L’université parisienne lance une offensive pour rivaliser avec les géants anglo-saxons. Son président, El Mouhoub Mouhoud, dévoile une stratégie ambitieuse : doubles diplômes internationaux, « Paris Schools » interdisciplinaires et combat contre les écoles privées « opportunistes ». Le président de l’Université PSL, au micro de Thotis, revient sur la stratégie et sa vision pour l’université parisienne.

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« Les classements, ce n’est pas une fin en soi. C’est un résultat pas un objectif », lance El Mouhoub Mouhoud. Pourtant, le président de l’Université PSL (Paris Sciences et Lettres) depuis décembre dernier affiche un cap clair : renforcer sa place d’université de recherche de rang mondiale innovante 2035. Actuellement classée dans les 30 premières universités de la planète, PSL multiplie les initiatives pour accélérer son ascension.

Pour cet économiste de 63 ans, ancien président de Dauphine PSL, l’enjeu dépasse la simple reconnaissance internationale. « Mon objectif, c’est d’en faire un instrument de partage de l’excellence. L’excellence pour soi n’a pas beaucoup d’intérêt, mais l’excellence partagée pour s’ouvrir à la diversité, pour des motifs à la fois d’équité mais aussi d’efficacité. » Une conviction qu’il argumente en économiste : la diversité réduit la défiance dans les relations sociales et l’aversion au risque, « un mal français ».

80 brevets et 90 start-ups par an

Les chiffres témoignent de l’impact économique de l’établissement : PSL dépose près de 80 brevets par an et accompagne 90 start-ups annuellement. « C’est quand même un impact sur l’innovation, sur l’industrie, la réindustrialisation, la compétitivité du pays », souligne El Mouhoub Mouhoud. Sa vision ? Une université qui transforme la société, pas seulement une institution qui « cristallise l’excellence en recherche ».

Cette ambition se concrétise par la création de nouvelles structures : les « Paris Schools ». Le principe : partir des 14 grands programmes de recherche financés en interne à hauteur de 40 millions d’euros pour créer des écoles interdisciplinaires et internationalisées.

Les « Paris Schools » : former aux chocs de demain

Première née cette année, la Paris School of Artificial Intelligence propose des parcours du bachelor au master et doctorat accessibles via Parcoursup. « Ces formations fondées sur la recherche garantissent de ne pas être pris dans des connaissances obsolètes », explique le président. L’argument est économique : dans un monde soumis à des chocs technologiques, géopolitiques et climatiques imprévisibles, la bidisciplinarité devient une arme contre « l’érosion des connaissances et des compétences ».

PSL a même inventé un dispositif original : les « thèses binommées ». Deux doctorants travaillent sur le même sujet, chacun dans sa discipline, produisant des papiers communs tout en préservant leur expertise propre. « Approfondissement et combinaison des compétences, pas de purée disciplinarité », résume El Mouhoub Mouhoud.

D’autres écoles suivront : Engineering dès 2026 (portée par Chimie Paris-PSL, Mines et ESPCI), Climate Change & Biodiversity (issue du programme TERRAE) et Arts (rassemblant le Conservatoire et les Arts décoratifs,). L’objectif : permettre aux étudiants de combiner plusieurs disciplines dès la licence. « Les jeunes ne souhaitent pas lâcher des domaines dans lesquels ils sont très bons. S’ils ont deux cordes dans leur arc, nous faisons tout pour qu’ils puissent les conserver à très haut niveau », indique le président.

PSL et Rice University : le pari américain assumé

Pour internationaliser ces nouvelles formations, PSL s’allie à de grandes universités internationales comme Rice University, établissement texan du top 40 mondial partenaire de choix au sein de la PSL Paris School of Engineering. Le bachelor of Ingeneering proposera un parcours international et offrira aux étudiants la possibilité d’obtenir un bachelor francais et un bachelor américain dès la rentrée 2026. Objectif affiché pour toutes les Paris Schools : 50% d’étudiants internationaux.

Un choix qui peut surprendre dans le contexte américain actuel, marqué par des remises en question de la liberté académique. El Mouhoub Mouhoud assume : « La seule manière de lutter ensemble contre la remise en cause de la liberté académique, c’est de nous allier avec les universités américaines, pas de les couper. Le fait que nous soyons en liens scientifiques et académiques étroits avec Rice renforce notre pouvoir de lutte contre l’obscurantisme et les déferlements anti-science. »

L’internationalisation répond aussi à une urgence démographique. Le taux de fécondité français a chuté, réduisant le vivier de candidats. « On est dans une problématique de réduction du vivier de candidatures à des filières sélectives. L’internationalisation élargit les champs des possibles pour recruter les meilleurs étudiants », analyse-t-il.

 

La bataille mondiale des talents

En spécialiste des migrations, El Mouhoub Mouhoud connaît les enjeux de l’attractivité. Les États-Unis retiennent 75% de leurs étudiants internationaux après leur diplôme, contre seulement 40% en France. « La bataille pour l’attractivité des compétences, c’est celle qui est à l’origine des avantages compétitifs technologiques. Ce n’est pas juste la recherche et développement. C’est avoir les chercheurs futurs, les start-upeurs futurs, des gens capables de fabriquer de la connaissance et de la transformer en innovation. »

Une opportunité s’ouvre selon lui : l’administration américaine actuelle rebute de nombreux étudiants internationaux. PSL peut tirer profit de l’attractivité de Paris, de son environnement de recherche et de sa culture. D’autres partenariats sont en discussion avec de grandes universités américaines et britanniques pour les Paris Schools d’IA et d’Arts.

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Les classements : « une externalité positive »

Certains établissements français, comme Sorbonne Université, ont décidé de quitter certains palmarès. El Mouhoub Mouhoud défend une position différente. Les classements ne sont « pas la panacée, mais importants » car ils sanctionnent la qualité de la recherche et garantissent une confrontation aux meilleures pratiques mondiales. Il préfère parler de « coopétition » plutôt que de compétition.

L’impact est concret : le gouvernement britannique a créé un visa HPI (High Potential Individuals) réservé aux diplômés de 37 universités mondiales, dont PSL. Tous les diplômés de l’établissement peuvent ainsi accéder directement au marché du travail britannique.

« Le classement international nous oblige à innover, à offrir aux étudiants et à la société des formations de très grande qualité fondées sur la recherche. Ce n’est pas pour se tisser des lauriers, c’est pour le bien de nos étudiants, de la société et de l’économie », martèle le président.

L'excellence ouverte : casser le « modèle bancal » français

Au-delà des ambitions internationales, El Mouhoub Mouhoud veut faire de PSL un modèle d’ouverture sociale. Son diagnostic sur le système français est sévère : un « équilibre bancal » avec des filières sélectives « malthusiennes » d’un côté, des filières de masse avec 40% d’échec en licence de l’autre.

« On sait bien, c’est documenté, que les 15 à 20% d’étudiants qui ne sont pas admis dans des filières très sélectives ont le même niveau que ceux qui sont admis. Donc on rejette 15 à 20% d’étudiants qu’on laisse soit aux écoles privées, soit à l’international », dénonce-t-il.

Sa solution : augmenter les effectifs dans les filières sélectives à qualité constante. L’exemple de la double licence IA-sciences des organisations à Dauphine le montre : avec une moyenne de 19,5 en maths et 50% de filles, l’établissement aurait pu doubler les effectifs de 30 à 60 étudiants « sans aucun problème ».

L’argument économique pèse lourd : avec des taux d’insertion proches de 100% après le Master 2, « le retour sur investissement est milliardaire ». Les diplômés de PSL bénéficient d’une prime salariale documentée par l’OCDE, générant des recettes fiscales importantes.

Financer la mobilité internationale

Mais l’ouverture sociale nécessite des investissements ciblés. El Mouhoub Mouhoud pointe une inégalité invisible : deux étudiants de même niveau en maths ne peuvent pas également partir en semestre de mobilité internationale en raison du coût du logement. « Investir dans la diversité nécessite d’aller chercher des fonds pour financer le départ de ces étudiants méritants mais défavorisés. »

Le président en appelle, notamment, aux alumni pour « financer des programmes de suivi des étudiants ». L’objectif est clair : 30% de boursiers dans les nouvelles formations, comme c’est déjà le cas dans les CPES (Cycles pluridisciplinaires d’études supérieures) de PSL.

Ces CPES, lancés avec les lycées Henri IV et Louis Le Grand, illustrent l’ambition. Grâce à Parcoursup, le vivier de candidatures a explosé : Dauphine est passée de 10 000 à 25 000 candidats pour le même nombre de places. « Ça offre un vivier beaucoup plus large » avec 30% de boursiers à niveau de compétences élevé.

Guerre contre les écoles privées « opportunistes »

Sur la régulation du privé lucratif, El Mouhoub Mouhoud ne mâche pas ses mots. Il distingue les établissements « sérieux qui cumulent des compétences sur le long terme » des « free riders », ces « passagers clandestins » qui entrent dans l’enseignement supérieur par des biais : l’immobilier, les subventions à l’apprentissage, sans recherche de qualité.

« Ces institutions n’ont pas fait leurs preuves dans le domaine en question, que ce soit l’IA ou d’autres domaines, et rentrent en détournant les subventions publiques », dénonce-t-il. Le risque ? « Réduire extrêmement fortement la qualité de l’offre de formation », comme l’a fustigé la Cour des comptes.

Il appelle à soutenir le projet de loi du ministre Philippe Baptiste pour introduire des mécanismes de régulation et d’évaluation indépendante. « Laisser l’anarchie d’entrée et l’opportunisme, c’est très dangereux pour notre système d’enseignement supérieur, pour l’innovation et la compétitivité de la France. »

Le président nuance toutefois : certaines écoles privées sont « excellentes, évaluées par les labels ». C’est l’absence de garde-fous qu’il dénonce, pas le privé en tant que tel.

Un modèle économique sous tension

Malgré ces ambitions, PSL n’échappe pas aux difficultés budgétaires du supérieur français. « On n’a pas échappé au statut de radicale baisse sur les financements publics. On est dans une période compliquée », reconnaît El Mouhoub Mouhoud.

Sa stratégie : consolider le modèle économique de 2025 à 2030 pour porter ensuite les objectifs de l’université. La force de PSL réside dans son autonomie financière : plus de 50% de ressources propres.

Les nouvelles Paris Schools adopteront des droits d’inscription progressifs selon les revenus, sur le modèle de Dauphine et Sciences Po. « C’est plus équitable, ça nous permet d’avoir 30% de boursiers, donc l’excellence ouverte. Et ça permet d’assurer la pérennité de notre formation, de ne pas réduire les dotations par étudiant », justifie le président.

DG sur Écoute : Université PSL

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Le parcours personnel comme boussole

Cette vision engagée de l’université puise dans l’histoire personnelle d’El Mouhoub Mouhoud. Dans son livre « Le prénom » (Seuil), paru en septembre, il raconte son arrivée de Kabylie en France à 10 ans. « Mon parcours n’a rien d’exceptionnel. Beaucoup de gens issus de l’immigration et de la classe ouvrière réussissent grâce à l’école », écrit-il.

Mais ces réussites restent invisibles. « Les débats publics se focalisent sur les queues de distribution statistiques, d’un côté les délinquances dans les cités, de l’autre les héros du football ou du rap. Mais entre les deux, la masse de gens qui réussissent par l’école est complètement invisibilisée. »

Il évoque son père, ouvrier, qui leur répétait : « Je ne vous laisserai pas d’héritage matériel, mais je vous laisserai quelque chose que vous ne pourrez jamais céder : le savoir. Et le diplôme. » Une « injonction » commune en Kabylie : « Devenir quelqu’un qui sait, quelqu’un qui apprend. Apprendre et transmettre. Rien de matériel dans cette histoire. »

Un message qu’il veut transmettre aux jeunes : « J’espère que ce livre sera lu des jeunes, pour leur dire d’y aller. » De l’enfant d’immigré kabyle au président d’une des plus prestigieuses universités françaises, la boucle est bouclée.

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