Morgane nous donne toutes les informations pour devenir psychomotricien. En effet, elle a fait une classe préparatoire au concours de psychomotricien au CPES de Limoges, avant d’intégrer l’Institut de Formation des Psychomotriciens (IFP) de Rouen. Matières, études, instituts : elle nous dit tout sur la filière psychomotricité !

Par Thibaud Arnoult
Temps de lecture : 10 min

Pour rappel, il existe 11 Instituts de Formation des Psychomotriciens accessibles sur concours en France : Paris (2 écoles), Vichy, Marseille, Toulouse, Loos, Alençon, Lyon, Rouen, Les Mureaux et La Garde. Aussi, il existe également un IFP sur l’île de la Réunion et 3 IFP accessible après validation de la PACES (Orléans, Mulhouse, Bordeaux).

 

Voici un live réalisé en partenariat avec l’ANEP pour présenter les Instituts de Formation et les études de psychomotricité !


 

 

Pourquoi devenir psychomotricien ?

Avant de vouloir devenir Psychomotricien, je souhaitais m’orienter vers la kinésithérapie. J’ai vite compris que Psychomotricien me correspondait plus par son approche thérapeutique et relationnel.

En psychomotricité, on part du principe que le psychique et le corps sont liés. Par exemple, quand le corps va mal, ce peut être dû à un problème psychologique, et inversement. On a donc une approche globale pour soigner corps ET esprit, habituellement soignés séparément.

 

Je souhaitais devenir psychomotricien car c’est un métier où la routine n’a pas sa place : pour chaque patient il y a une prise en charge, et chaque patient est différent d’un autre, même si certaines pathologies se retrouvent ils ne l’expriment pas de la même manière.

 

On va également travailler sur l’expression des émotions : combien de fois nous arrive-t-il de croiser une personne et de nous dire « Elle a l’air fatiguée/énervée/triste/heureuse … » : un exemple de l’influence du psychique sur le corps. Pour travailler sur ces deux versants, on va utiliser différents items dont le tonus, le schéma corporel et l’image du corps, la motricité globale et fine, l’espace, le temps …

Ces items nous guident dans l’observation de nos patients, et cette observation va être affinée à l’aide de bilans qui vont nous permettre de mettre en place un projet thérapeutique et des objectifs de travail. La prise en charge est ensuite propre à chacun : il y a autant de pratiques qu’il y a de psychomotriciens.

 

Le métier de psychomotricien n’est pas facile. Nous sommes confrontés au handicap (enfant, ado, adulte) et à la mort (gériatrie, néonatalité)

 

Certains vont s’appuyer sur des conduites thérapeutiques à base de relaxation (différentes méthodes de relaxation, hydrothérapie, balnéothérapie …), de médiations plus dynamiques (sports de combat, sports collectifs, danse …), ou encore de médiations plus créatives (art-thérapie, musicothérapie, théâtre …).

 

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À qui s’adresse la formation en psychomotricité ?

La filière s’adresse à toute personne motivée. Il est préférable d’avoir fait un bac S puisque la prépa se base sur les programmes de Terminale et Première de SVT mais certaines prépa proposent des soutiens en biologie pour les personnes qui viennent d’autres filières.

 

Ce sont des études très enrichissantes, c’est un métier formidable où on ne s’ennuie jamais, où on continue à apprendre tout au long de sa carrière !

 

Le psychomotricien travaille avec :

– Les bébés (prématurés, traumatismes de naissance, dysfonctionnement postnatal avec troubles du tonus, troubles sensoriels divers, troubles de la relation, maladie) pour participer à l’intégration des apprentissages psychologiques moteurs et sociaux. Les enfants (troubles des apprentissages, hyperactivité, inhibition, maladresses motrices, retards de développement, troubles envahissants du développement, handicap, maladie) pour élargir les capacités de communication et d’expression de soi nécessaires au développement

– Les adolescents (troubles alimentaires, troubles de la relation, troubles comportementaux et/ou de la personnalité, dépression, handicap, maladie, troubles addictifs) pour aider à mieux vivre les modifications psychiques et physiques apparaissant à cette période de la vie

– Les femmes enceintes (stress et anxiété, dysfonctionnement prénatal, préparation à l’accouchement) pour accompagner les changements physiologiques de la grossesse. Les adultes (stress, angoisse, dépression, obésité, anorexie, handicap, maladie syndrome post-traumatique, troubles de la personnalité, troubles addictifs, passage à l’acte) lors de périodes difficiles, de fatigue psychocorporelle ou de troubles divers

– Les personnes âgées (retour d’hospitalisation, perte d’autonomie, troubles de l’équilibre, syndrome post-chute, troubles de la mémoire, démences, troubles neurologiques, handicap, maladie) pour accompagner la personne dans le vieillissement de son organisme

On intervient donc un peu partout avec un peu tout le monde !

 

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Quelles sont les matières en psychomotricité ?

L’entrée en IFP sur concours se réalise par le biais de deux épreuves de deux heures :

1) Biologie : basée sur les programmes de Première et Terminale S dont les thèmes principaux sont la composition de la matière vivante, la génétique, l’évolution, l’endocrinologie, le système nerveux, la reproduction, l’immunologie et la biologie cellulaire. Le format de l’épreuve est propre à chaque école : QCM, restitution de connaissance, synthèse de documents …

2) Français : l’épreuve consiste en un résumé de texte dont la longueur diffère selon les écoles. Il peut également y avoir des questions de vocabulaire en plus (définition de mots, synonymes de mots …)

 

Attention : à partir de l’année prochaine, ce ne sera plus forcément un concours. Les détails de chaque institut ne sont pas encore communiqués mais les modes de sélection pourront varier, en plus d’une inscription sur Parcoursup.

 

Pour devenir psychomotricien, voici le programme de l’IFP :

– Première année : santé publique, pathologie et pharmacologie, pédagogie, anatomie et neuroanatomie, psychologie et neurophysiologie, psychologie, psychiatrie, psychomotricité théorique et pratique psychomotrice. La première année est principalement basée sur le développement normal de l’enfant. A cela s’ajoutent 80 heures de stage dans l’année (stages courts).

– Deuxième année : anatomie, physiologie et neurophysiologie, pédiatrie, psychologie, psychiatrie, psychomotricité théorique, module théorico-clinique avec études de cas, pratique psychomotrice. La deuxième année est principalement basée sur la découverte des bilans et leur passation. A cela s’ajoutent 200 heures de stage dans l’année (stages longs et courts).

 

J’ai appris à me poser plus de questions, à affiner mon sens de l’observation. J’ai réussi à gagner en confiance, j’ai appris à mieux me connaître et à mieux m’accepter.

 

– Troisième année : anatomie, législation, psychiatrie, psychologie, psychomotricité théorique, module théorico-clinique et pratique psychomotrice. La troisième année est principalement basée sur la mise en place d’un projet et suivi thérapeutique. A cela s’ajoutent 400 heures de stage dans l’année (stages longs et courts), une épreuve de Mise en Situation Professionnelle (MSP) et la présentation d’un mémoire.

 

Découvrir le site du Syndicat National d’Union des Psychomotriciens

 

Les plus intéressantes ? Les moins ?

Les matières qui m’ont le plus intéressées en formation était la psychiatrie, la psychologie et la pratique psychomotrice.
Dans psychomotricien, on retrouve les mots « psycho » et « moteur » : il est important de trouver une pratique équilibrant les deux mais la réalité est tout autre, on va avoir des psychomotriciens qui sont plus rééducateurs et d’autres plus thérapeutes. Je me retrouve plus dans le versant thérapeutique de notre métier, d’où mon goût plus prononcé pour la psychologie et la psychiatrie.

La pratique psychomotrice comprend les TD et notamment les médiations que nous avons expérimentées. Ce module dépend évidemment de chaque école et de leur possibilité d’enseignement (je vais donc parler de l’IFP de Rouen à partir de maintenant jusqu’à la fin de l’interview).

Nous avons pu expérimenter des cours de percussions, d’art-thérapie, de théâtre, de cirque, de danse (africaine, indienne, contemporaine), de balnéo et hydrothérapie, d’équithérapie (médiation par le cheval), de relaxation (Schultz, Jacobson, Soubiran, Wintrebert), et j’en oublie … Ce que j’aime dans ces études, c’est qu’elles m’ont permises d’expérimenter des médiations que je n’aurai jamais découverts à l’extérieur.

 

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Une semaine type, ça ressemblait à quoi ?

Les semaines sont plus ou moins chargées. Avec les stages longs, les semaines peuvent être raccourcies (stage de 10 jours en première année, tous les jeudis ; stage de 20 jours en deuxième année, tous les vendredis ; stage de 52 jours en troisième année, tous les lundis et mardis).

Généralement, il y a des TD une fois tous les deux jours pour ne pas trop charger les semaines avec que de la théorie. On est vraiment mis dans de bonnes conditions pour devenir psychomotricien.

 

As-tu eu des difficultés pour devenir psychomotricien ?

J’ai eu quelques difficultés en neuroanatomie et anatomie. Ce sont des matières où il faut apprendre par cœur, je préfère les matières qui appellent à la réflexion …

 

Qu’as-tu appris concrètement en Institut de formation ?

En psychomotricité, on apprend sur les autres mais aussi beaucoup sur soi. Rares sont les formations qui permettent un travail sur soi aussi intense!

J’ai donc élargi mes connaissances sur les différents troubles que l’on peut rencontrer au cours de notre carrière, les différents bilans que nous pouvons faire passer, les projets thérapeutiques et suivis que nous pouvons mettre en place … mais j’ai aussi appris à me connaître, à avoir confiance en moi et en mes capacités, et à m’adapter aux situations imprévues.

 

As-tu une idée concrète de ton projet ?

Je n’ai pas encore d’idée fixe quant à mon avenir après l’obtention de mon diplôme. Je ne sais pas encore avec quelle population je préfèrerais travailler, je pense que tout cela dépendra des offres que je peux trouver !

 

Quelles sont les métiers en lien avec la formation en psychomotricité ?

Après obtention du diplôme d’Etat, on peut devenir Psychomotricien avec un statut bac + 2 (oui, la prépa ne compte pas et les 3 ans de formation sont reconnus comme 2 …). L’Association Nationale des Etudiants en Psychomotricité (ANEP) se bat depuis quelques années pour la réingénierie de notre diplôme pour notamment faire passer la formation en 5 ans reconnue Master.

 

Quel conseil pour ceux qui aimeraient devenir psychomotricien ?

Devenir psychomotricien n’est pas facile. Nous sommes confrontés au handicap (enfant, ado, adulte), à la mort (gériatrie, néonatalité). Il ne faut pas faire ce métier en espérant guérir les patients et avoir des résultats pour chacun, la plupart du temps nous maintenons les capacités déjà acquises et nous pouvons pallier des difficultés mais jamais les effacer.

Cela peut parfois créer une certaine frustration voire un sentiment d’inutilité. Il faut savoir être patient et considérer chaque minime progression comme une victoire.

Avant de devenir psychomotricien, il faut savoir que c’est un métier où la routine n’a pas sa place : pour chaque patient il y a une prise en charge, et chaque patient est différent d’un autre, même si certaines pathologies se retrouvent ils ne l’expriment pas de la même manière. Il faut donc savoir faire preuve de patience, de créativité, d’imagination, de recul pour éviter les transferts et pouvoir imposer un cadre et des limites pour protéger le patient mais également pour se protéger soi-même.

 

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As-tu fait des stages en formation de psychomotricité ?

Au cours de ma première année de formation, j’ai effectué des stages d’observation en crèche et maternelle. J’ai également fait un stage en Foyer de Vie (FV) et Maison d’Accueil Spécialisée (MAS). Ce sont des structures accueillant des adultes handicapés (autonomes en FV, dépendants en MAS).

En deuxième année, j’ai effectué un stage en Service de Soins de Suite Gériatrie (SSRG) accueillant des personnes âgées ayant subi une opération, une infection, des troubles qui peuvent en découler, en court séjour. J’ai également fait un stage de 15 jours en psychiatrie adulte, en unité Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) accueillant des adultes atteints d’anorexie et boulimie. J’ai réalisé un stage long en Institut Médico-Educatif (IME) avec des enfants handicapés atteints de déficience intellectuelle et troubles associés.

En troisième année, j’ai fait un stage en Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) accueillant des personnes âgées ne pouvant plus être maintenues à domicile. Je suis actuellement en stage long en IMPro, accueillant des grands adolescents et jeunes adultes déficients intellectuels.
J’ai eu la chance de voir beaucoup d’établissements différents au cours de mes stages mais ce n’est malheureusement qu’un échantillon de nos champs d’actions.

 

Recommanderais-tu la filière de psychomotricité ?

Oui évidemment ! Ce sont des études très enrichissantes. Devenir psychomotricien, c’est faire un métier formidable où l’on ne s’ennuie jamais, où on continue à apprendre tout au long de sa carrière ! J’ai appris à me poser plus de questions, à affiner mon sens de l’observation. J’ai réussi à gagner en confiance, j’ai appris à mieux me connaître et à mieux m’accepter.

 

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Aimerais-tu poursuivre tes études en psychomotricité ?

J’aimerais beaucoup trouver une formation de musicothérapie. Je suis passionnée de musique et je voudrais utiliser cette passion dans ma pratique en tant que psychomotricienne. Si je pouvais allier la musique et, en même temps, devenir psychomotricien, ce serait vraiment super !
Plusieurs passerelles sont possibles après le diplôme : fac de psychologie, d’éthologie, de sociologie … des Masters sont également accessibles, notamment des masters de recherche.

 

Le mot de la fin ?

Le fait d’être 20 par promo permet une très bonne cohésion dans la classe et entre nous. Rouen est une ville très étudiante et par conséquent très dynamique. De nombreux événements sont organisés par les BDE ce qui nous permet de participer à des événements des autres filières et de ce fait, de connaître des étudiants venant d’autres établissements.