Comme l’a annoncé le Président de la République hier soir, les universités et grandes écoles fermeront leurs portes dès lundi. Même si la durée n’est pas encore connue, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, évoque une fermeture totale jusqu’aux vacances d’avril. Mais concrètement, comment cela va-t-il s’appliquer dans les écoles et les universités ? Est-ce que les cours seront maintenus en distanciels ? Comment les étudiants en stage ou en alternance vont-ils s’organiser ? Nous avons fait un tour d’horizons sur la situation.
À l’université, on ne veut pas revivre le chaos de la grève de décembre
Si les étudiants sont plutôt satisfaits de la décision de fermer les université dès lundi, ils ne veulent pas revivre le calvaire de la grève de décembre. Comme l’indique Morgan Bougeard, vice-président étudiant de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (issu de l’UNEF), il ne faut pas commettre les mêmes erreurs que pendant la grève de décembre : « Il faut impérativement une égalité totale entre les étudiants. Au moment de la grève, certains professeurs faisaient cours, d’autres non, les systèmes d’évaluation étaient différents et la non-uniformisation ont pénalisé des centaines d’étudiants. »
Morgan insiste ensuite : « On entend déjà ici ou là que le collège de droit de Paris 1 va organiser des galops d’essai en ligne, qu’au sein de l’UFR 27, les cours de mathématiques seront en ligne. En tant que représentants étudiants, on demande que l’université uniformise les procédés et prenne en considération une chose : chez les étudiants, les équipements ne sont pas les mêmes. Tout le monde n’a pas un MacBook Pro et la fibre ! Il faut assumer la difficulté de la période et faire des concessions sur la rigueur du suivi des enseignements, en choisissant par exemple de ne pas prendre en compte cette séquence de potentiels enseignements à distance dans l’évaluation finale« .
Avec la fermeture des universités et des écoles, tu ne sais plus quoi faire ? Regarde nos vidéos !
Une situation complexe pour les étudiants en médecine, en soins infirmiers et en maïeutique
En médecine, jusqu’à présent, les étudiants en 6ème année peuvent être mobilisés pour assister les médecins régulateur du SAMU. Selon l’évolution, il est possible que tous les externes soient concernés (4e, 5e et 6e année) par la mobilisation face à la crise du Coronavirus. Pour les étudiants sages-femmes, la situation est claire : certains cours et stages sont annulés. Fanny, vice-présidente de l’ANESF (Association Nationale des Etudiants Sages-Femmes) ajoute : »Le service sanitaire est validé d’office. Nous sommes réquisitionnés pour la réserve sanitaire et surtout pour de la garde d’enfants. »
Sur le terrain, la réalité est complexe. Comme nous le confie Marie, une jeune diplômée en soins infirmiers, en période d’intégration dans un service de réanimation parisien, c’est du jamais vu : « C’est l’une des pires crises, on doit faire face à une situation extrêmement compliquée. D’une part, on déprogramme les chirurgies les moins importantes, et d’autre part, on étend le nombre de lits pour les cas avérés du Coronavirus. »
Marie ajoute ensuite « C’est stressant pour nous, jeunes diplômés, de devoir faire face à la pire crise des dernières décennies en guise de période d’essai. Mais les équipes sont soudées et les professionnels de santé travaillent en bonne collaboration. »
Un chargé de TD d’une université Parisienne témoigne
Antoine Achard, chargé de TD de Paris 1, revient sur les derniers événements : « La crise relative au COVID-19 est préoccupante et le fait de prendre les mesures pour préserver la santé de chacun ainsi que de contenir l’épidémie me semble essentiel. Cependant, la transmission et la formation des étudiants constituent notre avenir. Les jeunes générations représentent la relève ! Il est donc fondamental, tant sur le plan pédagogique que sur le plan des sélections pour les masters, d’assurer une continuité de notre mission d’enseignement. Ainsi, nous nous devons de concilier au mieux cet impératif de transmission et les protocoles de santé que nous devons suivre. Des rencontres sont prévues entre le personnel enseignant afin de mettre en place des solutions pertinentes dans l’intérêt de tous (étudiants, personnel administratif et enseignants). »
Il ajoute ensuite : « Le fait de suspendre les réunions, conférences et cours en présentiels me paraît tout à fait justifié et prudent. Le virus se propageant par promiscuité, les rencontres et activités universitaires par vidéoconférences me semblent, pour l’instant, la moins mauvaise des options. Par la suite et selon l’évolution de la situation, d’autres solutions pourront peut-être être mises en place. »
Les grandes écoles passent 100% Online
Suite aux annonces du Président de la République, Emmanuel Macron, les grandes écoles ont pris la décision de fermer leurs campus. C’est le cas par exemple de l’EM Normandie, qui ferme l’ensemble de ses campus en France, mais aussi en Irlande et en Angleterre. Concernant la digitalisation des cours, elle était inscrite et déjà effective, puisqu’une majorité des écoles de commerce l’avaient annoncé dans leur plan stratégique. Comme le précise notre confère Business Cool dans son article (Coronavirus, l’impact sur les écoles de commerce), dans la majorité des écoles, « les cours seront dispensés à distance pour assurer une continuité pédagogique ». À HEC, dès ce lundi, les cours seront annulés et reprendront, à distance les 20 et 23 mars.
Les organisateurs des concours se veulent rassurants
Les banques d’épreuves historiques des concours aux grandes écoles de commerce, Access et Ecricome, rassurent d’ores et déjà les étudiants. En effet, les concours restent maintenus mais il y a une concertation pour réévaluer les modalités d’examens. L’objectif est de travailler en bonne et due forme pour assurer la pérennité des concours.
Découvre aussi notre page Conseils et Vie Étudiante
Une organisation particulière pour les étudiants en alternance ou en stage à l’étranger
Beaucoup de questions se posent pour les étudiants en alternance. Si les rythmes d’alternance différent en fonction des contrats, nous avons pu contacter Emma, étudiante en école de commerce et en alternance dans une entreprise du CAC 40 : « Comme pour les grèves, on s’organisera avec Microsoft Teams. Le professeur nous fera cours à distance, c’est-à-dire qu’il se connectera et on pourra interagir à l’aide d’un chat. C’est très pratique pour nous. »
Ces différents témoignages d’étudiants nous montrent l’obligation d’adaptation face à une crise inédite. Cela demande également aux écoles et aux universités d’accélérer leur transition digitale pour assurer la continuité des formations.