Ce jeudi 14 novembre, les professionnels de santé se sont fortement mobilisés pour dénoncer les restrictions budgétaires, le manque de personnel, la stagnation des salaires et les méfaits du T2A. De grandes manifestations ont eu lieu aujourd’hui à Paris et en région avec un objectif bien précis : sauver l’hôpital public. Thotis s’est intéressé au ressenti des étudiants en santé, souvent confrontés aux difficultés pendant leurs stages, et dont l’inquiétude est totale.
Manifestations
Les manifestations du 14 novembre
Médecins, paramédicaux des services d’urgence, infirmiers, sages-femmes, tous réclament un investissement massif pour l’hôpital public. Tous demandent des recrutements, des augmentations de salaire, des ouvertures de lits, ainsi que l’arrêt de la facturation à l’activité. Les manifestations ont eu lieu dans toute la France.
Futurs professionnels de santé très inquiets
Que ce soit en médecine, en sages-femmes ou en soins infirmiers, les étudiants sont très inquiets face aux difficultés des hôpitaux publics. Tous ont ont vécu des moments compliqués pendant leurs stages en hôpital public. Nous avons pu interviewer Angiolino Franco, externe (5ème année de médecine) dans un hôpital parisien. Il nous livre son ressenti : « en chirurgie orthopédique, par exemple, c’est très compliqué. Tout le monde souffre du manque de moyens financiers. Je le vois au quotidien, les relations au sein de l’hopital ne sont pas idéales, et les patients en pâtissent ». Aussi Angiolino a constaté durant ce même stage : « on manque d’infirmiers, il n’y a pas de blocs et on en vient à refuser des patients. Parfois, on les redirige même vers les cliniques privées. C’est désolant. »
Pour Victoria Astezan, étudiante en maïeutique et présidente de l’ANESF, même son de cloche : « 4 sages-femmes pour 10 patientes, ce n’est pas possible. Quand j’étais en stage, en deuxième année, on nous comptait déjà dans les effectifs comme si nous étions diplômés. Il n’y a pas assez d’effectifs, de fait, on est obligé de refuser des patients. Puis, il y a le manque de moyens financiers et la vétusté du matériel. Cela fait huit mois que les pro et les patients se mobilisent. »
Les étudiants en médecine se mobilisent partout en France pour l’hôpital public. Selon les mots de Roxane Hellandsjö Prost, étudiante en médecine et présidente de l’ANEMF, il s’agit aussi de construire le système de santé de demain : « Les étudiants veulent être formés dans de bonnes conditions. Nous attendons la revalorisation du statut d’étudiant hospitalier. »
Nous avons également échangé avec Vincent Opitz, étudiant en soins infirmiers et membre de la FNESI : »Nous soutenons la démarche de rassemblement ayant eu lieu aujourd’hui. Beaucoup d’améliorations sont attendues, même si certaines choses ne sont pas à jeter. Vincent rappelle que la FNESI n’a cessé d’alerter sur les souffrances vécues par les étudiants en soins infirmiers au cours de leur formation. 85% des étudiants en soins infirmiers considèrent leur formation comme violente, tant physiquement que psychologiquement (FNESI, 2014). »
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Les étudiants ont peur de leur avenir
Angiolino l’assure, comme la majorité des étudiants en santé : « nous, étudiants, sommes très attachés à l’hôpital public. Mais, nous nous posons des questions, et ce dès la cinquième année. Nous sommes très inquiets, et nous y pensons tous les jours. Nous assistons à la déliquescence des hôpitaux publics en France. Est-ce que nous souhaitons subir des difficultés au quotidien, ne pas être en mesure de délivrer le soin attendu ? Je ne sais pas. »
La précarité très importante des étudiants en santé
En 4ème année de médecine, (équivalence master) les étudiants sont rémunérés 104€ net par mois en stage. Un chiffre bien faible par rapport aux étudiants des autres filières universitaires ou des grandes écoles. Dans la filière maïeutique, les stages ne sont pas rémunérés en deuxième et troisième année, alors que les attentes en stage sont élevées. Victoria Astezan nous confie : »Nous avons beaucoup de responsabilités dès le premier stage sans être rémunérés. Beaucoup d’étudiants se plaignent et disent que ce n’est plus possible. L’heure est grave. Nous soutenons bien évidemment la démarche d’aujourd’hui ».
En espérant marquer les esprits aujourd’hui, les étudiants, tout comme les professionnels de santé, attendent une nouvelle considération et une révision du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, qui, s’il est voté, obligerait l’hôpital public à se serrer encore plus la ceinture.