Valentin Tonti-Bernard revient sur le team building de rentrée proposé à la majeur Entrepreneur du MSc X HEC.
Ent’RAID à HEC Paris
Voilà quelque temps déjà, je voulais vous faire part d’une expérience qui m’a fait grande impression. Tout à mon enthousiasme, je n’avais qu’une seule envie : vous en parler, la partager à chaud. Malheureusement – ou pas !-, les événements ne se sont pas vraiment enchaînés comme je m’y attendais. Je vais de surprise en surprise, et c’est moi, que d’habitude les gens ont du mal à suivre, qui pédale pour ne pas me laisser distancer. C’est qu’en ce moment, j’ai l’impression de voyager dans des contrées éloignées sans réussir à poser pied à quai. J’ai visité l“Euphorie”, l’“Euphémisme” aussi un peu. Disons pour faire simple que j’ai un peu de travail… Mais aujourd’hui, c’est décidé ! je vais stopper pour quelques instants ma course effrénée et m’attarder sur ce sujet, sinon mes pieds auront tôt fait de me mener jusqu’à l’”Euphrate” sans que je puisse jamais m’y arrêter ou même y retourner.
Cette fameuse expérience dont je tiens à vous faire part, c’est Ent’RAID, le team building de rentrée proposé à la majeur Entrepreneur du MSc X HEC.
Le team building, c’est quoi ?
Que nous employons les mots “team building” où “renforcement d’équipe”, nous parlons le même langage, celui qui consiste à utiliser des méthodes et à mettre en place des outils qui doivent permettre une meilleure intégration des individus au groupe. Quand un projet a besoin d’un groupe d’individus pour se construire, la première chose qu’il faut assurer c’est la solidité des liens entre les individus constituant ce groupe, car de cette solidité dépendra la suite et la réussite. Vous n’auriez pas idée de monter les murs d’une maison avant d’en avoir installer durablement les fondations…
On parle beaucoup de “team building” au sein des entreprises, car ce sont des lieux où la cohésion et l’esprit d’équipe sont des pré-requis basiques à la bonne santé de ces mêmes entreprises. L’entreprise ne saurait fonctionner seule, elle a besoin d’être soutenue par un collectif solide de salariés qui oeuvrent ensemble à son bien-être. Autrement dit, le bien-être et la productivité de l’entreprise dépendent en grande partie du bien-être et de la productivité des individus qui y travaillent. Il ne s’agira toutefois pas d’agir au cas par cas, mais bien d’avoir une action globale et d’optimiser l’intelligence collective.
Le team building pourra alors revêtir de multiples formes. Tantôt instrument de récompense et de motivation des salariés, tantôt outil de gestion de crise. Ici, il sera utilisé pour créer de l’émulsion et stimuler la créativité. Là, il visera plutôt à améliorer la communication interne. Il peut avoir des apparences de vaste fourre-tout, parfois même, aux yeux de témoins extérieurs, de mascarade. En filigrane de ces objectifs variés pourtant, un but précis d’une incommensurable utilité : fédérer autour d’un socle commun, la culture d’entreprise.
Reste à savoir si les principes et techniques applicables à une entreprise peuvent être transposés à une école sans être dénaturés.
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Ent’RAID, au-delà de l’intégration, un véritable promo building
A mon sens, il y a dans le terme “intégration” adossé au mot “école” une forte connotation qui ne traduit en rien ce que j’ai vécu. Je m’explique. Quand on m’a parlé d’aller marcher 100km, 4 jours dans le Jura, je n’étais absolument pas emballé. Ce n’était pas tant le défi sportif qui me rebutait, mais j’avais à l’esprit la fameuse semaine – ou, selon les cas, seulement un week-end ou une journée – d’intégration qu’on retrouve un peu partout dans les écoles d’ingénieurs, de commerce ou même, aujourd’hui, dans certains diplômes de fac. Autant vous dire que l’image que je m’en faisais n’était pas glorieuse et que je partais pour cet Ent’RAID avec un a priori extrêmement négatif. Je n’avais aucune envie de participer à une manifestation vide de sens dont l’existence ne se justifiait que par l’ajout de quelques lignes, plus ou moins attractives, sur une plaquette de formation. Dans mon imaginaire, des mots comme « factice », « commercial », « Bullshit » se bousculaient. Autant vous dire que j’étais plein de préjugés pour la simple et seule raison que l’intégration, j’avais déjà vu, et que, comme un con qui ne change pas d’avis, j’étais persuadé de tout savoir.
Il aura fallu une démonstration par l’exemple pour comprendre que j’avais une vision stéréotypée et étriquée. J’émettais un jugement arbitraire sur la base d’un référent qui m’était propre sans tenir compte du fait qu’il pouvait y avoir d’autres choses susceptibles de dépasser mon imagination et mes propres connaissances. Et ça n’a pas loupé, en comparaison à la représentation que je m’en faisais, l’ent’RAID de HEC m’a paru fondamentalement différent. Jamais je n’avais connu une organisation à ce point millimétrée. Je dirais même plus : jamais je n’avais rencontré un tel bijou logistique. Rien n’était laissé au hasard. Tout était mis en oeuvre pour nous obliger à communiquer et provoquer la rencontre, en toute simplicité, dans un souci d’authenticité.
« Paumés mais groupés »
Ce souci d’authenticité transparaît dans le choix du lieu, déjà. Je défie quiconque de trouver de l’artificiel dans les forêts jurassiennes. On est dans le naturel. Dans le simple. Dans le brut. Et si, à tout hasard, vous y captez correctement du réseau, je veux connaître le nom de votre fournisseur internet. Coupés du virtuel, vous êtes obligés de vivre dans le réel et, -ô miracle !- de vous intéresser à ceux qui vous entourent. D’ailleurs, si vous êtes du genre à avoir besoin d’une petite pinte pour vous désinhiber juste ce qu’il faut et aller vers les gens, faites demi-tour, cet endroit n’est pas pour vous. Aucun alcool, sous couvert de convivialité, ne viendra tronquer vos rapports. Du soft, encore du soft, rien que du soft. Cette absence d’alcool, voire d’injonction à l’alcool, est une aubaine qui, à sa manière, nous délivre du paraître et du superficiel.
Les activités proposées participaient bien évidemment aussi du dispositif de connaissance de l’autre et de « promo building ». Levés à 6h30-7h00, nous partions marcher par équipes de 3, elles-mêmes intégrées à des groupes de 12. Si les équipes demeuraient fixes, les groupes eux changeaient tous les jours. Ainsi, chaque nouvelle journée équivalait à de nouvelles rencontres. Et quand vous passez des heures à marcher comme ça, au milieu de nulle part, en compagnie de vos pairs, les discussions naissent sans effort. Vous vous retrouvez assez rapidement, l’air de rien, à partager et échanger sur votre vécu, vos passions, vos ambitions.
Entre les marches et le coucher, des missions nous étaient confiées. Ces missions étaient également de nature à nous souder. Quand il était question, par exemple, de composer un chant de gloire pour l’interpréter le soir devant le reste de la promo, il nous fallait non seulement nous unir pour créer, mais aussi nous soutenir dans le ridicule quand venait le moment de se produire en public. L’effet de groupe, avec ce formidable phénomène de motivation mutuelle qu’il produit, est un stimulant d’une force incontestable. En plus de cela, il permet de faire émerger différentes personnalités avec tout ce qu’elles comportent de complémentarité : les leader, les suiveurs, les diplomates, les arbitres…
Le soir, l’attribution des chambres, faussement aléatoire, était plutôt le fruit d’un calcul savant qui conduisait à ce que vous découvriez encore de nouveaux visages, de nouvelles personnalités parmi vos partenaires de chambrée. Encore une fois, vous vous retrouviez dans une situation dans laquelle vous étiez amené à faire connaissance, à nouer des liens. Le choix du lit permet de briser la glace, la promiscuité fait le reste.
Pour couronner le tout, il y a eu “franchissement”, un parcours du combattant par équipes de 7. Ce parcours, avec ses murs en filet et ses tuyaux, était conçu de telle manière qu’il était impossible de le faire seul, sans aide. Cette épreuve était une leçon de caractère et de force, mais surtout une leçon de vie. Il s’agissait de nous démontrer que nous ne pouvions rien sans les autres, mais qu’ensemble et unis nous étions meilleurs et plus forts, capables de réussir à plusieurs ce que nous échouerions à coup sûr seuls. Une belle démonstration de l’importance du réseau et de l’entraide.
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Ce que Ent’RAID m’a apporté
Le plus grand des apprentissages de cette expérience sera, pour ce qui me concerne, l’humilité. Plus d’une fois, je me suis senti tout petit. Plus d’une fois, je me suis demandé ce que je foutais là. Il me faudrait un livre, et non un article, pour vous parler de tous ces parcours exceptionnels qui constituent cette promotion. Entre celle qui s’intéresse à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine médical en Indonésie, celui qui a réalisé u ntour du monde à la quète de sens en filmant chaque moment de son voyage, celle qui a fait le tour du monde pour accroître ses connaissances et ses compétences d’oenologue, ou encore celui qui a aidé au développement d’une franchise africaine de restauration à Abidjan, j’avais cette désagréable impression d’être une erreur de casting. Pensées fugaces et fugitives… Comme à mon habitude, je ne me suis pas laissé abattre par ces éclairs de négativité. J’étais entouré de personnes qui avaient eu des parcours plus riches que le mien, qu’à cela ne tienne, je devais et je dois apprendre d’eux plutôt que de perdre mon temps à me lamenter. D’autant plus que ce qu’il y a de dingue dans cette histoire, c’est que tous ces gens qui forçaient mon admiration étaient d’une modestie et d’une bienveillance inouïes ! Bien loin de l’image que l’on peut se faire, d’un point de vue extérieur, des étudiants de grandes écoles.
L’humilité aussi, dans le sens où le con a finalement changé d’avis. Au départ, je n’ai pas cru à Ent’RAID. Admettre que je m’étais trompé à été ma première leçon. Et je n’ai aucune difficulté à le reconnaître et à le dire aujourd’hui : Ent’RAID, ce n’est pas un temps d’échange et de rencontre festif pour apprendre à se connaître, comme une manière de commencer doucement l’année avant de rentrer dans le vif du sujet. Entr’RAID, ce n’est absolument pas une semaine de vacances supplémentaire qui cache son nom. Ent’RAID nous plonge d’emblée dans le dur. On commence à apprendre dès ce moment-là. Ent’RAID nous enseigne la base : être soudé et uni dans le labeur.
Cela est tellement vrai que même les anciens viennent y faire un crochet pour y participer à leur façon. Bref, Entr’RAID fait sens et rien que pour cela, je veux dire merci.
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