuelle, il a tenu à mettre en avant l’importance de prendre des décisions collectives et non pas individuelles pour agir : la Convention Citoyenne pour le Climat, par exemple, était selon lui une initiative intéressante dans le cadre de l’établissement d’une hiérarchie des renoncements.
Retrouvez l’intégralité de la conférence NEORATEUR sur YouTube :
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