Mercredi 14 juin, les élèves de terminale passaient la tant redoutée épreuve du bac de philosophie. Le même jour, l’école hybride tech et business Paris School of Technology & Business décidait d’organiser un duel hors normes : ChatGPT contre Raphaël Enthoven. L’occasion de se questionner sur l’arrivée de l’IA dans le domaine de l’enseignement.
À l’heure où la présence de l’intelligence artificielle gagne du terrain dans nos vies, que vaut une copie du bac rédigée par l’intelligence artificielle chatGPT ? Quelle place pour un tel logiciel dans l’Enseignement supérieur ? La machine a-t-elle vocation à devenir le concurrent du cerveau humain ? À la remplacer ? Nous avons assisté au “match” opposant le philosophe Raphaël Enthoven à l’IA ChatGPT, organisé par PST&B.
Raphaël Enthoven
Match ChatGPT contre Raphaël Enthoven : le résultat est sans appel
En février 1996, Garry Kasparov, meilleur joueur d’échecs au monde, s’inclinait devant l’ordinateur Deep Blue. Si cette victoire a pu questionner certains esprits sur le progrès technologique de l’Homme contre la machine, cet événement est à relativiser.
Pour le match inédit opposant l’écrivain du Temps Gagné à ChatGPT, il y avait, selon les correcteurs Éliette Abécassis, (philosophe et membre du conseil d’orientation stratégique de PST&B) et Lev Fraenckel, (professeur de philosophie, Serial Thinker sur TikTok), une réelle différence d’écriture, dès les premières phrases. Eliette Abécassis l’explique ainsi : “On remarque que tout est faux et tout à l’air vrai”
Pour rappel, ChatGPT avait, en amont, reçu une programmation de plus de 50 lignes pour correspondre au “style” de Raphaël Enthoven. Les deux adversaires ont eu une heure pour écrire une dissertation sur « Le bonheur est-il affaire de raison ? ». À l’issue de cette rédaction, une main innocente a dû réécrire de façon manuscrite les deux copies, pour duper les correcteurs. Sans grande surprise, c’est bel et bien l’éditorialiste et agrégé de philosophie qui remportait la partie haut la main : 20/20 pour Raphaël Enthoven contre 11/20 pour ChatGPT.
En lien avec PST&B : Trouve ton camarade de promotion avec Thotis !
Au sortir de la rédaction de sa copie, Raphaël Enthoven explique son avis sur la question de ChatGPT et la raison pour laquelle, selon lui, il n’y avait pas matière à comparaison :
“Sommes-nous capables de créer des êtres qui sont capables de nous échapper ? Je ne le crois pas.” En citant le mythe du Golem, monstre imaginé pour défendre son créateur, tout comme Éliette Abécassis, il met en avant une peur ancestrale ; celle d’être dépassé par la machine. Mais, de son point de vue philosophique, cela est impossible car : “La machine ne fait pas la même chose que l’Homme”.
Et d’évoquer le danger de la fabrication de fake news, facilitée par l’intelligence artificielle :
“Le plus grand problème, c’est notre désir de croire ; notre servitude volontaire. Le fait de croire à une image parce qu’elle nous fait plaisir et non parce qu’elle est vraie. En réalité, le désir de croire est plus fort que la vérité”.
Pour Raphaël Enthoven, une question prime encore plus sur le sujet de l’intelligence artificielle :
“Qu’est-ce qui, en nous, échappe à la machine ? Là est la vraie question.” Et selon lui, la réponse serait la suivante : “Ce qui échappe à la machine en nous, c’est la simplicité d’une intuition, d’un élan.”
À lire aussi : découvre la Licence de Philosophie :
La Licence Philosophie : matières, organisation et débouchés
L’Enseignement à l’heure de l’intelligence artificielle
ChatGPT pour rédiger un devoir, mise en situation via la réalité virtuelle, applications de morphing… L’intelligence artificielle ouvre tout un monde de possibilités. Dans les domaines de la médecine ou de la mécanique, l’IA apparaît comme une solution bénéfique contre l’erreur. En se servant de données enregistrées personnelles (lignes de code, visages, voix, vocabulaire…), les robots intelligents peuvent réaliser des prouesses technologiques parfois bluffantes.
Armand Derhy, Fondateur et Directeur de PST&B, rappelle que dans l’enseignement, ce sont davantage ceux qui délivrent la connaissance qui se servent de ChatGPT : “51 % des professeurs aux États-Unis utilisent chatGPT pour leurs cours”. Par ailleurs, il est pertinent de s’intéresser à l’opinion de Bill Gates sur le sujet de l’IA. Il considère effectivement ce progrès technologique comme étant le plus significatif depuis l’invention du téléphone portable. ChatGPT, arrivé sur nos canaux depuis moins d’un an, a vu son nombre d’utilisateurs grimper de 100 millions en l’espace de seulement deux mois.
À l’heure où de nombreuses Grandes Écoles décident d’inclure l’intelligence artificielle à certains cours, cet outil semble, pour le futur, indispensable à maîtriser. En effet, certains étudiants s’en servent déjà pour certaines tâches. Selon un sondage partagé par Armand Derhy lors de la conférence, pas moins de 49 % des entreprises l’utilisent actuellement. En parallèle, la maîtrise de l’IA ne sera pas la seule évolution avec laquelle il faudra composer. Le directeur de PST&B le souligne : “Les 4 compétences du 21ème siècle seront les suivantes : la créativité, l’esprit critique, la coopération et la communication”.
À ce propos, Raphaël Enthoven souhaite vivement que l’épreuve de philosophie du bac soit maintenue, après l’épisode “désastreux” de cette année. Selon lui, cette épreuve est fondamentale. Elle offre d’abord la possibilité pour l’élève de raisonner, de décortiquer un problème dans une phrase et de progresser dans sa réflexion.
Crédit : Mohamed Nohassi