Centrale Méditerranée accélère sa transformation pour devenir un territoire source de l’ingénierie responsable

Avec son plan stratégique CAP 2030, l’école d’ingénieurs méditerranéenne accélère sa transformation. Formations repensées, recherche engagée, campus durable… Thotis vous explique comment cette ambition pourrait redéfinir le modèle de l’établissement.

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Centrale Méditerranée, anciennement “École Centrale de Marseille”, fait partie du réseau des Écoles Centrale. Implantée à Marseille, elle forme chaque année des ingénieurs généralistes et des managers scientifiques dans un environnement méditerranéen qui constitue désormais le cœur de sa stratégie.

Dirigée par Carole Deumié, l’école s’est engagée dans une démarche de transformations responsables qui structure aujourd’hui l’ensemble de son projet stratégique 2023-2030. En novembre 2025, l’établissement a franchi une nouvelle étape en annonçant l’accélération de cette démarche, matérialisée par la publication de son Schéma Directeur Développement Durable & Responsabilité Sociétale et Environnementale (DD&RSE).

L’ambition affichée est claire : faire de Centrale Méditerranée un « territoire source de l’ingénierie responsable » d’ici 2030. Cette formulation traduit une vision dans laquelle l’école se positionne comme un espace d’expérimentation, de formation et de recherche entièrement orienté vers les enjeux de transition.

« Dans un monde en mutation, où notre souveraineté n’est plus un acquis, notre ambition est de former des ingénieurs impliqués dans la Cité, capables d’agir pour répondre aux défis environnementaux et sociétaux », déclare Carole Deumié. La directrice insiste sur une approche globale : « Portée par une vision systémique, notre démarche de transformations responsables structure le plan stratégique sur l’ensemble de nos missions : former, chercher, innover ainsi que la vie au sein de l’Établissement et le positionnement institutionnel. »

Cette transformation ne se limite pas aux contenus pédagogiques. Elle englobe toutes les dimensions de l’établissement, de la recherche à la vie quotidienne sur le campus, en passant par les relations avec l’écosystème économique et institutionnel méditerranéen.

La particularité de la stratégie de Centrale Méditerranée réside dans son ancrage scientifique.

L’école a adossé sa stratégie à la théorie du Donut de l’économiste Kate Raworth, un modèle économique qui vise à respecter les limites planétaires tout en assurant un plancher social pour l’humanité.Cette démarche systémique permet à l’établissement d’établir son diagnostic et de définir sa « boussole », en intégrant toutes les dimensions liées aux limites planétaires et au plancher social. Concrètement, cela signifie que les ambitions du plan stratégique sont conditionnées à une optimisation des ressources et des moyens, ainsi qu’à une recherche d’équilibre entre performance et robustesse.

Cette rigueur méthodologique a permis de définir 100 actions opérationnelles et transversales, structurées autour de trois dimensions clés :

● Transformer les missions fondamentales (formation, recherche, innovation)

● Travailler, vivre et s’engager sur un campus durable

● Porter haut les valeurs d’égalité, de diversité et d’inclusivité

L’enrichissement apporté par la participation de l’école à la Convention des Entreprises pour le Climat renforce cette démarche, qui se veut collaborative et ancrée dans l’écosystème méditerranéen.

Face aux défis écologiques, climatiques et sociétaux, associés aux enjeux de souveraineté, Centrale Méditerranée place la formation au cœur de sa transformation. L’objectif étant de former des ingénieurs conscients des limites planétaires et capables d’agir avec discernement.

Dans tous les cursus, l’école développera un socle scientifique consacré aux transitions écologiques et au développement soutenable. Au-delà de ce socle théorique, les étudiants bénéficieront de présentations d’entreprises et d’organisations engagées dans les transitions.

Ce dispositif vise à confronter les futurs ingénieurs à la réalité des acteurs économiques qui ont fait le choix de la transformation responsable, leur permettant de comprendre concrètement comment se traduisent ces engagements dans le monde professionnel.

Les semaines dédiées à l’idéation dans le programme ingénieur évoluent. Les acteurs économiques et institutionnels seront sélectionnés au regard des thèmes qu’ils portent. Ces organisations soumettront aux élèves des défis concrets liés à l’évolution du territoire méditerranéen : eau, transports, aménagement…

Cela permet aux étudiants de travailler sur des problématiques réelles, ancrées dans leur territoire, et de développer des solutions en lien direct avec les besoins identifiés par les acteurs locaux.

L’innovation pédagogique la plus ambitieuse concerne la création d’un semestre d’apprentissage par l’action. Ce semestre sera entièrement dédié à un travail long en groupe avec des entreprises labellisées portant des projets responsables et coopératifs, notamment dans les domaines de l’énergie et des mobilités décarbonées.

Cette immersion prolongée permettra aux étudiants de dépasser le stade du projet académique pour s’engager dans des démarches professionnelles concrètes, en collaboration étroite avec des entreprises qui incarnent les valeurs de responsabilité que l’école souhaite transmettre.

Parmi les nouvelles formations et spécialisations qui seront créées, le projet MECENE Méditerranée illustre la volonté de l’école d’aligner son offre de formation avec les besoins du territoire. Ce projet permettra de créer ou renforcer des parcours du bac+3 au bac+5 dans la filière de l’éolien en mer flottant.

Cette spécialisation répond à un enjeu stratégique pour la région méditerranéenne, qui voit se développer cette filière d’avenir pour la production d’énergie renouvelable. En formant des ingénieurs spécialisés dans ce domaine, Centrale Méditerranée contribue directement au développement économique de son territoire tout en formant aux métiers de la transition énergétique

L’école affirme son attachement aux valeurs d’égalité, de diversité et d’inclusion en développant ses programmes pour accueillir des publics plus variés. Un enjeu majeur concerne l’attractivité auprès des jeunes filles, qui représentent actuellement 30% de l’effectif étudiant.

Cette dimension de la stratégie ne se limite pas à des déclarations d’intention : elle fait partie des trois axes majeurs du plan stratégique et bénéficie d’actions dédiées parmi les 100 identifiées dans le Schéma Directeur DD&RSE.

Centrale Méditerranée entend faire de la recherche un véritable levier de transformations durables. Cette ambition se décline en plusieurs axes : innover pour et avec la société, faire émerger de nouveaux modes de connexion avec l’écosystème pour l’innovation, et agir concrètement pour l’égalité femmes-hommes dans la Recherche.

Pour renforcer sa démarche, l’établissement créera un pôle d’expertise adossé à la chaire UNESCO « Innovation pour le développement durable ». Cette chaire est l’héritière du Réseau méditerranéen des écoles d’ingénieurs, fondé par Centrale Méditerranée elle-même, témoignant de l’engagement historique de l’école dans la coopération méditerranéenne.Ce pôle d’expertise permettra de fédérer les compétences, de structurer les travaux de recherche orientés vers le développement durable et de rayonner à l’échelle internationale, notamment dans l’espace méditerranéen.

L’école accentuera son soutien aux projets de recherche et d’innovation qui s’inspirent du vivant pour repenser les technologies. Cette approche biomimétique fera l’objet d’appels à projets spécifiques, encourageant les chercheurs à explorer comment la nature peut inspirer des solutions techniques durables.

Un exemple concret de cette dynamique : l’intégration de l’école au consortium 3IA Côte d’Azur en 2025. La reconnaissance de la qualité des enseignants-chercheurs de Centrale Méditerranée a conduit à un soutien de type fellow pour une thématique visant à modéliser le vivant grâce à l’Intelligence Artificielle.

Dans une démarche réflexive, l’école s’interroge sur l’évolution des méthodes d’évaluation de la Recherche. L’objectif est de travailler de nouveaux indicateurs pour qualifier la qualité et l’impact de la science au-delà des métriques usuelles (nombre de publications, facteur d’impact…), en cohérence avec la responsabilité sociale et les limites planétaires.

Cette remise en question des critères d’évaluation académiques traditionnels traduit la volonté de l’école de ne pas se contenter de transformer ses contenus, mais d’interroger également les systèmes de valeur qui structurent la recherche scientifique.

Centrale Méditerranée associe toutes ses parties prenantes à l’accélération de sa démarche de transformations responsables. Cette mobilisation se traduit par plusieurs actions concrètes : fédérer un écosystème qui anime et soutient les transformations, réinventer les méthodes et les pratiques de travail (y compris les mobilités), et entretenir un cadre de vie et de travail inclusif propice à l’engagement et au bien-être de toutes et tous.

L’école constitue un cercle de partenaires engagés réunissant entreprises, acteurs publics, académiques et ONG. L’objectif est de mettre leurs expertises communes au service de l’innovation et de la recherche.

Cette dynamique est déjà à l’œuvre, comme en témoigne le projet CORIFER, mené en partenariat avec Alstom et Systerel. Ce projet développe une plateforme de sécurité pour les trains intelligents, illustrant comment la coopération entre industriels et établissement de recherche peut produire des innovations concrètes dans le domaine de la mobilité durable.

Loin d’être de simples bénéficiaires de ces transformations, les élèves sont associés à la stratégie de l’école. Des élus étudiants aux Transitions Environnementales et Développement soutenable interviennent dans le comité de Direction et participent aux groupes de travail.

Cette implication des étudiants dans la gouvernance témoigne de la volonté de l’école de construire ce changement avec eux et non pour eux. Elle garantit également que les décisions prises correspondent aux attentes et aux besoins de la communauté étudiante.

Centrale Méditerranée créera également un réseau de diplômés impliqués dans des projets de transition écologique ou d’innovation sociale. Ce réseau permettra de maintenir un lien entre les générations et d’offrir aux étudiants actuels des modèles inspirants et des opportunités de mentorat.

Dans les prochaines semaines, Centrale Méditerranée organisera et animera une assemblée citoyenne pour un campus régénératif. Cette démarche participative mobilisera l’ensemble des parties prenantes de l’école afin d’engager l’action sur l’évolution des modes de vie et de travail.

Comme le souligne la direction, « notre lieu de travail étant lui-même un levier de redirection », le campus devient un espace d’expérimentation où se testent et se déploient les pratiques durables que l’école souhaite promouvoir.

Pour coordonner cette dynamique engageante impliquant de nombreux acteurs, Centrale Méditerranée a structuré son organisation. L’école a constitué un réseau de référents, nommé une chargée de mission vie de l’élève, et particulièrement renforcé son équipe dédiée avec le recrutement d’une chargée de transformations responsables.

Cette structuration organisationnelle vise à garantir la cohérence de l’ensemble des actions, à maintenir la dynamique sur le long terme et à assurer un pilotage efficace des 100 actions identifiées dans le Schéma Directeur DD&RSE.

Carole Deumié insiste sur la dimension territoriale de cette évolution : « Nous la menons à l’échelle du territoire, en synergie avec nos élèves, nos enseignants-chercheurs, nos personnels, les entreprises et les acteurs publics, avec une conviction : nous avons un monde à transformer. »

Cette approche traduit la conviction que les transformations ne peuvent se faire en vase clos, mais nécessitent une coopération étroite avec l’ensemble des acteurs du territoire. L’école se positionne ainsi comme un acteur majeur de la transformation de son territoire, au-delà de sa seule mission de formation.

Avec son plan CAP 2030, Centrale Méditerranée propose un modèle ambitieux de transformation de l’école d’ingénieurs. En articulant démarche scientifique rigoureuse, innovation pédagogique, recherche engagée et ancrage territorial, l’établissement démontre qu’il est possible de concilier excellence académique et responsabilité environnementale et sociale.

La démarche de transformations responsables et sa dynamique témoigne notamment d’une volonté de dépasser le stade des déclarations d’intention pour entrer dans une phase de mise en œuvre opérationnelle. Les prochaines années diront si ce modèle peut inspirer d’autres établissements d’enseignement supérieur confrontés aux mêmes défis.

Pour les futurs étudiants en recherche d’une formation d’ingénieur porteuse de sens, Centrale Méditerranée offre une perspective claire : celle d’une école qui assume pleinement sa responsabilité dans la formation des acteurs des transformations à venir, dans un environnement méditerranéen porteur d’enjeux spécifiques et d’opportunités uniques.