Malgré une hiérarchie inchangée parmi les écoles de management les plus prestigieuses, l’édition 2025 du classement SIGEM révèle des dynamiques concurrentielles plus intenses, notamment entre NEOMA et Audencia, dont le duel s’avère d’une rare intensité cette année.
Par-delà le soulagement des quelque 7 000 candidats découvrant leur affectation, la publication du classement SIGEM 2025 permet de tirer les premiers enseignements d’une année marquée par la stabilité au sommet, mais aussi par des reconfigurations stratégiques dans la suite des affectations. Entre consolidation des élites et tensions croissantes pour les écoles de rang intermédiaire, le paysage des écoles de commerce post-prépa poursuit sa transformation.
Une hiérarchie immuable dans le top 6
Sans surprise, le classement confirme l’ordre établi au sein des six premières écoles de commerce françaises. HEC Paris reste solidement ancrée à la première place, suivie de l’ESSEC et de l’ESCP, qui conservent respectivement leurs deuxième et troisième positions. Le reste du top 6 -EDHEC, emlyon et SKEMA- demeure inchangé, consolidant une forme de consensus autour de ces établissements dans les préférences des préparationnaires.
L’ESSEC continue de dominer l’ESCP dans leurs duels croisés : 95 % des candidats admis aux deux écoles lui ont préféré Cergy, une proportion quasi identique à celle de l’année précédente. L’EDHEC, quant à elle, creuse à nouveau l’écart avec emlyon, ne concédant que 9 % de ses duels, alors que ce chiffre atteignait 14 % l’an dernier.
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NEOMA / Audencia : une véritable remontada
Le fait marquant de cette édition réside dans la remontée spectaculaire de NEOMA, au coude-à-coude avec Audencia. Sur les seuls candidats issus des classes préparatoires ECG et ECT, 222 ont préféré Audencia à NEOMA, contre 219 dans le sens inverse, soit une différence statistiquement négligeable. L’écart, qui s’était creusé en 2024 (61/39 %), est aujourd’hui réduit à presque rien.
La dynamique s’inverse même si l’on intègre les candidats issus des filières littéraires, où NEOMA remporte 51 duels contre 36 face à Audencia. La rédaction Thotis a fait le choix de mettre les deux écoles à égalité pour le SIGEM by Thotis.
Rang | École | Évolution |
---|---|---|
1 | HEC | = |
2 | ESSEC BS | = |
3 | ESCP BS | = |
4 | EDHEC BS | = |
5 | emlyon bs | = |
6 | SKEMA BS | = |
7 | Audencia BS | |
7 | NEOMA BS | +1 |
9 | Grenoble EM | = |
10 | KEDGE BS | = |
11 | TBS Education | = |
12 | Rennes SB | = |
13 | IMT-BS | |
14 | MBS | |
15 | BSB | |
15 | ICN | |
17 | Excelia BS | |
18 | EM Strasbourg | |
19 | INSEEC | |
20 | ISC Paris | |
21 | Clermont SB | |
22 | Brest BS | |
23 | SCBS |
NEOMA vs Audencia au SIGEM : pourquoi une telle remontée ?
La progression remarquée de NEOMA dans les duels SIGEM 2025, notamment face à Audencia, ne saurait être attribuée à un seul facteur. Plusieurs éléments, à la fois conjoncturels et stratégiques, semblent avoir joué en faveur de la grande école dirigée par Delphine Manceau cette année.
NEOMA a amorcé une inflexion stratégique notable, en s’adressant plus directement aux étudiants de classes préparatoires, avec un discours recentré sur l’excellence académique. L’accueil des journées du continuum CPGE/Grandes Écoles, la mise en avant de partenariats académiques d’envergure -notamment avec l’université Bocconi ou d’autres institutions européennes de premier plan- ainsi qu’un positionnement davantage axé sur le contenu pédagogique que sur la vie associative ont contribué à renforcer l’attractivité de l’école.
Face à cette offensive, les annonces ambitieuses d’Audencia -qu’il s’agisse du partenariat avec Stanford ou des initiatives autour de l’intelligence artificielle-, n’ont pas eu les effets escomptés auprès des étudiants de filières ECG, ECT et littéraires. Ces nouveautés semblent avoir souffert d’un déficit de lisibilité ou de proximité auprès du public des préparationnaires.
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Un classement unique, des interprétations multiples
Aucun classement issu du SIGEM ne saurait prétendre à l’objectivité absolue. En fonction des publics considérés (ECG/ECT, B/L ou toutes prépas confondues), le classement varie sensiblement. Cette année, Thotis a fait le choix de proposer un classement unique et d’arbitrer le duel Audencia / NEOMA par une équité.
Grenoble EM, IMT-BS et les recompositions du milieu de tableau
D’autres duels, moins visibles mais tout aussi révélateurs, dynamisent l’édition 2025. Grenoble Ecole de Management regagne quelques points, devançant plus nettement KEDGE (69/31 %) et TBS Education (87/13 %). Ce léger relâchement confirme l’ancrage de GEM dans le haut du second tiers.
La progression la plus notable revient néanmoins à IMT-BS, qui passe de 34 à 49 intégrés et gagne trois places pour atteindre le 13e rang, devant MBS, ICN et BSB. Cette performance survient alors que l’école a mis fin à la gratuité intégrale pour les boursiers, décision qui ne semble pas avoir freiné son attractivité.
Des écoles en difficulté, malgré un nombre croissant de candidats
Le nombre total de candidats admissibles a augmenté cette année (9 729 en 2025 contre 9 286 en 2024), mais cette hausse ne s’est pas traduite par un rebond généralisé. Au contraire, plusieurs écoles ont connu un recul de leurs effectifs intégrés :
- ICN : de 168 à 110 intégrés,
- BSB : de 143 à 102,
- Excelia : de 63 à 37.
Autre phénomène inquiétant : le nombre d’admis refusant finalement d’intégrer une école ne cesse d’augmenter. De plus en plus d’étudiants préfèrent bifurquer vers d’autres formations ou passer par des voies alternatives.
Une attractivité sous tension pour les écoles hors top 10
Cette tendance, déjà amorcée les années précédentes, pourrait se renforcer en 2026. La multiplication des doubles diplômes, des formations internationales ou des passerelles avec les universités pousse certains candidats à remettre en cause le modèle classique de l’école de commerce post-prépa.
Face à cela, les écoles devront redoubler d’efforts pour convaincre, valoriser leur projet pédagogique et leur ancrage professionnel. Car si le SIGEM reste un indicateur essentiel, il ne saurait à lui seul assurer la légitimité ni la pérennité d’un établissement.
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