Découvrez notre entretien exclusif avec Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Rentrée 2023, bourse, logement, vie étudiante et Mon Master, la ministre a répondu à nos questions.

Par Valentine Dunyach

 

Entretien à découvrir en vidéo :

 

 

Entretien avec Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

L’équipe Thotis a eu l’opportunité d’échanger avec Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Bourse, accès au logement, vie étudiante, Mon Master… Cet entretien exclusif accordé par la ministre était l’occasion de partager toutes nos interrogations, à l’horizon de la rentrée universitaire 2023-2024.  

En poste depuis plus d’un an sous le Gouvernement d’Elisabeth Borne, la ministre Sylvie Retailleau navigue dans le monde de l’enseignement supérieur depuis déjà plusieurs années. Présidente de l’Université Paris-Sud de 2016 à 2022, elle maîtrise les grandes problématiques et enjeux inhérents au secteur des études universitaires. Dans la perspective de cette nouvelle rentrée 2023-2024, la ministre souhaitait d’abord adresser un mot à tous les étudiants français : 

“Je souhaite une bonne rentrée universitaire à tous les étudiants. Tous les acteurs du monde de l’enseignement supérieur sont mobilisés pour votre réussite, et permettre une rentrée universitaire dans les meilleures conditions.”

L’un des sujets les plus préoccupants aujourd’hui, aux yeux des jeunes, est le coût élevé de la vie étudiante. Difficultés à se loger, à financer sa formation voire à se nourrir… Certains étudiants ressentent une vive inquiétude à l’approche de la rentrée universitaire 2023-2024. Sylvie Retailleau entend ce constat mais se veut rassurante, et avance les mesures prises par le gouvernement : 

“J’aimerais dire aux jeunes qui vont intégrer le milieu universitaire -principalement les postbac- que cette période de vie doit avant tout être enthousiasmante, radieuse et inoubliable. Nous sommes néanmoins conscients de l’inquiétude des jeunes et avons pris des mesures fortes et historiques en 2023, pour répondre à cette problématique.”

 

En lien avec Rentrée universitaire 2023 : La FAGE dénonce l’augmentation du coût de la rentrée universitaire en 2023

 

La FAGE dénonce l’augmentation du coût de la rentrée universitaire

 

Plusieurs mesures prises par le gouvernement en faveur des étudiants les plus précaires 

Annoncée au mois de mars dernier, la revalorisation des bourses délivrées par le Crous constitue la première étape d’une grande réforme. Une évolution historique, puisque son montant était resté inchangé depuis 10 ans. Concrètement, comme nous le précise la ministre, 37 euros/mois supplémentaires seront alloués à tous les étudiants boursiers, dès la rentrée prochaine. Un changement de barème a été instauré, permettant à 35 000 nouveaux boursiers d’intégrer ce système d’aide national. Par ailleurs, 140 000 étudiants changeront d’échelon et verront ainsi leur montant de bourse mensuel augmenter (entre 66 et 127 euros supplémentaires par étudiant). La ministre se félicite de l’enclenchement de ces mesures d’aide aux étudiants les plus précaires. Et de souligner : 

“On a mis sur la table un demi-milliard d’euros sur la table pour cette rentrée universitaire. Nous souhaitons aider plus d’étudiants, et les aider mieux.”

 

Le repas à 1 euro 

Au fil de l’entretien, Sylvie Retailleau tenait à revenir sur l’une des mesures phares initiées par la Première Ministre Elisabeth Borne, lors de la crise du Covid-19 : l’accès au repas à 1 euro. Grâce au Crous, les étudiants boursiers bénéficient, depuis 2020 de ce tarif social exceptionnel. La femme politique souhaite préciser ces conditions d’accès à la mesure.  

Contrairement à ce que de nombreux étudiants non-boursiers en difficulté financière imaginent, il leur est possible d’accéder au repas à 1 euro. La ministre le martèle : 

“Je voudrais transmettre le message suivant, au sujet du repas à 1 euro : n’hésitez pas à vous adresser au Crous pour constituer un dossier d’accessibilité. Ce dossier sera examiné par l’organisme, au cas par cas, selon certaines conditions.”

Une information concernant les étudiants non boursiers mais en difficulté, n’osant pas demander cette aide : 

“S’il y a une chose à retenir pour la rentrée 2023, en cas de questionnement sur l’accès aux aides : renseignez-vous sur le site “etudiants.gouv” et via le guide de l’étudiant. Mais avant-tout, adressez-vous directement au Crous. Allez au bout de vos simulations avec l’organisme et surtout, ne comparez pas votre dossier à ceux des autres. Le non-recours est l’un des problèmes majeurs des étudiants. Nous devons mieux informer”

Cette année, le gouvernement a pris les devants, en doublant les effectifs d’assistantes sociales du Crous. Une augmentation correspondant à 40 postes supplémentaires en un an. Pour Sylvie Retailleau, cela constituait l’une des priorités : 

“Nous savons que les assistants et assistantes sociales sont très sollicités, et particulièrement en période de rentrée. Il était important pour nous d’améliorer l’accès à un interlocuteur, et de réduire les délais, si nécessaire.”, explique la ministre. 

 

L’accès au logement

Sylvie Retailleau revient également sur les difficultés, pour les étudiants de grandes métropoles, à se loger. À cela, elle renvoie au projet d’amélioration du parc immobilier du Crous. En effet, 12 000 logements sont voués à être rénovés, comme l’a annoncé Elisabeth Borne. Le guide étudiant édité par le ministère contient également des conseils pour trouver un appartement dans un parc privé. 

Entre les aides pérennes, les aides annuelles pour les étudiants boursiers, les non-boursiers… Certains élèves du supérieur ne sont pas toujours correctement informés sur leurs droits et passent parfois à côté d’aides précieuses. 

 

Toutes les aides répertoriées dans “le guide étudiant”

Autre financement accessible pour les étudiants boursiers en études supérieures : le Pass’Sport. Loin d’être systématiquement demandée par les élèves, certains pourraient avoir droit à cette aide. Pour rappel, sous conditions, les étudiants précaires de l’enseignement supérieur reçoivent 50 euros, utilisables lors de l’adhésion à un club de sport. Encourageant à la pratique sportive, ce “bon” pour les jeunes âgés de moins de 28 ans est largement plébiscité par la ministre : 

“Facilitée par le SUAPS (Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives) et le Pass’Sport, la pratique sportive est vivement encouragée. Si j’avais un autre message à faire passer pour les étudiants à ce sujet : se sentir bien dans son corps rime souvent avec se sentir bien dans sa tête.”

Ainsi, plusieurs aides financières existent et sont accessibles selon critères, pour les étudiants du supérieur. Parmi elles, le repas à 1 euro, les logements du Crous, les APL et la garantie Visale (aides au logement), le Pass’Sport, les aides annuelles, les aides de la Région, les aides d’urgence… Le guide étudiant, édité le 15 août, répertorie l’ensemble des aides adressées aux étudiants. 

 

 

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La plateforme Mon Master : quel bilan, un an après sa création ? 

Lancée lors de la rentrée dernière, la plateforme française Mon Master fait face à quelques critiques. Après un an d’existence, quelles leçons tirer de son fonctionnement ? Quelles sont les pistes d’amélioration ? Pour rappel, Mon Master vise à faciliter le processus de candidature pour les étudiants, avec notamment un dépôt de dossier unique et une centralisation des candidatures. Les dossiers des élèves non retenus peuvent être géré de deux manières différentes (et cumulables) : en saisissant le rectorat ou en regardant les places restantes dans certains Masters. Sylvie Retailleau nous délivre sa vision personnelle et loue les mérites du nouveau dispositif gouvernemental. 

“Cette année, nous constatons pas moins de 145 000 étudiants ayant au moins une proposition à un Master. L’année dernière, ils étaient 146 000 étudiants inscrits en Master. À l’heure où nous parlons, il reste encore un mois et demi avant la rentrée 2023-2024. Ces chiffres correspondent à nos attentes.”, décrit-elle.

 

Un bilan positif à tempérer, au vu des 185 000 places disponibles sur Mon Master au total. La ministre se souvient notamment de certaines anomalies survenues lors de la rentrée dernière : 

“C’est une première année qui a joué son rôle. Nous sommes dans une procédure d’amélioration de la plateforme. L’année dernière, nous avions des places vides dans les amphis de Master. Certains étudiants, “trop” contents d’être retenus dans l’un des Masters, oublient de refuser les autres Masters. Ainsi, certaines formations de Master en tension se trouvaient non remplies à la rentrée.” 

Pour ne pas réitérer ces erreurs, la ministre envisage de revoir la gestion des places vacantes : “Nous allons tirer les leçons des problématiques identifiées cette année. Pour améliorer la plateforme, nous allons ajouter une phase complémentaire, pour gérer les places vacantes jusqu’au bout du processus.”