Dès la rentrée 2021, le DUT, une formation très appréciée des lycéens, laissera sa place au BUT. En effet, les lycéens pourront désormais candidater sur Parcoursup à un tout nouveau diplôme : le Bachelor Universitaire de Technologie (BUT), réalisable en trois ans. Afin de connaître toutes les modalités du BUT, nous nous sommes entretenus avec Laurent Gadessaud, directeur de l’IUT de Créteil-Vitry et porte-parole en charge des relations avec les organisations du réseau de l’Assemblée des Directeurs d’IUT (ADIUT).
Par Elisa Lannerey
Temps de lecture : 5min
Laurent Gadessaud, le BUT va-t-il entraîner la fin du DUT ?
Il s’agit bien de mettre en place un nouveau diplôme. Dès l’année prochaine, les jeunes candidateront sur Parcoursup pour un BUT et seront diplômés d’un Bachelor, à l’issue des 3 années. Le BUT est véritablement un nouveau diplôme pensé sur les trois ans. Néanmoins, dans le cadre de cette réforme, les étudiants obtiendront automatiquement au bout de deux ans, après la validation de 120 ECTS, un DUT.
Découvrez notre live exceptionnel sur le BUT, le Bachelor Universitaire de Technologie (remplaçant du DUT) avec Laurent Gadessaud, directeur de l’IUT de Créteil Vitry et porte parole de l’ADIUT :
Donc les étudiants de BUT pourront tout de même arrêter au bout de deux années avec un DUT en poche ?
Oui, s’ils le souhaitent. Mais, cela ne sera pas encouragé par le corps pédagogique. En effet, nous avons vraiment conçu le BUT comme un diplôme cohérent qui amène à des compétences obtenues au bout des 3 ans. Quitter en cours de route le BUT ne permettra pas d’acquérir tous les fondamentaux.
Par ailleurs, il faut avoir à l’esprit que 90% de nos étudiants, actuellement en DUT, poursuivent leurs études. S’arrêter pour entrer sur le marché de l’emploi est un phénomène de moins en moins fréquent, notamment en raison de la montée en qualification demandée par les entreprises.
Les jeunes souhaitent, de plus en plus, obtenir à minima un Bac + 3 car les entreprises ont aussi ce repositionnement-là. C’est pour cette raison que très peu de nos étudiants s’arrêteront après un Bac + 2.
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Un DUT GEA deviendra-t-il un BUT GEA ? Ou tous les noms des BUT devront être repensés ?
Nous ne changerons aucun nom. Modifier le contenu du diplôme (et son approche pédagogique) est déjà un changement important.
Le parti pris retenu par tous les acteurs de cette réforme est de reprendre tel quels les intitulés des 24 spécialités. Il n’y aura pas de suppression ou de création de spécialités. L’idée est de garder l’existence des 24 spécialités. Elles prendront désormais le nom de mention, pour reprendre le vocabulaire de l’enseignement supérieur, mais auront le même nom que les spécialités des DUT existants aujourd’hui.
Quelles sont les raisons qui ont motivé cette réforme du DUT ?
Les raisons sont très nombreuses. Tout d’abord, installer une filière technologique au niveau BAC +3, au grade de licence à 180 crédits, est quelque chose qui permet d’avoir une parfaite reconnaissance à un niveau national.
De plus, le but est évidement d’accéder à la reconnaissance européenne, qui peut favoriser la mobilité de nos étudiants, mais aussi l’accueil d’autres étudiants. En effet, le bac +3 est un parcours reconnu dans le paysage européen tout comme dans le paysage mondial.
Par ailleurs, il s’agit aussi d’une demande des entreprises. Elles ont fait évoluer leurs recrutements depuis l’arrivée des licences professionnelles, il y a une vingtaine d’années. Nous constatons une réelle demande en raison de la montée en qualification et de la complexification de certaines tâches.
Le niveau BAC+2 n’était pas toujours suffisant pour embrasser tel ou tel métier.
Cette réforme suit également une logique de sécurisation des parcours. Jusqu’à présent, après un DUT, de nombreux étudiants poursuivaient leurs études, notamment en licence professionnelle. Mais, ces étudiants passaient par deux diplômes. Or, le DUT et la Licence Professionnelle sont deux diplômes indépendants. Pour certains étudiants, partir en Licence Professionnelle pouvait les amener à revoir certaines notions vues en DUT. De fait, le BUT est un parcours sécurisé parce qu’il permet aux jeunes de se projeter directement à bac+3. Cela facilitera la lisibilité des formations post-bac.
Enfin, deux années étaient parfois insuffisantes pour que les étudiants mûrissent pleinement leur projet. Le DUT était très dense en termes d’heures et de charge de travail. Nous avons donc mis l’accent sur de nouvelles pédagogies, comme la pédagogie par projet. Elle sera très importante en BUT afin que les élèves obtiennent davantage d’autonomie et d’interdisciplinarité. Nous avons fait le pari que ce diplôme fera mieux réussir nos étudiants, notamment les bacheliers technologiques.
La fin du DUT a-t-elle également pour but d’accroître l’insertion professionnelle des étudiants ?
Bien sûr, un des enjeux majeurs est d’accroître le rôle des IUT en termes d’insertion. Nous sommes quelque peu meurtris de constater qu’il y a beaucoup d’emplois à BAC+2/3 et que nous répondons insuffisamment à cette demande de former des techniciens supérieurs. Beaucoup de jeunes sont dans une logique de poursuite d’études et ne s’emparent pas de ces emplois. Nous voulons ainsi augmenter l’insertion professionnelle de nos étudiants mais nous jouons aussi, avec cette réforme, un rôle dans la construction de la voie Technologique à Bac +5.
Certains jeunes reprendront goût aux études dans ces parcours de BUT, notamment grâce à la pédagogie et grâce au lien avec les entreprises. Ils sont ainsi capables de s’engager par la suite dans des études à BAC+5 de manière construite et assumée ce qui n’aurait peut-être pas été le cas s’ils étaient passés par des Prépas ou par la faculté.
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Est-ce qu’il y aura plus de places réservées aux bacheliers technologiques en BUT qu’il y en a actuellement en DUT ?
En effet, un objectif d’accueil de 50% de bacheliers technologiques dans les BUT est prévu. Ce sera peut-être difficile à atteindre dans certains territoires ou dans certaines spécialités, car il n’y a pas toujours un nombre suffisant de bacheliers technologiques. La filière STL, par exemple, diplôme assez peu de jeunes bacheliers contrairement à d’autres filières technologiques. Pourtant, cette filière STL irrigue beaucoup de spécialités de DUT actuels. Il y a donc aussi un enjeu de revaloriser la filière technologique aux yeux des lycéens pour qu’ils soient plus nombreux à candidater en BUT car ce diplôme est fait pour eux.
Toutefois, avoir en BUT des bacheliers généraux est aussi important.
Une hésitation entre le BUT (ex – DUT) et le BTS ? Nous avons réalisé un live qui compare ces deux formations très demandées sur Parcoursup :
Comment vont s’organiser ces 3 années ? Quelles seront les nouveautés du BUT ?
Premièrement, il y aura donc 24 mentions de BUT qui auront différents parcours possibles ce qui donnera aux jeunes une diversité de choix. Tous les étudiants d’une même mention n’auront donc pas rigoureusement les mêmes cours car ils se destineront, en fonction des différents parcours, à des carrières différentes.
Actuellement, tous les DUT n’ont pas d’options alors que l’ensemble des BUT auront des parcours. Au sein d’une même mention de BUT, il existera un maximum de 5 parcours différents. Le nombre de parcours au sein de chaque mention dépendra des différents métiers accessibles à la fin de chaque BUT.
L’obtention d’un même BUT permettra de déboucher sur des métiers très différents. Par ailleurs, certains parcours de BUT commenceront dès la première année et pour lesquels les jeunes candidateront sur Parcoursup.
Pour d’autres BUT, les étudiants s’inscriront dans une mention et ce n’est qu’au début de la deuxième année par exemple qu’ils choisiront un certain parcours, proposé dans leur IUT. Toutefois, tous les IUT ne proposeront pas tous les parcours de toutes les mentions des BUT.
Les jeunes pourront donc être amenés à candidater dans les IUT en fonction des parcours proposés par ces derniers. Tous ces parcours auront des programmes nationaux avec une possibilité d’adapter son programme pour coller avec la réalité de son environnement territorial et socio-économique.
Cette adaptation locale ne pourra pas excéder 30% du programme. Toutefois, cela ne modifiera pas les compétences des mêmes parcours réalisés dans différents IUT. Seules les matières ou la manière de déployer ces compétences pourront différer.
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Sera-t-il possible de suivre une année de stage ou une année d’alternance supplémentaire avec la création du BUT ?
En effet, la durée des stages sera augmentée. Elle était de 10 semaines minimum en DUT pour passer de 22 à 26 semaines en BUT, avec un nécessairement en dernière année et un ou deux autres durant les deux premières années. Il y aura donc forcément 2 stages mais avec la possibilité qu’il y en ait un troisième avec ainsi un stage à chaque année du BUT. Concernant l’alternance, elle sera pérennisée et renforcée.
Qu’en sera-t-il pour le volume horaire de cours ?
À l’heure actuelle, un DUT tertiaire comporte 1 620 heures de cours en deux ans pour 1 800 heures en DUT secondaire. Pour les BUT tertiaires, nous passerons à 1 800 heures sur les 3 ans pour 2 000 heures en BUT secondaires. Comparativement au DUT, nous augmenterons le volume horaire en répartissant celui-ci sur 3 ans. En outre, le BUT permettra de proposer des études moins denses devant favoriser la réussite de celles-ci. Le projet tutoré fera également partie de leur parcours ce qui permettra de faire travailler les étudiants en toute autonomie et en groupe, le tout sur une durée de 600 heures au cours des trois années de formation.
Sera-t-il possible de rejoindre le BUT en 2ème année après une année de fac ou en 3ème année après un BTS ?
Oui, la réforme permettra de continuer à alimenter les passerelles entre les différents parcours que ce soit les passerelles entrantes ou les passerelles sortantes.
Quelles sont vos craintes, si vous en avez, avec la création de ce BUT ?
Cette réforme a été longuement préparée. Nous n’avons pas vraiment de craintes, si ce n’est que les bacheliers des filières technologiques ne s’emparent pas suffisamment de ce nouveau diplôme.
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Nous avons interrogé deux étudiantes pour obtenir leur avis sur la réforme du DUT :
D’après Sonia, qui a suivi un DUT QLIO, la réforme des parcours proposée par les IUT est une excellente idée. Cela permettra aux étudiants de s’insérer plus facilement dans le monde professionnel. En effet, pour elle, en sortant d’un bac+2 les chances de trouver une entreprise d’accueil sont minimes. Or, après, avoir fait une année de licence derrière le DUT, les chances augmentent.
Cette réforme permettra aux étudiants de sortir du BUT avec le grade licence, leur insertion professionnelle sera donc facilitée. De plus, de nouveaux modules pourront être enseignés aux étudiants et la durée du stage sera augmentée. Les compétences acquises seront plus approfondies grâce à cette année supplémentaire ce qui permettra de se sentir prêt à insérer le monde du travail. D’après elle, ces changements sont très positifs et elle aurait apprécié pouvoir suivre son DUT en 3 ans.
Pour Anaëlle, étudiante en BTS, le BUT sera plus avantageux pour les futurs étudiants car ils seront titulaires d’un bac +3. Des passerelles seront également mises en place pour aider les réorientations si cela est nécessaire. Pour les personnes qui ne désirent pas atteindre le bac +3, il est tout à fait possible de s’arrêter au bac +2 est d’obtenir le diplôme de DUT. Au cours des deux années les étudiants auront le temps de mieux savoir dans quel domaine ils souhaitent orienter leurs futures études. La dernière année permettra aux étudiants de cibler plus précisément le secteur d’activités leur convenant le mieux.
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