Y voir clair parmi les 25 000 formations Parcoursup et éviter les erreurs pour bien choisir son école

Dans un entretien pour Thotis, Delphine Manceau, Présidente de la CGE (Conférence des Grandes Écoles) et directrice générale de NEOMA, partage ses conseils experts pour accompagner les familles et les jeunes dans leur projet d’orientation et en éviter les pièges. 

Elle revient notamment sur les critères permettant d’évaluer l’adéquation d’une formation avec le profil d’un élève, éclaire les différences entre établissements reconnus et non reconnus par l’État, précise ce qui définit une « grande école », et aborde les enjeux relationnels entre parents et enfants dans les choix d’orientation, ainsi que les principaux écueils à éviter sur Parcoursup.

Je dirige NEOMA Business School depuis 2017 et j’ai été élue Présidente de la Conférence des Grandes Écoles en juin dernier. Je m’investis également dans plusieurs organismes nationaux et internationaux qui réfléchissent à l’avenir de l’enseignement supérieur, comme l’AACSB qui accrédite des business schools dans le monde entier et où je siège au Board.

Avant de rejoindre NEOMA, j’ai longtemps travaillé à l’ESCP comme Professeure et j’y ai occupé plusieurs fonctions de direction. Mon expertise académique se situe au croisement du marketing et de l’innovation. J’ai fait un rapport ministériel sur ces sujets, été conseillère auprès du Commissaire européen à la recherche et l’innovation, et publié plusieurs ouvrages et articles.

Sur le plan académique, je suis diplômée de l’ESCP, docteure en sciences de gestion (HEC Paris), et j’ai fait un post doc à la Wharton School, aux États-Unis.

La Conférence des Grandes Écoles rassemble près de 250 Grandes Ecoles et environ 500 000 étudiants. Elle regroupe une grande diversité d’écoles – ingénieurs, management, sciences politiques, design, art, écoles de la défense… – qui ont en commun la recherche de l’excellence, la proximité aux entreprises, la qualité de l’insertion professionnelle des diplômés, l’importance de la vie étudiante, une forte dimension internationale, leur engagement dans la qualité pédagogique, leur travail sur les défis de demain…

La CGE joue plusieurs rôles : elle représente ses écoles auprès des pouvoirs publics et elle valide la qualité des formations grâce à des accréditations et labels. Elle réalise également un travail de réflexion et de coordination à travers ses commissions et ses groupes de travail.

Établir ses vœux n’est pas qu’une question de stratégie, c’est aussi un exercice émotionnel délicat.

L’objectif est d’aider son enfant à formuler des vœux accessibles, en lien avec son dossier scolaire et ses chances d’admission, mais qui correspondent aussi à ses envies profondes et à son projet d’avenir. Cela exige de poser un regard réaliste sur son profil et ses résultats. Il faut combiner des vœux que l’on est certain d’obtenir pour assurer ses arrières avec des vœux plus ambitieux et quelques rêves. Les parents ont un rôle clé à jouer : écouter, dialoguer, rassurer, accompagner. La diversité des choix formulés est essentielle.

Il ne faut pas juger à partir d’un site internet séduisant ou de la simple mention d’organisme « reconnu par l’Etat ». Il faut rechercher si la formation a des labels de qualité. Regarder si elle a des « visas » ou des « grades » du Ministère de l’enseignement supérieur, c’est le signal de la meilleure qualité. Être membre de la Conférence des grandes écoles est également un gage de qualité. Pour les écoles de commerce, les accréditations internationales comme EQUIS et AACSB sont aussi de vraies garanties.

Il peut être facile de se perdre dans les brochures et les intitulés. Il faut donc garder en tête que rien ne remplace le concret : aller aux journées portes ouvertes, dans les salons, échanger avec les étudiants et les équipes. Allez dans l’école si vous le pouvez, vous verrez les locaux et sentirez l’ambiance ! Et regardez les contenus des enseignements, les spécialisations, les universités partenaires à l’international, les stages proposés ou encore le taux d’insertion professionnelle.

Trois dimensions doivent être croisées : ses centres d’intérêt, son niveau scolaire et son projet professionnel s’il en a un. Si une formation suscite sa curiosité, correspond à ses points forts et lui ouvre des perspectives cohérentes, elle est sans doute adaptée et votre enfant aura alors toutes les chances de suivre son parcours avec succès … Les enseignants ou professionnels peuvent aussi donner un éclairage précieux.

C’est l’un des grands défis de l’adolescence. L’orientation post-bac est source de stress, et en tant que parent il est naturel de vouloir protéger son enfant. Pourtant, l’accompagnement le plus efficace consiste à guider sans imposer : poser des questions, le pousser à réfléchir, l’inciter à échanger avec des jeunes qui ont quelques années de plus et ont suivi ce parcours, pour qu’il puisse s’identifier et poser toutes ses questions. C’est ainsi que l’enfant construit son projet, gagne en confiance et apprend à assumer ses choix, tout en se sentant soutenu. En somme, je dirais qu’Il s’agit d’être présent pour conseiller et rassurer, l’aider à réfléchir sans projeter sur lui ses propres envies et centres d’intérêt, et l’aider à prendre ses propres décisions.

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La plateforme est très complète. Il faut prendre le temps de la regarder en détail, elle contient énormément d’informations sur un très grand nombre de cursus, notamment grâce à la fiche d’identité de chaque formation. Naviguez dans Parcoursup avec votre enfant, aidez-le à passer du temps sur la plateforme. Il faut garder en tête qu’aujourd’hui Parcoursup reste la voie la plus sûre vers des formations reconnues. Contourner la plateforme, c’est risquer de choisir une formation de qualité incertaine, voire non reconnue.

Et il faut ensuite compléter avec d’autres sources d’informations : les sites officiels des établissements, les médias spécialisés comme Thotis, les classements, les articles de presse, les avis d’anciens, les conseils du lycée… autant de sources qui apportent des angles complémentaires. Toutefois, rien ne remplace l’expérience directe : visiter le campus, rencontrer des enseignants et étudiants, poser des questions. Croiser plusieurs sources fiables permet de se forger une bonne vision.

Le choix d’une école doit s’appuyer d’abord sur des critères précis. Les labels qualité évoqués précédemment (visas et grades du ministère de l’enseignement supérieur, labels CGE, accréditations), profil des enseignants, débouchés professionnels, qualité des locaux et des infrastructures, services d’accompagnement des étudiants. La part des cours en présentiel est également un critère : à la sortie du bac, avoir une majorité de cours à distance n’est pas idéal pour engager les jeunes dans leurs études et les amener à se faire des amis.

Je pense qu’il faut laisser la priorité aux questions qui permettent de comprendre concrètement comment se passent les études sur place. Qui enseigne les cours ? Est-ce que ce sont des professionnels de la pédagogie ou seulement des intervenants ponctuels ? Est-ce que les cours sont en amphi ou en groupes restreints ? Quels services accompagnent les étudiants pour la vie étudiante, la réflexion sur leur projet professionnel, la recherche de stages ? Quelle est la qualité des locaux et permettent-ils une vie étudiante agréable ? Y a-t-il des associations étudiantes ? Quelles perspectives d’étudier à l’international sont proposées et dans quelles universités ? Quels sont les taux d’insertion professionnelle à la sortie ? Que sont devenus les étudiants sortis récemment ? Sur tous ces sujets, l’idéal est de combiner données factuelles et impressions de terrain, par exemple lors d’une visite sur place. Et il est très utile de discuter avec des élèves de l’Ecole pour se projeter et juger si l’école correspond à son profil et à ses attentes.

Au-delà des frais de scolarité, il faut regarder quels sont les débouchés professionnels et ce que l’école apporte en retour : qualité de la formation, opportunités de stages, expérience internationale… Un coût élevé peut être justifié s’il ouvre des perspectives solides, avec à la clé une insertion professionnelle réussie. Dans ce cas, les frais de scolarité doivent être considérés comme un investissement sur le long terme.

Il faut aussi demander si l’élève aura accès à des bourses. Les écoles peuvent indiquer quels seront les montants octroyés en fonction du revenu des parents. Et demander s’il y a des perspectives de jobs étudiants et une aide pour obtenir des prêts étudiants.

En tant que parent, il est essentiel de vérifier plusieurs gages de qualité pour sécuriser l’avenir de son enfant. Il faut regarder les reconnaissances du Ministère de l’enseignement supérieur (visas, grades…) qui valident la qualité du diplôme et facilitent la poursuite d’études ou l’accès au marché du travail. Être membre de la CGE est aussi un gage de qualité et tous nos membres ont le grade de Master. Il existe aussi des accréditations internationales, comme AACSB ou EQUIS pour les écoles de management, qui sont un indicateur fort de l’excellence de l’institution au niveau mondial.

Quant à la notion de “grande école”, elle renvoie à l’excellence académique et à la proximité avec le monde professionnel. Les Grandes Ecoles sont aussi très orientées vers les sujets technologiques et d’intelligence artificielle mais aussi de transition climatique. Elles sont également fortement tournées vers l’international et se définissent par leur vie étudiante riche.

Les classements représentent un indicateur utile, et souvent, être mentionné dans un classement est en soi un très bon signal de qualité. Néanmoins, les classements reposent sur des critères globaux, avec des méthodologies variées, qui ne correspondent pas forcément aux besoins de chacun. Il faut déterminer ce qui correspondra à votre enfant, sa personnalité, son projet. Le vrai critère de réussite, c’est l’adéquation entre la formation et les aspirations de l’élève.

Le calendrier Parcoursup comporte des étapes précises et des délais stricts : formulation des vœux, saisie des projets de formation motivés, réponses des écoles, puis phase de confirmation. Il faut donc anticiper et bien s’organiser en amont. Il faut suivre le calendrier de votre enfant pour s’assurer qu’il ne va pas laisser passer de date importante, et l’aider à bien préparer en amont. C’est une question d’organisation.

Même si Parcoursup est parfois stressant, il ne faut pas chercher à le contourner. Les formations de qualité sont toutes sur Parcoursup. Se tourner vers une formation hors Parcoursup, c’est prendre le risque d’avoir une formation de piètre qualité et non reconnue.

L’important est de dialoguer, d’échanger et d’anticiper. Les parents doivent essayer d’accompagner leur enfant de manière sereine, en ne transmettant pas les inquiétudes qu’ils peuvent ressentir. Veiller à bien distinguer ses propres attentes de celles de son enfant. Cela exige beaucoup de dialogue et de rester confiant. Il y a de très nombreuses formations excellentes sur Parcoursup. C’est une nouvelle phase qui démarre, qui va permettre de belles découvertes, et aussi ouvrir la voie à des métiers qu’on n’imaginait pas forcément. Enfin, il faut garder à l’esprit que chaque parcours est unique : l’orientation est avant tout une occasion d’explorer ses passions, de se révéler, et parfois même de se surprendre positivement. La diversité des formations permet de trouver sa voie, même si celle-ci n’est pas forcément tracée d’avance.

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