Les organisations étudiantes tirent la sonnette d’alarme : les étudiants sont de plus en plus nombreux à connaître des difficultés financières significatives. Anniela Lamnaouar, vice-présidente en charge des affaires sociales au sein de la FAGE, nous alerte sur la situation des étudiants précaires et donne des conseils pour obtenir les aides dont les étudiants ont besoin. 

Par Rayan Nour

Temps de lecture : 6 min

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Anniela Lamnaouar, vice-présidente en charge des affaires sociales au sein de la FAGE.

 

Pourriez-vous présenter la FAGE en quelques mots ?

La FAGE est la Fédération des associations générales étudiantes, il s’agit d’un regroupement de plus de deux milles associations via des fédérations. Ces fédérations peuvent être de deux types, les fédérations de filières qui représentent les étudiantes dans chaque filière et les fédérations de territoire qui représentent les étudiants sur chaque territoire. Nous sommes la première fédération étudiante en France. Nous sommes les plus représentés au niveau des conseils et des élections. Nous travaillons sur les problématiques étudiantes mais aussi sur la création de projets comme les épiceries sociales.

 

Un étudiant en situation de précarité, c’est quoi ?

Aujourd’hui, le système de bourse n’est pas efficient, et exclut beaucoup d’étudiants. De ce fait, un étudiant non bénéficiaire de la bourse peut lui aussi être considéré comme étant dans une situation de précarité. Les étudiants étrangers par exemple, viennent souvent dans nos épiceries, car les bourses qui leur sont accordées par leur pays de provenance sont insuffisantes avec le niveau de vie français. Tous les bénéficiaires des aides d’urgences sont également considérés comme étant en situation de précarité. Beaucoup d’étudiants sont en situation de rupture avec leurs parents et cette rupture peut les plonger dans la précarité. Nous avons environ 275 000 bénéficiaires au sein de nos 31 épiceries sociales et solidaires.

 

En Octobre 2020, Paul Mayaux, président de la FAGE, à annoncer trois points très critiques concernant la précarité étudiante : la santé, le logement et l’alimentation. Un an plus tard, quel bilan ?

Au niveau de la santé des étudiants, je dirai que la situation s’est aggravée, car il faut savoir que le premier facteur de renoncement aux soins, c’est le coup financier pour les étudiants. Concernant les logements, la situation reste tout aussi fragile. La crise sanitaire n’a fait que mettre en lumière la précarité, mais la problématique du logement dure depuis des années. Sur le volet alimentaire, on remarque que le budget alimentaire est le plus impacté, car une fois que l’étudiant précaire aura fait toutes ses dépenses, il ne lui reste plus grand-chose pour manger. De ce fait, 46 % des étudiants se retrouvent à être salariés durant leurs études, souvent pour remplir leur frigo.

 

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Certaines mutuelles offrent des masques aux étudiantes, le CROUS lui, propose aux étudiants boursiers des repas à un euro dans leurs restaurants, est-ce suffisant ? Quelles autres mesures sont mises en place afin de soulager ses étudiants ?

Cette année est la première où les mutuelles ont baissé leurs prix, car il y a eu un regroupement de certaines mutuelles. Mais l’idéal serait un rattachement à la complémentaire santé. Le fait que les mutuelles s’occupent de la distribution de masque est un bon point, mais cela peut créer des disparités territoriales, car dans certains endroits, les étudiants bénéficieront d’aides et d’autres non. Nous sommes bien sûr, favorables aux repas à un euro, mais ces derniers doivent être accompagnés d’un investissement de l’État pour ne pas condamner d’autres investissements. Pour d’autres aides, nous conseillons aux étudiants de se rapprocher des fédérations de territoires qui ont des guides des affaires sociales dans lesquels ils peuvent voir à quelles aides ils sont éligibles. Les fédérations territoriales mettent aussi à disposition des étudiants, de la défenses des droits.

 

L’année dernière, vous demandiez une refonte du système des bourses pour permettre une linéarisation et une revalorisation. Un an après, pourriez-vous nous en dire davantage sur cette requête et ses résultats ?

La réforme des bourses est une mesure annoncée depuis 2017. La FAGE s’efforce d’appuyer sur l’urgence de la situation. Nous demandons à ce que la bourse puisse réellement répondre aux besoins des étudiants. L’idéal serait d’avoir un système de jauge en prenant en compte les revenus de l’étudiant en y ajoutant un complément de l’État pour que l’étudiant puisse avoir un revenu moyen. De ce fait, les étudiants provenant de la classe socio-professionnelle moyenne basse dont les revenus des parents les rendent non éligibles à la bourse, pourront donc être bénéficiaires de la bourse.

 

En raison des difficultés financières, le moral des étudiants peut lui aussi être touché, les empêchant parfois de se focaliser sur le plus important, les études, quelles actions sont mises en place pour la santé mentale des étudiants ?

La FAGE a beaucoup alerté sur ce sujet et a poussé à l’instauration du chèque d’accompagnement psychologique. La FAGE à également fait des campagnes de sensibilisation avec les contacts d’organismes gratuits. Nous mettons un point d’honneur à expliquer aux étudiants que la santé mentale ne doit plus être un sujet tabou. Il existe des solutions et la FAGE est là pour aider un maximum d’étudiants à se retirer de la précarité. 

 

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Certains étudiants restent parfois mal informés, concrètement, où trouver des informations sur les droits qui leur sont attribués ?

Les problématiques de la santé mentale, tout comme ceux du logement sont des problématiques qui touchent toute la population. L’accès au droit reste encore très compliqué et la connaissance aussi. Il y a un problème de visibilité, car on ne connaît pas les aides, mais aussi de lisibilité, car les aides sont compliquées à comprendre. Le premier conseil que je pourrai donner est « l’éducation par les pairs » , ne pas hésiter à aller demander autour de soi, mais aussi de solliciter les fédérations. Le site étudiant.gouv.fr , permet une compréhension des aides. Nous conseillons aux étudiants d’aller faire un tour sur le site de la FAGE, dans lequel se trouve une foire aux questions qui regroupent beaucoup de questions que les étudiants se posent.

Certains étudiants précaires n’osent pas demander de l’aide, qu’auriez vous à leur dire ?

En plus de la honte, beaucoup d’étudiants ont peur de « voler » l’aide d’une personne qui en aurait, selon eux, plus besoin. La FAGE encourage les étudiants à solliciter les aides afin de baisser le taux de non-recours. Les aides sont là, elles doivent être utilisées par les étudiants précaires.

 

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