Que ce soit à la faculté de droit ou en école de commerce, vous aurez la possibilité en Master de choisir un double diplôme Droit – Commerce. Mais, concrètement, quels sont les atouts d’un double master Droit – Commerce ? Pourquoi faire ce choix différenciant en Master ? Quelle est la charge de travail attendue ? Laurene a obtenu son double diplôme dans une grande école de management et en Juriste d’Affaires International et Européen, et revient sur l’intérêt de ce double master.
Peux-tu revenir sur ton parcours depuis le bac ?
Après un bac ES spécialité sciences économiques et sociales, je me suis engagée dans un Bachelor en école de commerce dans lequel j’ai beaucoup appris et grâce auquel je suis partie 6 mois en séjour académique au Canada. J’ai également eu l’occasion de faire 3 stages de 3 mois chacun. J’ai ensuite décidé de poursuivre sur un master dans cette même école, justement parce qu’ils proposaient ce parcours en droit des affaires. J’ai obtenu le double diplôme (M2 Grande Ecole et M2 Juriste d’affaires international et européen). Je travaille maintenant chez LegalStart, en tant que juriste junior.
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Pourquoi as-tu souhaité faire un double diplôme Droit – Commerce ?
A la sortie du bac, j’ai beaucoup hésité entre un Bachelor et une Fac de droit. Certains de mes professeurs me dirigeaient vers des classes prépa. Je me sentais un peu perdue face à la décision à prendre. Le Bachelor a finalement emporté mon choix pour son côté international et pour sa dimension « pratique », ses méthodes de travail qui forment de futurs décisionnaires. Je n’ai jamais cru qu’apprendre en masse était utile et efficace. J’avais cependant toujours cette idée de droit en tête. Finalement, le choix du master me paraissait évident: j’ai allié les deux et la balance me convenait parfaitement.
Comment s’est passée ton intégration en Droit ?
Je ne veux pas rentrer dans un cliché de culture étudiante, mais les états d’esprit en école de commerce et en droit sont très différents. Certains professeurs et certains élèves sont contre ce double diplôme parce qu’ils craignent un niveau trop faible de la part des étudiants d’école et n’hésitent pas à le faire ressentir. Je pense cependant que mon parcours en école m’a permis d’avoir l’esprit ouvert et l’intégration facile. Aussi, pour mieux comprendre et mieux m’intégrer avec les étudiants de ma promo de droit, j’ai décidé de présider mon association étudiante, chargée de représenter notre master 2, d’être à l’écoute des autres. Finalement, et pour répondre à la question, elle s’est très bien passée !
Pour tout savoir sur les études de Droit après le bac :
Quelles ont été tes difficultés en M1 de Droit ?
Le M1 a été difficile. Les cours de l’école étaient les mêmes que ceux des autres étudiants et les cours de la faculté sont organisés de manière à ce qu’une partie du retard que nous avons en arrivant soit rattrapé rapidement. Nous sommes donc dans certains cours de L1, de L2, L3 et M1 dans le but d’avoir les bases, la méthodologie et la technique du droit. Le tout demande un volume horaire de cours très important et un travail personnel assez colossal. Le M2 a été plus facile puisque nous étions exclusivement en droit, intégré pleinement dans un M2 « normal ».
Les méthodes d’apprentissage sont très différentes. Les cours en droit ne sont pas aussi interactifs et vivants que les cours en école. Ils sont généralement (pas tous évidemment) très théoriques et magistraux. L’avantage est qu’ils ont aussi plus de contenus. L’adaptation n’est pas facile au début.
Quelle était ta méthode de travail pour concilier Commerce et Droit ?
Je sais pas s’il y a vraiment une méthode. Il faut être organisé à l’extrême, minuter ses journées et ses révisions et être 100% présents aux cours de droit. Je dois admettre que le Bachelor a été un atout considérable pour moi, car tous les cours d’école en master m’étaient familiers. J’ai pu me consacrer d’autant plus au droit.
Qu’as-tu aimé dans ce double diplôme Droit – Commerce ?
J’ai beaucoup appris, sincèrement. Tant au niveau scolaire qu’au niveau personnel. Je suis très souvent sortie de ma zone de confort, de l’univers que je connaissais. C’est une adaptation constante, une flexibilité mentale que j’aime beaucoup. Ça me permet aussi de placer les connaissances de droit dans un contexte plus global, dans la dimension « entreprise ». Je me rends facilement compte de ce qui est réalisable ou non d’un point de vue législatif, des conséquences financières et pratiques. Plus encore, le double diplôme permet de vulgariser et d’adapter facilement des textes inaccessibles et poussiéreux pour les mettre à portée de tous. Le droit reste un domaine très élitiste et théorique, y apporter un regard plus pratique lui donne selon moi tout son sens.
Quels sont les débouchés après un tel double diplôme ?
Les choix de carrière sont assez larges : juriste, accès à l’examen du Barreau, ressources humaines, ou encore tous les autres débouchés d’école de commerce dans lesquels le droit est un gros « plus ».
Quel conseil donnes-tu à ceux qui pourraient être intéressés par ce double diplôme ?
Je pense qu’il est important de savoir à quoi s’attendre. Le double diplôme est difficile. Il ne faut pas se laisser décourager par des personnes qui seraient réfractaires, le major de promotion de mon année de M2 était un étudiant en double diplôme. Il faut rester alerte, motivé et travailler d’autant plus.
En école, nous ne sommes pas habitués à la compétition entre les étudiants. A la fac, les places en M2 sont chères et les étudiants sont moins solidaires. Mon conseil serait de veiller à ne pas perdre ses valeurs et de ne pas tomber dans ce piège qui de toutes façons, ne paie pas.
Enfin, le meilleur conseil selon moi serait d’être passionné et curieux. Il faut aimer le droit, aimer ce que l’on fait pour ensuite réfléchir à son amélioration, à ses débouchés et à sa richesse.
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3 erreurs à ne pas faire ?
– Ne surtout pas prendre les cours de droit à la légère (ils sont denses et demande de l’exigence)
– Ne pas délaisser l’école de commerce : les cours sont plus légers mais pour autant pas toujours évidents et les rattrapages sont vite arrivés (je pense surtout aux matières financières)
– Soyez solidaires avec vos camarades de double diplôme. Organisez vous ensemble, ne vous laissez pas avoir par la compétition.
À quoi ça sert d’avoir cette double compétence Droit / Commerce ?
La double compétence est recherchée sur le marché du travail :
– D’un point de vue théorique d’abord : le droit est un domaine flou pour la plupart des gens de la finance ou du marketing (pardon pour la généralité pas toujours vraie). Le maîtriser est une richesse. La réciproque est vraie : les juristes sont des hommes et des femmes précis, pointus, portés sur les détails. Ce sont des experts de leur domaine (un peu à la manière des médecins). Pour un juriste, maîtriser les codes des autres collègues de l’entreprise est un réel atout.
– D’un point de vue compétences : le double diplôme certifie à l’employeur un goût du travail, une ouverture d’esprit et une flexibilité importante. C’est très bien perçu.
Quel est ton projet à l’avenir ?
Mon travail chez LégalStart me plait beaucoup. Les legal tech sont en accord avec mes valeurs et mon idéologie de « démocratisation du droit ». J’avais réellement envie de m’impliquer dans un projet encore en construction, c’est passionnant. Je pense continuer dans cette voix encore un bon moment, peut-être passer l’examen du barreau dans quelques temps. Je dois avouer que je ne sais pas encore ce que sera ma carrière, mais je l’espère pleine de rebondissements, d’apprentissage et de surprises.
Un dernier mot ?
Fixez vous des objectifs, soyez animés par ce que vous faites. Je pense que je n’aurais pas réussi mon diplôme sans ça.
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