À quoi s’attendre en licence de droit ? Quels sont les débouchés après obtention du diplôme ? Les matières étudiées en fac de droit ? Delphine, étudiante en licence de droit et François Ameli, directeur adjoint de l’école de droit de la Sorbonne ont répondu à nos questions ! Pour contacter des étudiants en licence droit, rendez-vous ici !

Pouvez-vous présenter la licence de droit ?

François Ameli : La licence en droit est le premier pas de la discipline qui mène à un certain nombre de métiers : avocat, magistrat, notaire, huissier de justice, juriste d’entreprise… Mais c’est aussi une discipline qui permet de structurer sa manière de penser et son argumentation. C’est la raison pour laquelle le droit mène à tout. Mes étudiants ont réussi dans des domaines extrêmement variés, allant du domaine de l’art à la politique. C’est une discipline qui structure la pensée et permet de facilement prendre la parole. Les étudiants argumentent dans un sens, puis dans un autre, d’où le métier d’avocat.

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Delphine : La licence de droit s’effectue en trois ans au sein d’une université. Les deux premières années sont plutôt généralistes. Puis, on commence à se spécialiser en troisième année dans un domaine du droit (droit public, droit privé, droit international, etc.). À l’université, les cours sont dispensés en amphithéâtres (avec environ 500 personnes), et en travaux dirigés (TD), en classe de 30 personnes. Les TD permettent aux élèves d’approfondir le cours vu en amphi et de poser des questions plus facilement. L’organisation de la licence de droit peut changer d’une université à une autre. Pour ma part, j’étudie à l’Université Paris Descartes, qui a récemment fusionné avec l’Université Paris Diderot, pour devenir l’Université de Paris. À l’université, les années sont découpées en semestres durant lesquels on étudie différentes matières.

On dit que les études de droit sont difficiles. Est-ce réellement le cas selon vous ?

François Ameli : Il faut savoir ce qu’on entend par « difficile ». On peut en effet dire qu’il s’agit d’une filière d’excellence. On cherche ainsi un certain nombre de qualités chez les étudiants. Contrairement à ce que l’on dit, les études de droit ne sont pas des études d’apprentissage par cœur. Cette idée-là doit être sortie de la tête de tous les lycéens. C’est une discipline qui demande beaucoup de travail et de réflexion.

Même ceux qui font des mathématiques trouveront de façons différentes leur bonheur dans le droit parce que c’est une façon de faire de l’argumentation, avec une certaine logique, qui ressemble à des études de mathématiques. Cela demande beaucoup de réflexion et donc peu d’apprentissage par cœur. C’est un domaine qui ne ressemble à rien de ce qu’ils ont pu étudier au lycée. Lorsque les étudiants arrivent en faculté de droit, ils apprennent des choses totalement différentes. Cela peut donc leur paraître difficile et rébarbatif les 3 premières années avec un langage totalement nouveau, au cours desquels ils se familiarisent avec des concepts inédits.

Le droit concerne tous les domaines de la société (famille, société, civil…). Ils ont besoin de temps pour s’y acclimater car ils ne pouvaient même pas soupçonner l’existence du droit dans ces domaines. Cela requiert donc de la patience, au même titre que l’apprentissage des tables de multiplication : c’est-à-dire qu’ils ne perçoivent pas dès le de départ l’utilité de ces connaissances. La licence de droit, c’est une boite à outils qui leur sera utile dans leurs années de master. C’est là où ça devient passionnant. Peu d’étudiants sont passionnés dès la licence, mais ce n’est pas un problème. S’ils sont patients, ils le deviendront en année de Master.

 

Comment as-tu vécu ton intégration en licence de droit ?

Delphine : Nous avons la chance de disposer d’un très sympathique BDE (bureau des étudiants) qui organise de nombreuses soirées en début d’année afin de favoriser l’intégration de chacun. Il existe aussi beaucoup d’autres associations en licence de droit qui permettent de s’intégrer. Personnellement, ne faisant pas partie d’une association, ce sont les premiers jours lors de la visite du campus ou lors des premiers TD que j’ai trouvé des amies. Je trouve que c’est assez important, à l’université plus que partout ailleurs, d’avoir une ou plusieurs personnes à qui on peut se confier, avec qui on peut échanger des cours ou sur qui on peut se reposer de temps en temps.

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Quelles spécialités faut-il privilégier au lycée pour intégrer une licence de droit ?

François Ameli : Les dossiers des candidats à la licence de droit de l’université Paris I sont d’abord vus par un algorithme. En 2021, nous avons eu 14 800 demandes pour 740 places en 1ère année. Sur ces 14 800, une fois que l’algorithme a classé tout le monde, nous reprenons les 6 000 premiers dossiers en entier avec les lettres de motivation, les activités extra-scolaire…Une nouvelle note leur est ainsi attribuée. Dans la partie algorithmique, les spécialités qui sont privilégiées sont le français, parce que c’est très important de savoir écrire, s’exprimer et lire. Le droit est indissociable de la langue française. Les autres spécialités à privilégier sont l’histoire-géographie, les langues étrangères, la philosophie, mais également le latin, le grec et l’option Droit et grands enjeux du monde contemporain.

 

As-tu eu des difficultés en première année de licence de droit ?

Delphine : La plus grosse difficulté en licence de droit est sans doute le « manque de suivi » des professeurs. Les chargés de TD sont là pour répondre à vos questions, pour revoir ou approfondir des passages du cours d’amphi mais ils ne sont pas derrière vous comme des professeurs de lycée. L’exemple le plus fréquent est la préparation du TD en début d’année, le chargé de TD ne va pas vous dire « vous faites ça, ça et ça pour demain », c’est à vous de préparer le TD en amont et d’arriver en TD en connaissant bien le cours vu en amphi. Durant la licence de droit, il y a des semaines plus intenses que d’autres, les chargés de TD ne vont pas vous ménager, il arrive qu’on ait une dissertation à faire dans chaque matière, un exposé, des questions, c’est difficile mais il suffit de s’organiser.

 

Un amphi c’est quoi ? Un TD ?

Delphine : Les « amphi » sont donc des cours en amphithéâtre. Il y a entre 300 et 700 étudiants et ce n’est pas l’endroit de l’université où vous trouverez le plus d’espace pour vos jambes et pour vos affaires (surtout en début d’année). Mais, si vous vous organisez bien, que vous venez un peu en avance, vous pouvez trouver une bonne place. L’important est d’être assis confortablement afin de pouvoir suivre deux ou trois heures de cours. Les TD sont des cours en classe. Cela rappelle un peu l’organisation des cours au lycée, car nous sommes entre 30 et 40 élèves. Il y a un chargé de TD qui est là pour répondre à vos questions, pour approfondir le cours vu en amphi et pour vous enseigner la méthode des exercices. C’est aussi lui qui choisit les travaux pour les notes du contrôle continu. Ce sont des cours d’une heure et demi ou de deux heures maximum.

 

Quelle est ta méthode de travail ?

Delphine : Il n’existe pas de « méthode universelle » en licence de droit. L’important est de trouver la sienne. Pour ma part, je prépare tous mes TD à l’avance, il est important de lire les documents du fascicule. Parfois, le chargé de TD peut nous donner une fiche d’arrêt à faire ou une dissertation. J’utilise les ouvrages de la bibliothèque ou je travaille chez moi. Même si le chargé de TD ne nous donne pas de devoirs (ce qui est très rare), je vais quand même lire les documents, faire des définitions afin de ne pas arriver en TD sans connaitre le thème de la séance. Ensuite, ma méthode est d’assister aux cours magistraux (les amphis), ils me permettent de retenir les notions et d’organiser mon cours comme je le souhaite. Encore une fois, en licence de droit, chacun a sa méthode, il faut juste trouver la sienne et s’y tenir rigoureusement.

 

Peut-on intégrer la licence ou master après un BTS Notariat ou un BUT carrières juridiques ?

François Ameli : Il est possible d’intégrer l’école de droit après avoir suivi l’une de ces formations, mais les places sont chères. Il y a une sélection naturellement plus tournée vers les bacheliers. Mais il y avait beaucoup de ces profils dans les dossiers cette année et j’en ai accepté un certain nombre. En Master, environ la moitié des admis sont issus de l’Université Paris I et l’autre moitié issus d’autres formations, sur à peu près 1 500 places.

 

Quels débouchés sont possibles après la licence de droit ?

François Ameli : Les métiers les plus choisis sont avocat et juriste d’entreprise. Un juriste travaille sur l’aspect juridique de chaque entreprise. Les autres métiers sont notaire, huissier de justice, magistrat, juge… À part ces métiers purement juridiques, il y a plein de possibilités envisageables. Après l’obtention de sa licence, un étudiant peut ne pas aller en master et passer les concours administratifs. La licence est ce qui prépare le mieux à ce type de concours.

Le droit peut vraiment mener à tout et il n’est pas obligé de se limiter aux matières juridiques. Il peut mener facilement mener à la gestion ou encore les affaires publiques.
Il y a également l’aspect international. L’Université Paris I est l’université qui a le plus grand nombre d’accords internationaux avec des écoles étrangères. Les étudiants peuvent intégrer une filière internationale et étudier en Angleterre, aux États-Unis, en Égypte, à Hong Kong, en Argentine, en Turquie ou en Roumanie…

À partir de cette année, il est possible par ailleurs de suivre la formation entièrement à distance, en particulier pour les étudiants situés en province ou à l’étranger. Le développement de ce dispositif a été accentué avec le confinement. Il ne faut pas que les étudiants en province ou à l’étranger hésitent à candidater sur l’Institut d’Études à Distance (IED) de l’université de droit de la Sorbonne.

 

Quels sont tes conseils pour bien réussir sa première année en licence de droit ?

Delphine : Je dirais que le plus important en droit c’est l’organisation ! Personnellement en début d’année, j’ai fait un emploi du temps avec mes cours et les matières à travailler lors de mes trous. Par exemple le lundi, rien ne m’empêchait de dormir jusqu’à 12h (ce que je faisais parfois) mais je me déplaçais quand même à la bibliothèque universitaire car je savais que ça me motiverait davantage que si je restais chez moi. C’était alors l’occasion de préparer mes TD ou de faire un devoir.

Un autre conseil : toujours préparer son TD et ne jamais arriver en TD sans connaître un minimum de quoi parle la séance. Le chargé de TD pourrait très bien vous ramasser sur un devoir au hasard ou vous interroger à l’oral.

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Enfin, même si absolument tous les redoublants et tous les élèves de la faculté vous diront que « ça ne sert à rien d’assister aux amphis et qu’ils vous enverront les cours de toute l’année », je pense qu’il est important d’y assister ! Si vous êtes concentrés en amphi vous retiendrez plus de choses et ça vous aidera pour préparer votre TD. Ce sera votre cours et vous pourrez l’apprendre au fur et à mesure plutôt que de se retrouver à trois jours des partiels avec un cours de 120 pages écrit par quelqu’un d’autre.

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Comment se préparer à la rentrée universitaire ?

Delphine : Vous pouvez tout d’abord commencer à vous renseigner sur la licence de droit, en achetant des ouvrages. Je vous conseille le livre « chronique d’un étudiant en droit » de Rémi Raher, qui permet d’appréhender le droit de manière ludique et humoristique. Il donne des conseils ainsi que des méthodes et vous explique comment se déroule la première année de droit. Personnellement je l’ai lu cet été et j’ai beaucoup apprécié.

Par ailleurs, les professeurs conseillent souvent l’ouvrage suivant, « je veux réussir mon droit » d’Isabelle Defrénois-Souleau, c’est un ouvrage un peu plus sérieux qui donne encore plus de conseils afin de réussir sa première année de droit.

 

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Comment devenir avocat, magistrat ou greffier après la formation ?

François Ameli : Pour être avocat, il faut passer une année et demi à l’école de la formation du barreau : 6 mois de cours et un an de pratique professionnelle, sous forme de stage en cabinet et stage dans les juridictions et les entreprises. Pour être juge, il faut passer un concours pour intégrer l’École Nationale de la Magistrature. La prépa de la faculté pour intégrer l’ENM et l’ÉNA est l’une des meilleures en France. Les étudiants ne sont pas lâchés dans la nature et sont accompagnés par la Sorbonne.
Les étudiants peuvent également intégrer les double licences : droit-économie, droit-histoire, droit-gestion, droit-géographie, droit-histoire de l’art…

Ces formations sont très sélectives et permettent de suivre 60% du programme de chaque filière et d’avoir les deux licences après 3 ans. Ces licences transversales permettent d’avoir de nombreuses possibilités. La double licence droit-histoire de l’art, à titre d’exemple, forme de nombreux commissaires-priseurs.

 

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