Thotis s’est entretenu avec Pierre Baret enseignant-chercheur sein d’Excelia et responsable de l’axe de recherche RSE et Thibault Cuenoud, enseignant-chercheur à Excelia. Pour Thotis, ils ont témoigné des dispositifs mis en place par le groupe Excelia pour s’inscrire dans une démarche RSE ambitieuse !
Par Rayan Nour
Communiqué en partenariat avec Excelia.
Pouvez-vous vous présenter ?
Pierre Baret : Je m’appelle Pierre Baret, je suis enseignant-chercheur depuis 17 ans au sein d’Excelia et responsable de l’axe de recherche RSE (responsabilité sociétale des entreprises).
Thibault Cuenoud : Je suis Thibault Cuenoud, également enseignant-chercheur à Excelia. Je travaille sur des thématiques RSE et sur les aspects de financement des entreprises engagées. Je travaille régulièrement avec Pierre dans le cadre de l’IRSI.
PB : L’IRSI (Institut de la Responsabilité Sociétale par l’Innovation) est un institutinterne à Excelia qui existe depuis 2012. Il regroupe des chercheurs qui font de la « recherche-intervention ». Ils font de la recherche en collaboration avec des entreprises tout en les accompagnant dans leurs démarches RSE.
Pouvez-vous présenter le groupe Excelia ?
TC : Excelia est une école de commerce triplement accréditée originaire de la Rochelle, qui s’est ensuite étendue à Tours, à Orléans et à Paris. L’école s’est développée en particulier sur deux aspects ces dernières années : l’aspect international, car nous avons plus de 50% de professeurs internationaux à ce jour, et l’aspect RSE, grâce à notre formation de Master en développement durable qui est l’un des premiers de France.
Des cours de RSE sont également dispensés à tous nos étudiants sur l’intégralité de leur parcours, avec des modules dédiés mais aussi des activités transverses comme « Humacité » et « Climacité ». L’école a toujours pris le parti d’une démarche d’innovation pédagogique grâce à des partenariats avec les entreprises de son territoire.
PB : Notre formation de Master spécialisé dans les enjeux environnementaux existe depuis 1999 et les cours de RSE font partie de nos programmes depuis 2005. Notre offre de formations continue de se développer en ce sens mais on peut souligner qu’Excelia a réellement été pionnière sur ces sujets.
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Humacité et Climacité : pouvez-vous présenter ces deux dispositifs ? Qui est concerné par ces dispositifs ?
TC : Humacité est un dispositif qui, depuis plusieurs années, vise à développer des compétences et une sensibilité humaniste chez nos étudiants afin de former des managers responsables. La meilleure façon pour eux de comprendre le monde qui les entoure c’est de s’immerger dans des organisations engagées. C’est le principe de ce dispositif qui est donc obligatoire. Il peut s’effectuer en France ou à l’étranger. Ainsi, les étudiants pourront passer du temps dans des orphelinats, des centres d’enseignement du français pour immigrés, etc.
PB : C’est une expérience qui transforme beaucoup nos étudiants. Pour la plupart d’entre eux, on constate une nette différence de maturité après cette expérience.
TC : Climacité est un dispositif plus récent fonctionnant selon un schéma similaire mais qui est davantage tourné vers les enjeux de la transition énergétique et du développement durable. À l’instar d’Humacité, Climacité permet à nos étudiants de prendre conscience que le monde de demain sera beaucoup plus complexe. Les deux dispositifs sont assez complémentaires.
PB : L’objectif des deux dispositifs est de sensibiliser l’ensemble de nos étudiants, quelle que soit leur formation, aux enjeux de la RSE et du développement durable.
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Pouvez-vous nous citer un exemple pour chaque dispositif ? Quels ont été les retours des étudiants et des collectivités concernées ?
TC : Par exemple, dans le cadre d’Humacité, certains étudiants ont pu faire de l’accompagnement pour des jeunes issus de milieux défavorisés avec de l’aide aux devoirs et un certain accompagnement dans leur parcours.
Pour Climacité, certains étudiants ont collaboré avec la Coopérative Carbone de la Rochelle sur des solutions pour améliorer la consommation énergétique à l’échelle locale notamment par des campagnes de communication et de sensibilisation sur ce sujet.
PB : Ces dispositifs sont appréciés par les étudiants car ils leur permettent de passer à la pratique et de gagner en expérience ce qui facilite leur apprentissage en cours. Beaucoup de nos étudiants viennent précisément à Excelia pour Humacité et Climacité.
Quelles sont les mesures quotidiennes mises en place sur les campus d’Excelia pour l’environnement ? Pour les enjeux sociétaux ?
TC : Avec le développement d’Excelia ces dernières années, beaucoup de choses ont été repensées. Nous avons par exemple travaillé sur la question de l’égalité femme-homme, avec des modifications du règlement intérieur, des réflexions sur les salaires de nos employés, ou encore la procédure des lanceurs d’alerte, qui permet aux étudiants comme aux membres du personnel de faire des signalements en cas d’effraction. Nous réfléchissons également à la question des campus pour réduire au maximum les émissions de carbone. Nous essayons aussi de trouver des solutions alternatives pour limiter les déplacements des enseignants ou du personnel (visioconférences par exemple). Nous accordons également beaucoup de temps à la réflexion concernant Humacité et Climacité qui peuvent générer des déplacements à l’international.
PB : Nous avons aussi mis en place des dispositifs de formation aux enjeux RSE pour tous les enseignants et tout le personnel. Les enseignants pourront ainsi intégrer ces enjeux dans leurs cours, que ce soit du marketing ou de la finance par exemple.
Quelles sont les questions sur lesquelles l’école doit encore travailler ? Quels sont les grands projets d’Excelia sur les enjeux environnementaux et RSE pour les années à venir ?
PB : Il y a encore trop d’étudiants qui viennent en voiture au lieu d’utiliser les transports en commun ou le vélo. C’est un sujet qui est encore en réflexion : comment faire en sorte que les étudiants métabolisent dans leurs pratiques les enjeux du développement durable qui leur sont enseignés ?
TC : Nous avions fait il y a un an et demi un questionnaire sur les moyens de transport des étudiants et nous nous étions aperçus que les étudiants salariés venaient souvent en voiture. Les déplacements des étudiants et du personnel sont pris en compte dans le bilan carbone de l’école. Nous essayons donc de les encourager à revoir leurs habitudes. Par ailleurs, Excelia est une école internationale, nous sommes donc amenés à faire beaucoup de déplacements, il faudra faire des choix dans les années à venir pour pouvoir maintenir la cohérence de nos engagements.
PB : On peut par exemple se demander s’il est raisonnable d’organiser des grandes conférences sur les enjeux de durabilité en faisant venir en avions des centaines, voire des milliers de chercheurs des quatre coins du monde. Comme tous les établissements, nous sommes pris entre le souhait de maintenir une bonne réputation internationale et la volonté de mettre en œuvre notre engagement. Nous n’avons malheureusement pas encore vraiment de solutions parfaites pour répondre à ces questions.
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« Objectif zéro carbone » : qu’est-ce que cela signifie, concrètement ? Êtes-vous optimistes quant à la réalisation de cet objectif ?
TC : L’objectif zéro carbone résulte de l’Accord de Paris. La France, avec d’autres pays, s’est engagée à diminuer ses émissions de CO2 et à compenser tout ce qui ne peut pas être diminué. L’Union Européenne s’y est engagée pour 2050 et de nombreux territoires, dont La Rochelle, se sont fixés comme objectif 2040 pour être le plus efficace possible. Excelia s’est également impliquée dans cette démarche, avec comme stratégie de travailler à l’aide des collectivités locales pour atteindre cette neutralité carbone. La question de la transition écologique passe obligatoirement par la coopération territoriale. Concernant la question des transports en commun, par exemple, pour que nos étudiants puissent davantage se tourner vers les bus, le territoire doit être en mesure d’offrir plus de bus, notamment aux horaires de début et de fin des cours.
PB : La neutralité carbone ne peut être atteinte que dans une logique d’ancrage territorial avec nos partenaires, c’est un travail collectif. Excelia doit contribuer à impulser cette dynamique locale et faire en sorte que toutes les infrastructures soient adaptées à cet objectif. Il faut aussi revoir nos conventions sociales. En effet, si l’on vient de loin à vélo par exemple, trempé de pluie, il faudrait soit qu’il soit « acceptable » de faire cours avec une tenue détrempée, soit d’offrir la possibilité de prendre des douches. Dans le contexte sanitaire actuel, la mise en place de cette solution peut être compliquée. L’enjeu se pose donc de multiples manières qui s’influencent mutuellement.
Avec quels outils Excelia évalue-t-elle sa performance et ses progrès ?
PB : Il y a plusieurs indicateurs dans notre rapport RSE sur les aspects environnementaux et sociaux. Nous essayons de créer des outils qui rendent compte de ce qui est fait de notre capital financier mais aussi de notre capital social et environnemental. Nous gardons à l’esprit que l’école a vocation à avoir une dimension territoriale, nous aimerions donc faire évoluer les pratiques d’évaluation par-delà l’évaluation financière. Nous travaillons sur l’employabilité de nos étudiants mais aussi sur la nécessité de former des managers responsables.
TC : La performance sociale et environnementale compte beaucoup au-delà des résultats académiques des étudiants, elle peut se justifier par les dispositifs Climacité et Humacité. Du côté de la recherche, nous rattachons chacune de nos études à un des 17 ODD (Objectifs de Développement Durable).
Un dernier mot ?
TC : Aujourd’hui, on nous demande d’accélérer mais tous les acteurs ne sont pas encore prêts à aller plus loin. Je pense notamment au monde académique ou certaines entreprises. Il est compliqué pour une seule organisation de changer toute seule car elle peut se mettre elle-même en difficulté vis-à-vis des autres acteurs. Il est essentiel que tous les acteurs agissent ensemble pour que chacun puisse aller aussi loin que possible. La démarche doit être globale.
PB : Un enjeu majeur pour Excelia est d’avoir un impact positif important sur les questions de RSE, au niveau territorial mais aussi au niveau national car de nombreux enseignants font partie d’associations scientifiques. Nous contribuons donc, à notre échelle, à faire évoluer les pratiques pour une recherche et un enseignement de la gestion plus responsables en France.