De bonnes études n’ont pas de prix, mais elles ont un coût. Et ce coût, qui n’est pas négligeable, a plutôt tendance à augmenter, y compris durant la crise sanitaire. C’est ce qui ressort de la dernière édition de l’enquête réalisée chaque année depuis 18 ans, par la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), consacrée à l’évolution du coût des études. Afin de vous aider à anticiper vos dépenses de rentrée et à prévoir votre budget pour l’année, Thotis a résumé ce qu’il faut retenir de cette 18ème édition de l’enquête FAGE pour une rentrée 2020 sous le signe de la covid19.
Par Solène Trevidic
Temps de lecture : 8 min
1/ Une hausse générale et significative du coût de la vie étudiante en 2020
Basée sur des critères aussi bien quantitatifs que qualitatifs, l’enquête réalisée par la FAGE permet d’appréhender le coût moyen de la rentrée et de la vie étudiante « pour un étudiant de 20 ans en licence à l’université, sans double inscription, non boursier et ne vivant plus au domicile familial. » Cet outil unique en son genre permet chaque année de calculer les augmentations ou éventuellement, les réductions des frais étudiants. Or, d’après les résultats de l’enquête, les étudiants devront donc faire face à une augmentation particulièrement importante de leur frais cette année. En effet, selon les estimations, un étudiant non boursier dépensera environ 1.193 euros par mois pour les dépenses de la vie quotidienne. Soit une hausse de 5,13% par rapport à l’année précédente. Cette augmentation s’explique avant tout par le contexte de crise sanitaire actuel qui impose de nombreuses dépenses supplémentaires telles que l’achat de masques rendus obligatoires. A ce poste de dépense important viendront également s’ajouter les frais spécifiques de rentrée qui s’élèveront, en moyenne, à 1.168 euros cette année selon l’organisation. Au total, la rentrée universitaire 2020 coûtera donc, en moyenne 2.361 euros à un étudiant non boursier, soit 3,21% de plus qu’en 2019.
2/ Le cri d’alarme de l’organisation faisant appel aux aides de l’Etat
Face à cette augmentation générale du coût moyen des études à l’université et de la vie étudiante, la FAGE en appelle à l’Etat. En effet la fédération clame que de tels coûts rendent impossible pour un étudiant de subvenir à ses besoins et de payer ses frais de scolarité sans bénéficier d’une aide extérieure ou du support familial. « Si des premières mesures ont été prises par le gouvernement pour venir lutter contre la précarité comme la baisse du prix de la restauration universitaire à 1 euros pour les boursiers et l’augmentation des bourses de 1,2%, elles ne concernent que les étudiants boursiers », souligne Orlane François, présidente de la FAGE. Toujours selon l’organisation, la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver les difficultés pour les étudiants contraints de travailler pour financer leurs études. Sans un engagement plus fort de l’Etat, cette crise va accentuer les inégalités et accroître la précarité étudiante, estime-t-elle.
3/ Découvrez le coût moyen d’un année d’étude par secteur
Une fois à l’université, vous serez peut-être surpris de voir à combien s’élève votre budget. En effet, le coût moyen avancé dans cette enquête de la FAGE n’étant qu’une estimation, ce chiffre peut parfois différer largement en fonction des filières. Pour vous aider à planifier votre budget étudiant, Thotis vous présente donc domaine par domaine le montant des dépenses qu’il faudra alloués à cette rentrée et cette année 2020.
Coût de la rentrée en médecine
Selon l’Association Nationale des Etudiants en Médecine de France qui a elle aussi publié les résultats de son indicateur sur les coûts de la rentrée 2020, les frais spécifiques de rentrée pour les élèves en première année de PASS et LAS s’élèveront à 1 150 euros environ. Néanmoins, cette estimation n’inclut pas les frais souvent alloués par les étudiants afin de bénéficier d’une prépa et de tutorats. Dans ce cas-ci, les coûts pourraient monter jusqu’à 5 600 euros environ pour un étudiant en Parcours d’Accès Santé Spécifique (PASS) et 3 900 euros pour un étudiant en Licence d’Accès Santé (LAS). Un étudiant en première année du deuxième cycle d’études médicales (DFASM1) quant à lui, devra débourser environ 3 400 euros de frais de scolarité pour cette année. A cela, viendra également s’ajouter les frais de vie courante mensuels d’environ 1 007 euros pour tous les étudiants.
Coût de la rentrée pour les étudiants en STAPS
Pour les étudiants en STAPS, le coût de la rentrée pour un étudiant non boursier sera encore un peu plus élevée cette année : 2 762 euros contre 2 702 euros l’année précédente. Dans ce budget figure cependant 401 euros de matériel sportif « entrainant un coût de rentrée 17% supérieur au coût moyen de rentrée des étudiants dans l’Enseignement Supérieure » explique l’ANESTAPS, l’association des étudiants en filières STAPS. Représentant presque 15% du budget des étudiants pour la rentrée, ces frais de matériel représentent donc souvent un obstacle dans la réussite scolaire d’un élève. Pour l’ANESTAPS il est donc également crucial d’obtenir davantage d’aides de l’Etat sans quoi de plus en plus d’étudiants se retrouveront en situation de précarité cette année.
Coût de la rentrée pour les étudiants en soins infirmiers
Pour les étudiants en soins infirmiers également les frais qu’il faudra avancer pour cette rentrée 2020 seront légèrement plus élevé que la moyenne nationale : 2 679,12 euros soit 318,12 euros de plus qu’un étudiant de l’enseignement supérieur moyen. Une fois de plus, la raison de ce montant tient à la spécificité du matériel requis dans le domaine. L’achat de tenues professionnelles, de chaussures, de ciseaux et de pinces, ou encore le passage d’une consultation médicale sont autant de frais à la charge des étudiants en soins infirmiers. Pour la Fédération Nationale des Etudiants en Soins Infirmiers (FNESI), là encore, il n’est pas possible pour un étudiant de la filière de subvenir à ces frais sans aides extérieures.
Coût de la rentrée pour les étudiants en kinésithérapie
En kinésithérapie, tout comme pour les filières précédentes, les coûts pour l’année scolaire à venir seront plus élevés que les chiffres avancés par la FAGE. En effet, « la moyenne des frais de scolarité en 2020 pour la formation masso-kinésithérapie se chiffre à 5 262,8 euros par an » selon la Fédération Nationale des étudiants en Kinésithérapie (FNEK). En augmentation de 17% par rapport à l’année précédente, ce montant n’inclut cependant pas les frais de vie courante et les frais de matériels spécifiques à la filière.
Coût de la rentrée pour les étudiants en Droit, Economie, Gestion, AES, IAE, et Sciences Politiques
Dans un tout autre domaine, les sciences sociales, les coûts diffèrent. « 2 444,20 euros, c’est le coût moyen de la rentrée cette année pour un étudiant en sciences sociales » déclare ainsi l’ARES, Fédération Nationale des Associations Représentatives des Etudiants en sciences sociales. En hausse de 2,39% par rapport à l’année 2019, ces chiffres sont légèrement supérieurs aux données fournies par l’enquête de la FAGE et correspondent principalement à une forte augmentation du prix du matériel pédagogique en hausse de 3,32% selon l’ARES. Néanmoins, l’ARES tient à nuancer ses propos et affirme que certaines dépenses qui seront imputées aux étudiants pour cette rentrée 2020 pourront faire l’objet de remboursements pour les étudiants boursiers (frais complémentaires de santé ou encore le coût de la CVEC).
Coût de la rentrée pour les étudiants en géographie
En ce qui concerne les étudiants en géographie, l’AFNEG a également dévoilé ses chiffres pour la rentrée scolaire à venir. 2 564,32 euros dont 1 312 euros de frais spécifiques de rentrée : c’est donc le montant que devront débourser les étudiants de cette filière au mois de septembre. Un chiffre également en hausse de 2,05% et basé sur le profil d’un étudiant de 20 ans non boursier et vivant seul. Néanmoins, si les coûts de rentrée pour cette filière sont plus élevés que la moyenne c’est parce qu’elle implique l’achat d’un ordinateur « suffisamment puissant pour faire tourner des logiciels de SIG et une licence de dessin assisté par ordinateur » explique l’AFNEG. À ces frais additionnels, s’ajoutent également les frais concernant les sorties de terrain obligatoires en licence de géographie et le plus souvent à la charge de l’étudiant. Un montant à la charge de l’étudiant donc bien plus élevé que la moyenne nationale des étudiants dans l’enseignement supérieur et dénoncé par l’AFNEG.
4/ Un coût moyen pourtant largement en deçà de la moyenne en écoles et en région parisienne
Toutefois, ces chiffres fournis par la FAGE et les associations ou fédérations d’étudiants concernent uniquement les étudiants à l’université. A l’échelle nationale, toutes écoles confondues, les chiffres varient grandement. Selon une enquête menée par l’institut CSA Research en 2018, une famille dépenserait en moyenne « 7.118 euros par an et par enfant faisant des études supérieures en France ». A la tête du classement en termes de frais de scolarité se placent principalement les écoles de commerce avec des frais de scolarité s’élevant généralement à des sommes supérieures à 10.000 euros par an tandis qu’une année au sein de filière professionalisante (BTS etc.) s’approcherait davantage des 6.000 euros. Enfin, le logement représentant une part importante des frais de vie courante d’un étudiant, le montant alloué à ce poste de dépense déprendra largement du lieu de résidence. Selon CampusFrance, « le budget consacré au logement est trois plus élevé dans la capitale (4.014 euros en moyenne contre 1.320 euros en région ».
En conclusion, bien que largement en deçà des montants moyens qui peuvent être alloués aux études dans d’autres pays de l’Union Européenne ou outre-Atlantique, le coût de la vie étudiante en France demeure un sujet de préoccupation pour de nombreux étudiants. Une préoccupation qui s’ajoute à un contexte économique lui-même très préoccupant.
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