Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a annoncé des primes à l’embauche pour favoriser l’insertion professionnelle. Mais, en focalisant ces aides sur les formations courtes, ces mesures pourraient détourner les entreprises des étudiants en master.

 

Par Thibaud Arnoult
Temps de lecture : 5 min

Thotis

 

« Les jeunes ne seront pas la variable d’ajustement de la crise »

Hier soir, la ministre du Travail a présenté une aide exceptionnelle destinée aux entreprises qui embauchent des apprentis (du CAP au bac+3). Concrètement, le coût d’un apprenti sera quasi-nul la première année pour les entreprises. Jusqu’ici, cette aide était réservée aux entreprises de moins de 250 salariés. Lors de sa prise de parole, Muriel Pénicaud a ajouté : »Il est essentiel que les entreprises maintiennent leur rôle de formation de la jeunesse« . Dans un contexte économique difficile, le gouvernement versera donc aux entreprises une prime 5.000€/an pour les apprentis de moins de 18 ans, et de 8.000€ pour les apprentis de plus de 18 ans.

 

Pour rappel, la France compte 6 064 400 demandeurs d’emploi, catégories A, B et C confondues (au 30 avril 2020), et 700 000 jeunes diplômés s’apprêtent à entrer sur le marché du travail cette année.

 

 

Les étudiants des grandes écoles discriminés ?

En mai dernier, Syntec Conseil, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, la Conférence des présidents d’université, la Conférence des grandes écoles, la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion des Entreprises et l’Association nationale des apprentis de France avaient alerté le gouvernement. Ils demandaient que les entreprises françaises soient accompagnées afin de continuer d’employer la majeure partie des jeunes arrivant sur le marché du travail, évitant ainsi une explosion du taux de chômage des jeunes quittant cette année leur formation initiale. Parmi leurs propositions, ils préconisaient d’augmenter l’aide aux employeurs d’apprentis et de la rendre éligible à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, et pour tous les niveaux de qualification (en rouvrant notamment la possibilité de l’aide unique à l’embauche pour un contrat d’apprentissage dans le supérieur). La ministre a suivi partiellement ces recommandations, en excluant les formations longues.

 

La CDEFI tire le signal d’alarme

Dans une conférence de presse aujourd’hui, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI) a souligné les limites des annonces formulées par le gouvernement. En effet, en focalisant les primes à l’embauche sur les formations courtes (CAP – Bac+3), ces mesures pourraient détourner les entreprises des étudiants en master, notamment dans les écoles d’ingénieurs. « C’est une forme de discrimination qui pourrait sévèrement impacter le choix des entreprises dans leur recrutement des apprentis. En clair, des entreprises pourraient privilégier des formations courtes et renoncer aux étudiants en écoles d’ingénieurs » a précisé Jacques Fayolle, directeur de Télécom Saint-Étienne.

 

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