À quoi s’attendre en licence Science Politique ? Quelles sont les matières étudiées ? Les débouchés ? Nathalie Ethuin, maître de conférences et responsable de la licence science politique de l’Université de Lille et Marie, étudiante en licence de Science Politique à Lyon 2 ont répondu à nos questions !

Par Mathilde Lacoume

Pouvez-vous présenter la licence Science Politique ?

Nathalie Ethuin : La licence science politique est une licence pluridisciplinaire. Cette licence contient beaucoup d’enseignements de science politique, les politiques locales et internationales. Mais aussi, des cours de droit et d’économie sont proposés à nos étudiants.

Les cours de science politique en langue anglaise sont proposés « au choix ». Grâce à cette formation, les étudiants abordent en trois ans, tous les aspects de la science politique : sociologie politique, pensée politique, politique publique, relation internationale, etc.

Pourquoi as-tu choisi la licence de Science politique ?

Marie : En prépa, comme tout élève de prépa, j’étais inscrite en parallèle à la fac pour obtenir des équivalences, et en deuxième année j’ai fait le choix de m’inscrire en L2 de science politique. A l’issue de la 2ème année, j’ai constitué un dossier pour intégrer la L3 de science politique au cas où je ne réussirais pas les concours, pour plusieurs raisons : parce que j’ai su rapidement que je ne voulais pas réessayer les concours, parce que le programme de cette L3 m’intéressait, et parce que c’était un peu un choix par défaut, je me suis intéressée à cette licence parce que j’étais déjà inscrite dans la L2. Une licence paraissait être la voie naturelle après deux années de prépa, puisque je voulais faire des études longues (au moins bac + 5).

Quel profil faut-il avoir pour intégrer la licence Science Politique ?

Nathalie Ethuin : Si nous faisons abstraction du parcours scolaire, les profils favorisés pour intégrer la licence science politique restent des profils ayant beaucoup de curiosité intellectuelle. Il faut, en effet être, en permanence informé et curieux de l’actualité française et mondiale. Nous favorisons également les profils ayant une aisance rédactionnelle et aimant lire. Beaucoup de travaux écrits et d’exposés oraux vous seront demandés.

Marie, selon toi, à qui s’adresse la licence de Science Politique ?

Marie : Cette licence s’adresse à toute personne qui s’intéresse à la vie politique, à la société, à son fonctionnement, aux relations internationales, aux notions telles que le pouvoir, la démocratie… Il faut être très curieux et aimer lire.

Il n’y a pas de critères de sélection en L1 à part avoir le bac. La sélection commence plutôt après (on peut accéder par des passerelles, il faut juste des équivalences, par exemple avoir validé 1 année dans l’enseignement supérieur si on veut intégrer la licence en L2), et les critères forment un ensemble : notes, appréciations, assiduité, lettre de motivation, expérience…

Le profil complet doit correspondre à ce qui est recherché : des étudiants passionnés, sérieux, qui s’intéressent à une grande palette de sujets. Les bonnes notes sont importantes mais le seuil n’est pas forcément très haut (au-dessus de 10-11/20, en fonction du reste du dossier, ça peut passer). Pour intégrer en cours de route après d’autres études, c’est quand même mieux si les études antérieures appartiennent au champ des sciences humaines et sociales.

Les profils des étudiants dans cette licence sont extrêmement variés, ils viennent de tous les bacs (mais quand même pas plutôt bac général), ont des âges différents, des niveaux hétérogènes qui se resserrent néanmoins au fur et à mesure que les années avancent dans la licence. Les principales qualités requises sont la curiosité, aimer lire (beaucoup !), avoir de la culture générale (en histoire, en économie, mais aussi pop culture…), un intérêt pour l’actualité et les débats.

Quel est le rythme des cours en licence Science politique ?

Nathalie Ethuin : En licence science politique, il y a six cours par semestre à raison de trois heures par semaine et par matière. On compte donc dix-huit heures de cours magistraux. Il y a en plus trois TD (travaux dirigés) disciplinaires qui comprennent deux TD en français et un TD de langue étrangère. Cela fait donc un total de vingt-deux heures trente de cours par semaine en y ajoutant les TD. Il faut également compter les nombreuses heures de travail, en dehors des cours, afin de préparer au mieux les TD et les partiels. Il faut compter cinq à six heures de travail minimum pour préparer un seul TD. En première année de licence science politique, au premier semestre, vous aurez par exemple, des cours magistraux (trois heures par semaine chacun) tels que : vie politique française, introduction à la politique mondiale, principes généraux du droit constitutionnel. Les étudiants auront ensuite le choix entre un TD en anglais, allemand ou espagnol. Ce TD est accompagné de trois autres TD au choix : histoire du droit, grande théorie économique ou introduction aux juridictions institutionnelles / introduction au droit international. Les étudiants font le choix de trois TD parmi tous ces cours proposés.

Au deuxième semestre, un cours en anglais sur la politique française est proposé. D’autres cours sont proposés au second semestre comme : enjeux sociaux contemporains et introduction à la science politique, droit constitutionnel de la 5ème République.

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Quelles sont les matières principales dispensées en licence de Science politique ?

Marie : Ça dépend des universités : certaines dispensent du droit, d’autres non. La mienne est très axée sociologie : sociologie de l’action publique, sociohistoire, sociologie historique de l’Etat, sociologie des mobilisations collectives, sociologie électorale, sociologie des institutions… Mais toute licence de science politique dispense des cours de relations internationales, de politique comparée et internationale, de politique de l’Union Européenne, ainsi que des cours d’anglais (ou autres langues). Les enseignements changent à chaque année de la licence.

Quelles différences entre une licence science politique, un IEP (institut d’école politique) et Science Po?

Nathalie Ethuin : L’entrée dans un IEP se fait suite à un concours. L’entrée à l’université ne se fait pas par concours, mais par la sélection Parcoursup. Dans une université, les étudiants feront plus de science politique. En effet, dans un IEP, certains étudiants feront énormément de droit pour devenir juriste et feront très peu de science politique par exemple. D’autres choisiront, un parcours économie et finance et feront également peu de science politique. Au contraire, dans une licence science politique en université, la science politique et la science sociale sont au cœur des enseignements. Intellectuellement parlant, un étudiant apprendra tout autant de choses au cours de sa licence science politique qu’un étudiant en IEP.

L’entrée à Science Po ou dans un autre IEP reste prestigieuse, car très sélective par leur concours d’entrée. Mais sur le point de vue intellectuel, les enseignements de l’université sont tout autant stimulants. On y enseigne toutes les grandes branches de la science politique, mais aussi des matières de droit et d’économie pour solidifier la culture.

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Est-il difficile de valider une licence de Science politique ?

Marie : Pour valider ses années en licence science politique, il faut avoir minimum 10 de moyenne générale (sachant que les notes peuvent se compenser d’une UE à l’autre, et qu’il y a des possibilités de rattrapage.). Le rythme de travail s’accroit entre L1 et L3, mais ça reste gérable même en L3. Il y a beaucoup d’articles à lire par semaine, des notes de synthèse et des dossiers à rendre, des exposés collectifs à préparer… Donc il y a beaucoup de travail à faire, mais il y a seulement environ 20h de cours par semaine donc on a le temps de travailler assez tranquillement.

Je ne sais pas si la majorité des élèves inscrits en L1 valident leur licence, je n’ai pas de chiffre mais en tout cas je sais que le nombre d’étudiants se réduit significativement entre la L1 et la L3, parce que certains étudiants ne réussissent pas, d’autres se réorientent…

Comment se présente le travail personnel licence de Science politique ?

Marie : Il faut bien connaître les cours pour les examens sur table à la fin du semestre évaluant les CM. Des connaissances supplémentaires peuvent être les bienvenues mais elles ne sont pas nécessaires pour avoir une bonne note. Le format de l’examen peut être une dissertation en 2 ou 3h, ou quelques questions auxquelles il faut répondre de façon détaillée en 2h. Il n’y a pas de QCM. Pour l’évaluation des TD, c’est du contrôle continu : notes de synthèse sur les articles à lire, dossier de recherche (10-20 pages), exposés en groupe, note de participation au cours… La lecture d’articles (chaque article faisant entre 20 et 30 pages généralement) est obligatoire dans la plupart des TD car la discussion des textes forme la base du cours.

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As-tu rencontré des difficultés pendant ta licence de Science politique ?

Marie : On a quelque chose à rendre presque chaque semaine donc il faut faire des efforts constants pour bien faire tout le travail qui est demandé.
M’adapter au changement de « philosophie » entre la prépa et la fac a été difficile : en prépa, on dispose de beaucoup d’autonomie dans la façon dont on gère son travail et l’évaluation est seulement ponctuelle au moment des colles et des DS ; à la fac, il y a aussi de l’autonomie, mais plus de surveillance de la part des profs : on a quelque chose à rendre presque chaque semaine donc il faut faire des efforts constants pour bien faire tout le travail qui est demandé. En prépa, des lectures supplémentaires sont recommandées mais pas obligatoires, alors qu’à la fac, il y a beaucoup de lectures obligatoires. En prépa, il y a beaucoup plus d’heures de cours et quand même beaucoup de travail personnel à fournir, donc on travaille presque tout le temps, alors qu’on a plus de temps libre à la fac, et donc ce nouveau temps libre a été difficile à gérer pour moi, il fallait que je trouve un équilibre entre travailler trop comme en prépa, ou ne pas travailler assez et me retrouver submergée par la charge de travail (parce que c’est loin d’être vrai qu’on peut totalement se la couler douce à la fac !). Par une bonne organisation, sans laisser les choses à la dernière minute, j’ai pu surmonter ces difficultés.

Quelles difficultés peuvent rencontrer les étudiants au sein de la licence ? Vos conseils pour réussir ?

Nathalie Ethuin : La difficulté principale serait qu’un étudiant se doit d’être bon dans toutes les matières. Il ne peut pas se relâcher sur une matière en particulier. Parfois, certaines matières, notamment de droit, peuvent s’avérer être plus difficiles et les étudiants peuvent y avoir de moins bonnes notes qu’en science politique par exemple. Certains peuvent avoir du mal à saisir le raisonnement juridique, mais les enseignants mettent un point d’honneur à soutenir cette minorité d’étudiants. Grâce à la persévérance des étudiants et de leurs enseignants, nous comptons 65% de réussir en première session et 75% à la seconde.

Quelle est la dimension internationale de cette licence? Quelle est la valeur du diplôme à et les débouchés à l’international?

Nathalie Ethuin : Nos diplômes sont assez bien reconnus à l’international, il y a régulièrement plusieurs dizaines d’étudiants par universités qui partent afin de réaliser un semestre ou une année dans une université étrangère. Certains trouvent même du travail à l’étranger, notamment les étudiants avec une spécialité humanitaire ou dans les affaires européennes en master par exemple.

Quels sont les masters auxquels un étudiant post licence peut prétendre ?

Nathalie Ethuin : Chaque université propose une variété de masters différents. À l’université de Lille par exemple, le master se divise en six parcours différents : le parcours communication publique et démocratie participative (pour former des chargés de mission par exemple), le parcours ingénierie de projet en politique urbaine (pour travailler sur des questions d’urbanisme ou de politique de la ville par exemple), le parcours affaire européenne, le parcours action humanitaire (permet des débouchés dans les institutions non-gouvernementales), le parcours action territoriale (pour préparer au concours de la fonction publique territoriale, notamment le concours d’attaché territorial) et enfin le parcours recherches (pour des étudiants qui se destinent à faire une thèse). Il existe également des masters à dimensions géopolitiques ou encore master sécurité/défense.

Certains étudiants se destinent vers d’autres masters tels que des master de communications, de journalisme etc.

Quels conseils donnerais-tu à un lycéen qui souhaite faire cette formation ?

Marie : C’est important de s’intéresser régulièrement à l’actualité, aux débats qui ont cours dans la société et les médias ; c’est bien de commencer à lire des articles, des ouvrages sur des sujets qui intéressent mais ça n’a rien de nécessaire, le rythme est croissant entre la L1 et la L3 donc l’adaptation se fait bien. Pas besoin de connaissances préalables majeures, il faut juste de l’esprit critique, de la motivation, de l’organisation et de la passion pour le politique, et de l’appétence pour les sciences humaines et sociales en général.

Quels sont les débouchés d’une licence science politique ?

Nathalie Ethuin : Beaucoup s’orientent vers la profession de chargé de mission au conseil régional, chargé de mission politique de la ville, assistant parlementaire collaborateur d’élu, chargé de mission dans des associations humanitaires, chargé de projets européens par exemple. D’autres étudiants qui ont obtenu un master spécialisé sur les enjeux de défense, de sécurité ou de diplomatie, se destinent vers une voie diplomatique.

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