Comment faire pour passer une année de son cursus en Europe avec Erasmus ? Claire partage son expérience personnelle et son arrivée à Édimbourg afin de vous donner une idée de ce qui vous attend.
Claire, qu’est ce qu’Erasmus + ?
Le programme Erasmus consiste en un échange d’étudiants entre les différents pays Européens ayant signé l’accord. Chaque département de chaque faculté possède une liste d’accords avec différentes universités d’Europe, avec un nombre de places limité. Grace au système de notation européen (les ECTS dits Crédits) valider une année à l’étranger la valide également en France. L’étudiant a généralement le choix de partir un semestre ou deux et une aide financière lui est proposée.
La découverte d’une culture différente, et de nouveaux paysages que vous n’oublierez jamais.
Pourquoi faire Erasmus ?
Partir étudier dans une université étrangère est une expérience bénéfique en de nombreux points. Tout d’abord, l’apprentissage d’une langue car rien ne vaut d’être immergé pour maîtriser une langue étrangère. C’est encore plus efficace quand on ne maîtrise pas bien la langue; on s’y retrouve confronté chaque jour sans pouvoir l’éviter et, ainsi, on progresse beaucoup plus rapidement. Ensuite, la découverte d’une culture différente, et de nouveaux paysages que vous n’oublierez jamais.Puis, la découverte d’un système éducatif différent, car chaque pays a ses propres particularités concernant les professeurs, les emplois du temps, les évaluations. Grandir, parce que vivre plusieurs mois seul loin de son foyer et de ses proches nous oblige à nous comporter en adultes.
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Maîtriser une langue
De fait, partir à l’étranger est quelque chose qui attire bon nombre d’étudiants. Pour ma part, c’était avant tout une nécessité car, souhaitant être traductrice-interprète, je me dois de maîtriser une langue étrangère à la perfection. C’est donc une idée plus ou moins floue qui en fait rêver plus d’un. Il faut commencer à y penser dès le lycée, mais c’est à la fac que tout se décide. C’est à vous même de juger si vous préférez faire votre troisième année de licence (c’est l’année privilégiée pour partir) en France ou à l’étranger. En première année on vous laisse tranquillement découvrir la licence. En deuxième année, dès les premiers mois on vous parle de l’année de mobilité.
Assister aux réunions pour tout comprendre
Les réunions d’information ont généralement lieu en novembre/décembre et concernent non seulement le programme Erasmus mais aussi les conventions bilatérales, faites pour ceux qui osent s’aventurer au delà de l’Europe. C’est donc vers janvier/février qu’il faut faire un choix pour la rentrée d’après. Notez bien que certaines facultés autorisent un départ pour le deuxième semestre uniquement, dans quel cas les dossiers sont à rendre au début de l’année académique du départ souhaité.
A vous de peser le pour et le contre de chaque destination, de choisir en quelle langue vous voulez suivre les cours, dans quelle ville et quelle université. Dans ma fac (Toulouse II Jean Jaurès) nous avons droit de choisir deux villes par langue. Je dis bien par langue et non par pays, car nous avons des accords avec des universités en Belgique ou en Suède par exemple où la langue d’éducation est l’anglais. En tout nous pouvions donc déposer 4 dossiers. Mais quand on voit le travail que c’est de constituer un dossier, on fait vite un choix.
Mon choix personnel : Edimbourg
C’est donc deux semaines avant la date limite de remise des dossiers, en Mars, que j’ai commencé le mien. J’ai décidé de postuler pour l’université d’Édimbourg et celle de Portsmouth (au sud de l’Angleterre). Pour le choix de la destination, pensez bien à tout. C’est à dire que, je comprends que vous vouliez vivre à Londres, mais n’oubliez pas le prix de la vie là bas. Dans le dossier de candidature, j’ai dû ajouter mes relevés de note, une lettre de motivation en anglais (en espagnol si vous candidatez pour l’Espagne) et le plan d’études. Je vais devoir m’attarder sur ce dernier point parce que c’est souvent ce qui fait abandonner les étudiants dans leur démarche.
Le contrat d’études, c’est le document sur lequel vous devez marquer d’une part les matières que vous auriez étudiées si vous étiez resté en France (le programme est toujours indiqué sur le site de la fac) et d’une autre part les matières que vous comptez étudier en mobilité. Il faut donc se débrouiller pour trouver la liste des matières dans l’université d’accueil, leur descriptif et le nombre d’ECTS qu’elles donnent (pour valider une année il faut 60 ECTS).
Je comprends que vous vouliez vivre à Londres, mais n’oubliez pas le prix de la vie là bas
Fin mars (plus ou moins) une liste est publiée sur l’ENT affichant la répartition des étudiants par université. Nombre d’entre eux ont été acceptés dans des universités qu’ils n’avaient pas demandé, ceci peut arriver dans le cas où les postulants sont nombreux, alors certes ça donne l’impression d’avoir réalisé deux plans d’études pour rien, mais il ne faut pas oublier que c’est un privilège de partir en Erasmus, où que ce soit. On a ensuite quelques jours pour confirmer notre départ.
Il y a-t-il des aides pour partir en Erasmus ?
Tout dépend des universités de départ. A Toulouse, les élèves boursiers du CROUS bénéficient de l’Aide à la Mobilité Internationale et d’une bourse du conseil général, je ne me rappelle pas exactement. Si comme moi vous n’êtes pas boursier, vous avez tout de même droit à la bourse Erasmus +, quels que soient vos revenus ou ceux de vos parents. Tous mes amis ici venant d’une autre région de la France ont également droit à la bourse de la région, boursiers ou non. (Morale: ne venez pas habiter en Midi-Pyrénées.) Le budget attribué change chaque année.
Dans mon université, une distinction est faite entre les pays du groupes 1 qui sont les pays au niveau de vie le plus élevé (dont le Royaume-Uni) et les pays des groupes 2 et 3 où la vie est moins chère. Pour la catégorie 1 la bourse Erasmus+ s’élève à 2 100€ pour l’année. On commencera par vous dire “Vous avez droit à 300€ par mois sur 7 mois” (car ils ne peuvent pas financer l’année entière soi-disant) mais tenez vous en à ce que vous aurez au total, car le versement de la bourse se fait en deux fois seulement : 80% (1 680€ pour ma part) sont versés un ou deux mois après votre arrivée et les 20% restant vous sont donnés… à la fin de votre mobilité.
Il ne faut pas compter sur toute cette bourse pour faire un budget puisqu’ils attendent la confirmation de fin de séjour pour vous envoyer les 420€ restant.
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Quel budget prévoir lors d’un échange Erasmus ?
Cette section n’est finalement valable que pour ceux souhaitant vivre dans des villes moyennes au Royaume-Uni. Comme vous le savez la devise nationale est la Livre, qui équivaut à 1,19€ à la minute où j’écris cette phrase. C’est un taux assez élevé et qui risque de beaucoup changer pendant le processus de sortie de l’UE. A Édimbourg, le niveau de vie n’est pas aussi élevé que dans d’autres capitales.
Des loyers abordables
Rien à voir avec Paris et Londres pour sûr, le prix des logements est en moyenne légèrement plus élevé qu’à Toulouse.
Pour les courses, il suffit de savoir aller dans les bons endroits et connaître les bons plans. Je faisais mes courses à Tesco, à 3 minutes de chez moi, pour un coût raisonnable et d’excellents produits. Mais quand Lidl a ouvert à 1 minute de chez moi, ma vie a changée: une semaine de nourriture ne coûte pas plus de 20£.
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Conseils importants pour le budget en Erasmus
Pour acheter tout ce qui est vaisselle, ustensiles, produits de nettoyage, papier hygiénique, … Je conseille les enseignes du genre Poundsavers qui proposent tout le nécessaire à des prix imbattables. Pour le linge de lit, j’ai été chez Primark qui ont une très bonne section “Home”.
Ah oui; je conseille aux fumeurs d’essayer d’arrêter avant de partir car il me semble que le paquet est à 10£. L’alcool est également hors de prix, les vins les moins chers coûtant minimum 4£.
Si comme moi vous n’êtes pas boursier, vous avez tout de même droit à la bourse Erasmus +, quels que soient vos revenus ou ceux de vos parents
Ensuite il faut évidemment prévoir un bon budget loisir. On ne fait pas Erasmus pour rester enfermé chez soi. Il y a les “day-trips” en bus qui coûtent entre 15 et 30£ pour voyager dans le pays. Ryanair permet aussi d’élargir ses horizons à des prix super raisonnables (30£ pour aller à Dublin ou Copenhague depuis Édimbourg, 20£ pour Londres). Les restaurants sont en revanche assez chers, mais on peut trouver de très bons endroits pour moins de 10£ par repas. Et il ne faut pas oublier les sorties nocturnes; comptez 4£ pour une pinte de bière, et 6-7£ pour sortir en night club.
Comment payer?
Attention, le Royaume-Uni ne faisant pas partie de la zone euro, il est important de se pencher sur la question et de s’adresser à un conseiller financier en France avant son départ. Personnellement, j’ai ouvert un compte chez CIC et obtenu une nouvelle carte qui me permet de payer sans frais et d’effectuer 4 retraits gratuits par mois. En alternative, certaines banques françaises proposent de rembourser ces frais à la fin du séjour. D’autres étudiants préfèrent ouvrir directement un compte ici, ce qui prend littéralement 5 minutes dans certaines banques. Dans tous les cas, pensez à vous renseigner le plus tôt possible.
Où se loger avec Erasmus ?
Il faut savoir que les universités britanniques ont toutes (jusqu’à preuve du contraire) une liste de résidences universitaires affiliées. Les prix sont à l’année, et je les trouvais un peu trop élevés pour les types de logements. Je voulais absolument un lit double pour accueillir mes visiteurs facilement, or c’est pratiquement inexistant en résidence universitaire.
les universités britanniques ont toutes une liste de résidences universitaires affiliées.
Ainsi, j’ai donc commencé mes recherches d’appartement sur des sites de petites annonces comme EasyRoomate ou Gumtree dès le mois de mars afin de trouver une colocation pour moins de 400£/mois. C’est en juillet/août que je me suis rendue à l’évidence: il est impossible de trouver un appartement privé sans se rendre sur place directement. Comme je ne voulais pas passer des semaines en auberge de jeunesse jusqu’à trouver un logement (tous ceux qui ont un appartement ici sont passés par là), j’ai finalement regardé ce que proposait mon université.
S’y prendre tôt !
D’abord, j’ai fait une liste de vœux (il faut classer ses résidences en ordre de préférence et on nous en attribue une) parmi le moins cher et le moins pire, tout en continuant à chercher un appartement à côté. J’ai reçu un appel peu après pour me proposer une résidence qui était dans les dernières de mon vœux. J’ai eu à peine 2 jours pour me décider, et en voyant l’emplacement (après un parc réputé pour être dangereux la nuit), et le prix par rapport à la chambre, j’ai finalement refusé, pensant que je trouverais mieux. Que nenni. On ne trouve jamais mieux qu’une chambre universitaire.
Si je peux donner un conseil aux futurs étudiants en échange, c’est de commencer par chercher sur le site de l’université quelles sont les options de logement
Enfin, en Août, après de nombreuses recherches infructueuses, j’ai trouvé sur le site Student.com une offre pour une chambre en résidence universitaire privée. Il s’agit du même concept qu’une résidence étudiante normale, à l’exception qu’elle n’est pas liée à l’université mais à un organisme privé. C’est donc en général plus cher. Pour 119£/ semaine (au lieu de 129) j’ai droit à un lit double et une salle de bain privée.
Et le budget…
Même si cela dépassait légèrement mon budget j’ai décidé de réserver parce que j’en avais clairement assez de ne pas savoir où je poserais mes valises. Je vis avec une écossaise, une bermudienne et une malaisienne, toutes plus âgées que moi de 4 à 6 ans, et tout se passe à merveille, même si je ne suis pas aussi proche d’elles que je l’avais espéré.
Je regrette maintenant de ne pas avoir cherché de résidence étudiante plus tôt. La mienne est correcte mais ne vaut pas du tout son prix: c’est loin, il n’y a pas de femme de ménage (les résidences de l’université ont un service de nettoyage deux fois par semaine), il y a moins d’unité entre les étudiants, mon lit est dur comme la pierre.
Si je peux donner un conseil aux futurs étudiants en Erasmus, c’est donc de commencer par chercher sur le site de l’université quelles sont les options de logement, tout est beaucoup plus simple ainsi et, finalement, cela vaut le coup de partager sa salle de bain si c’est pour vivre en centre ville.
Les enseignants sont très compréhensifs par rapport à ça et n’hésiteront pas à vous aider
Et les cours lors d’un échange Erasmus ?
L’idée de devoir suivre des cours dans une langue étrangère peut en refroidir certains. Mais il faut savoir que les étudiants étrangers sont très bien encadrés ici. Les enseignants sont très compréhensifs par rapport à ça et n’hésiteront pas à vous aider si vous sollicitez de l’aide, tout comme le bureau des étudiants internationaux. Pour ce qui est du système éducatif, il est très différent de celui auquel nous sommes habitués. En bref, peu d’heures de cours par semaine, beaucoup de travail personnel et de recherches, des notes sur 100. J’ai eu l’impression que c’était beaucoup plus compliqué qu’en France. Pourtant, j’ai obtenu de très bons résultats (la moyenne est à 40% et qu’un 70% équivaut à un A).
Vivre loin de ses proches ?
Pour certains d’entre vous (comme moi) Erasmus est une première expérience en dehors du domicile familial ou du moins loin de sa famille et de ses amis, et cela peut inquiéter. J’ai moi-même passé une semaine difficile au début car je me sentais seule, stressée, déprimée. Cette sensation s’est effacée dès que j’ai commencé à voir des gens. On se fait forcément des amis en Erasmus, alors vous ne serez jamais seuls. Puis, comme on dit; “loin des yeux près du cœur”. La distance a tendance à renforcer les liens qui nous unissent avec ceux qu’on aime, que ce soit en amitié ou en amour. On a tellement de choses à raconter qu’on ne perd jamais contact avec ceux qui comptent vraiment.
La distance a tendance à renforcer les liens qui nous unissent
Voilà, je pense avoir fait le tour des points les plus importants. Il ne faut retenir qu’une chose: partez tant que vous en avez l’occasion. Je ne connais personne ici qui regrette d’être venu à Édimbourg ! Nous sommes nombreux à considérer cette aventure comme la plus épanouissante de notre courte vie. Tout dépend évidemment de la destination, je ne me serai surement pas tant amusée dans une petite ville perdue en Angleterre. Mais c’est à vous de faire en sorte que votre expérience Erasmus reste un souvenir inoubliable.
Il faut garder à l’esprit que cet article se base sur mon expérience personnelle. Vous pourrez entendre des témoignages complètement différents de la bouche d’autres personnes. N’hésitez surtout pas à venir en discuter avec moi en privé ! Je me ferai une joie de répondre à vos questions et soulager vos inquiétudes.
Pour en apprendre encore plus sur le programme ERASMUS+, rendez-vous sur le site du dispositif !
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