Le président de la CDEFI Jacques Fayolle ainsi que les vice-présidents Emmanuel Duflos et Romuald Boné ont fait le bilan de la rentrée 2022, autour des thèmes de la vie étudiante, de la sobriété énergétique, des finances et des perspectives 2023 lors d’une conférence de presse.

Par Laura

Le bilan des effectifs 2022

Jacques Fayolle, directeur de l’École nationale supérieure des Mines de Saint-Étienne et président de la CDEFI (Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs), note la « forte satisfaction » de la CDEFI au sujet de la rentrée 2022, qui s’est déroulée dans des conditions normales, avec un accueil des élèves traditionnel, pour la première fois depuis la période Covid. Néanmoins, il a noté quelques points d’attention sur lesquels il a souhaité s’attarder.

Concernant les effectifs globaux dans les écoles d’ingénieurs, on remarque un ralentissement général de la croissance d’une année à l’autre. Pour la rentrée 2021, on comptait un total de 244 000 inscrits dans des écoles d’ingénieurs, dont 185 600 inscrits en formation d’ingénieur. Alors qu’entre 2015 et 2018, la croissance des effectifs était d’environ 4% par année, elle est tombée à 1,5% en 2018, puis remontée à 5% en 2019 et redescendue à 2,5% pour 2020. La croissance totale sur ces 5 dernières années est de 19,5%, mais le ralentissement a été souligné par les directeurs des écoles de la CDEFI : rien de très inquiétant pour le moment, mais il faudra observer cette évolution de plus près.

Parmi les 244 000 inscrits en 2021, 83% des étudiants effectuaient une formation initiale sous statut d’étudiant, 15% une formation initiale sous statut d’apprenti et 2% une formation continue. A noter que dans les écoles privées, la croissance est plus importante : un peu moins d’un élève-ingénieur sur trois aujourd’hui effectue sa formation dans une école privée.

Jacques Fayolle fait également remarquer le taux de femmes dans les formations : au total, 31% d’étudiantes dans les écoles, et 27% d’étudiantes en formation d’ingénieur. Le président de la CDEFI note que malgré les efforts des écoles sur la sensibilisation du public féminin, comme le concours des Ingénieuses, le taux stagne depuis quelques années.

 

Pour en savoir plus : Le site officiel de la CDEFI

La diversité sociale dans les écoles d’ingénieurs

Le problème de taux toujours trop bas concerne aussi les étudiants boursiers : dans la plupart des écoles recensées par la CDEFI, le nombre de boursiers (environ 30% des étudiants en moyenne) est légèrement inférieur à la moyenne nationale (plus de 38% au niveau national).

Selon Romuald Boné, vice-président de la CDEFI et directeur de l’INSA Strasbourg, la diversité sociale est une composante essentielle de la vie étudiante : alors que la crise sanitaire se résorbe, d’autres crises arrivent déjà et il ne faut pas perdre de vue la question de la précarité étudiante. « Lorsque l’on n’est pas serein sur ses factures, les inquiétudes peuvent nuire au raisonnement », précise-t-il. « Quand un événement du BDE coûte 50 euros, pour un étudiant qui a un budget de 2 euros par repas, c’est beaucoup trop. » Selon lui, au-delà de revaloriser les bourses en suivant l’inflation, il faudrait réfléchir à une manière de repenser intégralement le système des bourses : « les boursiers des échelons 5, 6 et 7 sont encore trop précaires », ajoute-t-il.

Un résultat plus encourageant concerne l’intégration d’étudiants en situation de handicap : sans donner de chiffre précis, les directeurs déclarent que les données montrent que de plus en plus d’étudiants en situation de handicap s’intègrent et réussissent. Cependant, malgré le bon fonctionnement de dispositifs individuels et ponctuels, la mise en place d’accompagnements sur une longue durée reste compliquée, faute de moyens. L’appel aux dotations a été évoquée pour résoudre ce problème.

 

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Sobriété énergétique et finances

Un point largement abordé pendant la conférence de presse concernait les dépenses énergétiques des écoles, avec la problématique des coûts de l’énergie sur les campus. Christian Lerminiaux, directeur de l’École nationale supérieure de chimie de Paris et président du conseil d’orientation stratégique CDEFI insiste sur l’importance du sujet, car « on a des étudiants très sensibles à ce genre de sujet, et pour lesquels le rôle d’ingénieur doit contribuer à l’amélioration de la santé globale de la planète. »

La consommation d’énergie sur les campus inclut les cours, travaux pratiques, mais aussi les activités de recherche et l’utilisation par les administrations. L’objectif annoncé à ce jour serait une réduction énergétique entre 8% et 10% sur les deux prochaines années. Christian Lerminiaux fait remarquer cependant qu’en regardant les factures de plus près, ce sont la recherche et les équipements qui consomment le plus d’énergie, selon l’établissement et le domaine d’activité : le budget consacré va de 2,4% à 15% dans certains établissements. Cela pose la question dont les écoles d’ingénieurs pourront continuer à assurer les activités de recherche tout en réduisant leur consommation d’énergie.

Concernant les finances générales, le budget du Minsitère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a augmenté d’1,1 milliard d’euros sur 25,7 milliards, soit une augmentation de 4,4%. Cependant, avec le taux d’inflation autour de 6%, Christian Lerminiaux souligne que le budget est en réalité en diminution : l’incertitude de la situation économique des années à venir rend toute projection trop floue. A l’heure actuelle, il n’y a pas de hausse de salaire prévue pour les personnels des écoles, en faisant le pari de la disparition de l’inflation d’ici 2023.

Les intervenants de la CDEFI ont également annoncé qu’une réflexion était en cours concernant les étudiants en DUT et BUT qui pourraient intégrer les écoles d’ingénieurs à la deuxième ou troisième année de formation.

 

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