La grande école de management triplement accréditée, inaugure un nouveau campus en plein cœur de Berlin. L’objectif : faire de la capitale allemande son laboratoire grandeur nature pour former des managers hybrides, à l’aise entre data, design et développement durable.
C’est un pari qui aurait semblé audacieux il y a encore dix ans. Implanter une business school française au cœur de Berlin, dans un quartier où se côtoient ambassades, startups greentech et galeries d’art contemporain. Pourtant, pour Florence Legros, directrice générale d’ICN Business School, l’équation est limpide : « Berlin n’est pas un choix par défaut. C’est un terrain naturel pour notre pédagogie ATM – Art, Technology & Management. La ville est un laboratoire permanent. »
Depuis 2019, ICN avait déjà posé ses valises dans la capitale allemande, mais dans des locaux de fortune. Cette fois, l’école frappe fort avec un campus de 2 000 m² flambant neuf, situé à Alt-Moabit, en bordure de Spree. Six salles de cours, un auditorium, une salle Bloomberg pour les apprentis traders, et même un patio pour les pauses café entre deux sessions de design thinking. Le tout à quelques minutes à pied de la Hauptbahnhof, la gare centrale qui connecte Berlin à toute l’Europe.
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Berlin, la ville-monde qui ne dort jamais
La capitale allemande incarne à elle seule ce que l’Europe a de plus stimulant : un melting-pot culturel unique, une scène artistique effervescente et un écosystème tech en pleine ébullition. « Berlin, c’est 3,7 millions d’habitants et on y parle plus de 180 langues », s’enthousiasme Léa, étudiante en deuxième année du Programme Grande École. « C’est une bulle cosmopolite incroyable. » Ce multiculturalisme n’est pas qu’une carte postale. Il façonne le quotidien des étudiants. Dans les projets de groupe, les nationalités se mélangent naturellement : Français, Allemands, Polonais, Espagnols, Américains, Indiens… « On apprend à décoder les codes culturels en temps réel », explique Thomas, qui a passé son M2 à Berlin. « Comment un Allemand négocie, comment un Sud-Américain présente un projet, comment un Asiatique gère le conflit. C’est du soft skills en immersion totale. »
Kreuzberg, Friedrichshain, Prenzlauer Berg : Ces quartiers iconiques offrent bien plus qu’une ambiance bohème. Ils constituent de véritables terrains d’observation pour des
étudiants en marketing ou en innovation. « Pour notre projet de fin d’année sur les nouveaux modèles de consommation, on a passé des semaines à Kreuzberg », raconte Clara. « Friperies, cafés zéro déchet, espaces de coworking collaboratifs… On a vu en vrai ce que seront les tendances de demain. »
Alt-Moabit, où se situe le campus, joue dans une autre catégorie. Moins clinquant que Mitte, moins underground que Kreuzberg, le quartier offre un équilibre rare : « C’est posé, vert, bien connecté, et tu as les institutions à portée de main », résume un enseignant. « Les étudiantspeuvent bosser sur un projet le matin, rencontrer un diplomate l’après-midi et finir à un vernissage le soir. Tout est à échelle humaine. » La proximité du Tiergarten – le poumon vert de Berlin – et de la Spree crée une atmosphère que les étudiants parisiens envient. « Ici, tu n’as pas cette pression permanente », confie Maxime. « Entre deux cours, tu peux aller courir le long du canal, t’installer dans un parc. Ça change la donne pour la concentration et l’équilibre de vie. »
Côté emploi, Berlin coche toutes les cases. La ville abrite plus de 2 500 startups, dont de nombreuses licornes (Zalando, N26, GetYourGuide), une scène greentech dynamique, et des sièges européens de géants tech. « Le marché du travail est largement anglophone », note Florence Legros. « Un étudiant français peut y décrocher son premier job sans parler allemand couramment. C’est un avantage énorme. »
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Un campus en propre : l’atout maître de l’internationalisation
Dans le paysage des business schools françaises, beaucoup revendiquent une « présence internationale ». Mais la réalité se révèle souvent plus nuancée : des accords avec des universités partenaires, des échanges semestriels, parfois des bureaux de représentation… Rarement un campus en dur, avec ses propres murs, ses équipes permanentes et sa vie
étudiante autonome. « Avoir un vrai campus à Berlin, ce n’est pas du tout la même chose qu’envoyer des étudiants en échange », insiste Florence Legros. « C’est une implantation pérenne, avec des professeurs sur place, des locaux pensés pour notre pédagogie, un ancrage dans l’écosystème local. » Concrètement, cela change tout pour l’expérience étudiante. Fini le sentiment d’être « en visite » chez un partenaire où l’on n’est qu’un étudiant de passage parmi d’autres. À Berlin, les étudiants d’ICN évoluent dans leur propre école, avec leur identité, leurs codes, leur communauté. « Quand tu es en échange classique, tu es un peu dans le flou », témoigne Hugo, diplômé 2024. « Tu ne sais pas trop à qui t’adresser, les profs ne te connaissent pas, tu es juste un numéro. Là, à Berlin, on a nos référents, nos espaces, notre student lounge. C’est chez nous. » Cette stabilité permet aussi de construire une vraie vie associative. Trois salles sont dédiées aux associations étudiantes dans le nouveau campus. Bureau des élèves, junior-conseil, clubs thématiques (finance, entrepreneuriat, développement durable)… « On organise des événements, on invite des speakers, on monte des projets avec des entreprises berlinoises », explique Léa. « Si on était juste en échange, on n’aurait ni les moyens ni la légitimité pour faire ça. »
Pour les entreprises partenaires, la différence est tout aussi nette. « Quand Siemens, N26 ou Zalando veulent recruter ou lancer un projet avec nos étudiants, ils savent où nous trouver », souligne l’équipe berlinoise. « On n’est pas une délégation temporaire, on est un acteur permanent de l’écosystème local. Ça change totalement la nature des partenariats. »
Le Corporate Lab berlinois, qui propose des formations sur mesure aux cadres d’entreprises allemandes, en est la preuve. « Des groupes allemands nous contactent pour co-concevoir des séminaires, des hackathons, des projets d’innovation avec nos enseignants-chercheurs », détaille Florence Legros. « Ce type de collaboration serait impossible sans infrastructure propre et équipes permanentes. »
Avoir son campus, c’est aussi maîtriser sa pédagogie de bout en bout. Les salles ont été conçues spécifiquement pour la méthode ATM : espaces modulables pour les ateliers créatifs, équipements tech pour l’hybridation présentiel-distanciel, zones de prototypage… « On ne dépend pas des contraintes d’une université partenaire », précise un enseignant. « On déploie exactement ce qu’on veut, comme on le veut. »
Enfin, et c’est peut-être le plus stratégique, un campus en propre envoie un signal fort aux recruteurs. « Quand un DRH allemand voit « ICN Business School Berlin » sur un CV, il sait que ce n’est pas juste un semestre d’échange touristique », analyse Florence Legros. « C’est un vrai parcours de formation, avec la même exigence qu’à Nancy ou Paris. Ça crédibilise immédiatement le profil. »
Pour ICN, cette stratégie immobilière représente un investissement considérable – plusieurs millions d’euros – mais l’école assume pleinement le pari. « On aurait pu se contenter d’accords Erasmus et de mobilités à la carte », reconnaît la directrice. « Mais on ne forme pas des touristes académiques. On forme des Européens capables de travailler indifféremment à Paris, Berlin, Madrid ou Milan. Pour ça, il faut être présent physiquement, durablement, visiblement. »
Crédit : ICN Business School
Petites promotions, grand accompagnement : le pari anti- massification
Dans un secteur où la course à la taille fait rage – certaines écoles affichant désormais plus de 10 000 étudiants –, ICN assume une stratégie radicalement différente. « Face au retour des amphis dans certaines écoles, nous faisons de l’accompagnement des étudiants et de la pédagogie ATM nos deux axes différenciants », affirme Hervé Gaudin, directeur délégué
d’ICN. « On refuse la logique industrielle. Ici, les promotions restent à taille humaine, les profs connaissent les prénoms, et chaque étudiant a son référent. » Une philosophie qui transparaît jusque dans l’architecture du campus berlinois. Pas de gigantesque amphithéâtre de 500 places, mais des salles modulables de 30 à 40 étudiants maximum. « On veut pouvoir faire des ateliers, des mises en situation, du travail collaboratif », explique Hervé Gaudin. « Dans un amphi de 300 personnes, tu fais du cours magistral. Point. Nous, on fait de la pédagogie active. » Cette proximité se traduit aussi par un suivi individualisé du projet professionnel. « Dès la première année, chaque étudiant a un entretien avec un career advisor », détaille le directeur délégué. « On ne lâche personne dans la nature. On accompagne la construction du CV, la recherche de stage, la préparation aux entretiens. C’est chronophage, mais c’est notre ADN. »
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 3 300 étudiants répartis sur trois campus, ICN reste volontairement dans la catégorie des écoles « mid-size ». « On pourrait tripler nos effectifs demain si on le voulait », reconnaît Hervé Gaudin. « Mais à quel prix ? Perdre notre identitépédagogique, diluer notre ADN ATM, transformer nos profs en machines à corriger des copies ? Non merci. »
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ATM : quand l’art s’invite dans le management
Si ICN a un ADN, c’est bien celui-là : ATM, pour Art, Technology & Management. Une pédagogie héritée de l’alliance Artem à Nancy, qui consiste à faire travailler ensemble des étudiants d’école de commerce, d’ingénieurs et d’arts. À Berlin, cette approche trouve un terrain de jeu idéal. En mars dernier, le campus a accueilli la dixième édition de la conférence ARTEM OCC, un rendez-vous académique qui mêle chercheurs, artistes et praticiens autour de la créativité et de la durabilité. Cet été, l’ATM Summer Program a réuni des étudiants internationaux pour des ateliers de design thinking, des visites de galeries et des sessions d’entrepreneuriat. « L’an dernier, j’ai travaillé avec Heather Purcell, une artiste plasticienne basée à Berlin », raconte Maxime. « On devait imaginer un concept de startup autour de l’économie circulaire. Elle nous a fait bosser avec des matériaux recyclés, on a prototypé en vrai. Ça change des PowerPoint. » Cette dimension « hors cadre » irrigue aussi les formats pédagogiques : LEGO® Serious Play, Théâtre-Forum, métavers d’enseignement… « On ne veut pas former des clones », résume un enseignant. « On veut des profils capables de penser autrement, de croiser les disciplines, de ne pas avoir peur de l’incertitude. » « Ces méthodes ne fonctionnent qu’avec des petits groupes », insiste Hervé Gaudin. « Essayez de faire du LEGO® Serious Play avec 200 personnes. Impossible. Notre modèle pédagogique impose notre modèle économique, pas l’inverse. »
Des MSc taillés pour le marché allemand
Dès la rentrée 2026, trois Masters of Science viendront compléter l’offre berlinoise : Finance, Risk and Markets ; Brand & Marketing Management ; et Innovative Business Models &
Greentech Startups. Des intitulés en anglais, volontairement alignés sur les standards internationaux pour être « immédiatement repérables par les RH », explique l’école. Le programme inclut un tronc commun musclé : stratégie et innovation, IA et data, management responsable, gestion de projet. Puis une spécialisation en M2, avec un capstone project mené en mode consulting sur des cas réels d’entreprises. « On ne veut pas de théoriciens », tranche Florence Legros. « On veut des profils opérationnels, capables de démarrer dès le premier jour. »
Les micro-certifications (TOSA, Python, Power BI, AMF) jalonnent le parcours pour « objectiver les compétences ». Un argument de poids face aux recruteurs allemands, réputés pour leur exigence.
Un timing stratégique
L’inauguration du campus intervient à un moment charnière pour ICN. En 2025, l’école a rejoint le groupe éducatif international GEDU, renouvelé ses accréditations AACSB (6 ans) et EQUIS (5 ans), et refondu son portefeuille de MSc pour plus de lisibilité. Le grade de licence pour son International BBA, lancé en septembre 2025, est en cours d’obtention. « 2025 est une année tremplin », confirme Florence Legros. « Avec GEDU, on intensifie notre recrutement international. Avec Berlin, on matérialise notre ancrage européen. L’objectif, c’est que la circulation des talents entre la France et l’Allemagne devienne un réflexe. »
Reste à convaincre les entreprises. Si le marché de l’emploi berlinois séduit par son ouverture et sa scène tech dynamique (startups, scale-ups, greentech), la concurrence est rude. « Les recruteurs allemands sont exigeants », reconnaît l’équipe locale. « Mais nos étudiants ont un vrai différenciateur : ils maîtrisent data, design et business. Peu de profils combinent les trois.»
Pour Hugo, diplômé 2024 aujourd’hui consultant dans une agence de branding berlinoise, le calcul était simple : « Berlin, c’est l’Europe en condensé. Tu te fais un réseau hyper international, tu vis dans une ville stimulante, et tu sors avec un diplôme français reconnu. Le package idéal. »
Crédit : ICN Business School

